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Clémentine Martin
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17 juin 2019
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Inditex se différenciera grâce à son "modèle intégré", affirme Pablo Isla

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Clémentine Martin
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17 juin 2019

Confronté à la défiance des marchés doutant de la viabilité du business model d’Inditex sur le long terme, Pablo Isla ne se laisse pas désarçonner. Mercredi 12 juin, le président du groupe a présenté des résultats positifs pour le premier trimestre lors d’une conférence avec les analystes. Il n’a pas hésité à insister à différentes reprises sur la « différenciation du modèle intégré ». Le dirigeant n’est pas connu pour être loquace lors des présentations trimestrielles, mais pas besoin d’un long discours pour comprendre où il veut en venir.


Pablo Isla, le président du groupe Inditex - Inditex


« Notre stratégie d’intégration entre les boutiques et la vente en ligne et la façon dont nous la mettons en œuvre sont uniques au monde », soutient-il. Le modèle qu’il défend sera complètement opérationnel dès 2020 et mise sur la création de synergies entre le canal physique et le digital, effaçant progressivement les frontières entre boutiques et plateformes d'e-commerce de ses chaînes. « Nous parlons tout le temps de qualité : des produits, de l’inventaire, des boutiques, du modèle… Nous sommes vraiment centrés sur une approche complètement intégrée et qualitative », souligne-t-il. Les axes fondamentaux de cette stratégie d’intégration sont les suivants : « la capacité de réaction et la flexibilité nécessaire pour s’adapter au changement ». Pablo Isla a cité à titre d’exemple le feedback « incroyable » des clients utilisant le service de retrait de colis directement en point de vente, l’une des innovations logistiques du conglomérat espagnol.

Au premier trimestre 2019, le bénéfice d’Inditex a augmenté de 10 %, pour atteindre 734 millions d’euros. Le chiffre d’affaires, lui, a gagné 5 %, à 5,927 milliards d’euros. Des chiffres encourageants pour Pablo Isla, qui démontrent, selon lui, « la solidité du modèle de l’entreprise ». Une réponse ferme faite à des analystes pas toujours convaincus du potentiel d’évolution du groupe à la veille de la présentation des résultats. Crédit Suisse, parmi les plus critiques, va jusqu’à considérer qu’Inditex est surévalué depuis plusieurs années. Mais d’autres spécialistes ont retrouvé un peu d’optimisme : Bloomberg avait prévu cette croissance du bénéfice et JP Morgan et Banco Sabadell avaient anticipé les effets de change positifs pour la première fois depuis des années.

Le président a un autre as dans sa manche : le lancement récent de deux activités qui étaient en préparation depuis plusieurs saisons. Il s’agit d’Oysho_Sport, département intégré aux chaînes de lingerie et homewear du groupe, spécialisé comme son nom l’indique dans le sport, avec des collections de plus en plus techniques. La deuxième activité est Zara Home Business, une extension de l’enseigne de décoration et d’intérieur dédiée à la décoration professionnelle pour les hôtels ou les entreprises. Ce lancement suit l’intégration définitive de Zara Home à l’univers de sa grande sœur Zara, qui avait été annoncée à la clôture du dernier exercice. L’entreprise veut faire disparaître les frontières entre les chaînes et les lignes de produits pour que chaque petit élément fasse partie d’un grand tout : le géant intégré Inditex.

La réorganisation des boutiques est essentielle pour l’avenir d’Inditex

Pablo Isla a aussi tenu à souligner « l’appui permanent apporté à la transformation digitale de la plateforme intégrée de boutiques physiques et en ligne », aujourd’hui disponible sur neuf nouveaux marchés depuis le début de l’exercice. Mais une bonne partie des efforts actuels du groupe se concentrent sur l’application du plan de transformation du réseau d’espaces de vente, commencé en 2012 : les ouvertures, les rénovations et les fermetures (appelées « incorporations » par le groupe, puisqu’il s’agit en général de l’absorption d’une boutique plus ancienne par un espace plus grand, tandis que l’espace laissé vacant est cédé à l’une des plus petites chaînes du groupe). La stratégie est claire : moins de boutiques, plus d’espace de vente. Une nécessité pour le groupe, fondamentale pour son image et sa présence physique sur les plus grandes artères commerciales du monde, mais également indispensable pour une gestion intégrée des stocks.


Vue de la boutique Zara de Hudson Yards


À la clôture de l’exercice 2018, Inditex disposait d’un réseau de 7 490 boutiques dans le monde entier avec 15 ouvertures nettes par rapport à l’exercice précédent. Le président avait alors annoncé que la surface commerciale atteindrait 5 millions de mètres carrés lors de l’exercice actuel. « Nous avons énormément investi dans l’optimisation de la surface », assurait Pablo Isla en mars dernier.

Au cours des premiers mois de l’année, le groupe a fermé 43 boutiques. Au 30 avril 2019, il ne compte plus que 7 447 espaces. Une série de fermetures-absorptions menée par Stradivarius, qui s’est défait de 15 établissements par rapport à la fin de l’exercice 2018 et repasse sous la barrière des mille boutiques (996). Zara Home suit de près avec huit boutiques en moins et 595 au total. De leur côté, Oysho et Massimo Dutti ont fermé cinq boutiques chacun et comptent aujourd’hui respectivement 761 et 673 boutiques. Bershka clôture quatre points de vente pour atteindre 1 103 établissements. Trois boutiques Zara mettent la clé sous la porte, portant le nombre de boutiques de la chaîne à 2 128. Pull & Bear en perd deux et compte maintenant 972 boutiques, et Üterque n’en ferme qu’une pour atteindre 91 boutiques. La seule chaîne non affectée par les fermetures est Zara Kids, souvent intégrée à Zara comme département, qui maintient son réseau de 128 établissements.

Durant la même période, les ouvertures de boutiques ont concerné 23 marchés. Zara a fait son entrée à Hudson Yards, à New York, et a inauguré des boutiques à Cannes et au Time World Mall de Daejeon (Corée du Sud). De son côté, Massimo Dutti peut se targuer d’une ouverture technologique à Ibiza et d’une arrivée au Bahreïn. La marque ouvre aussi d’importants espaces à Séoul (Corée du Sud) et Vladivostok (Russie), où ont aussi débarqué Oysho, Stradivarius, Bershka, Pull & Bear et Zara Home. Oysho se lance pour sa part à la conquête de la Lettonie et de Singapour, tandis que Stradivarius part à l’assaut de la Côte d’Azur et Zara Home de la Bulgarie.

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