Auteur :
Matthieu Guinebault
Matthieu Guinebault
Publié le
16 févr. 2012
16 févr. 2012
Industrie textile: "La Chine se retire de l’entrée de gamme "
Auteur :
Matthieu Guinebault
Matthieu Guinebault
Publié le
16 févr. 2012
16 févr. 2012
Lin Yun Feng - Photo: FM |
FashionMag: L’année 2011 a mis en valeur la hausse de la demande domestique chinoise. Comment cette évolution est-elle perçue par les professionnels locaux ?
Lin Yun Feng: En effet, l’industrie textile chinoise a toujours donné l’impression d’être tournée vers l’exportation. Et pourtant, la demande intérieure croît plus vite que les exportations. C’est très facile à expliquer: l’économie chinoise se développe très rapidement, et avec elle le pouvoir d’achat. Et, de par l’importante population chinoise, on peut donc imaginer un effet d’échelle sur le développement de cette demande domestique.
FM: C'est donc une réorientation massive de l’industrie, qui bascule de l’international vers le domestique ?
LYF: C’est une des réalités actuelles. Beaucoup d’entreprises qui sont orientées vers l’exportation se tournent de plus en plus vers le marché intérieur. L’autre conséquence est que, la concurrence se faisant plus forte à l’international, les entreprises chinoises se retrouvent poussées à améliorer leur productivité, et leur compétitivité. C’est la loi du marché: un choix libre des entreprises.
FM: Dans quelle mesure le phénomène contribue-t-il à la hausse des coûts de production ?
LYF: Le prix a effectivement déjà augmenté. C’est la raison pour laquelle il y a toute une gamme de produits que la Chine ne produit plus. Des segments que la Chine laisse plutôt aux acteurs des pays du Sud-Est. Il faut garder à l’esprit que les autorités publiques ont décidé d’augmenter le niveau de revenu des salariés, pour mettre en évidence la responsabilité sociale des entreprises. Conséquence: la Chine est en train de se retirer des produits d’entrée de gamme et bon marché.
FM: Face au resserrement de l’offre, une concurrence accrue dans l’industrie chinoise est-elle d’actualité ?
LYF: Oui. Et c’est en effet un défi pour nous car, pour garder sa place sur le marché, il faut évoluer. Nous nous dirigeons donc aujourd’hui vers une montée en gamme. Car ces entreprises qui restent compétitives, pour maintenir leurs positions, prennent le pari de la qualité. Pour cela, ils font notamment appel à des designers européens. Mais, bien sûr, je n’exclus pas que les entreprises qui ont échoué dans cette évolution aillent vers la faillite. Tout simplement parce que c’est la loi du marché.
FM: Les professionnels étrangers ont ainsi un rôle à jouer dans ce renversement économique ?
LYF: L’an passé, un président de l’association de l’industrie italienne du textile est venu me voir en Chine. Il m’a dit "si une femme chinoise sur mille pouvait acheter un seul de mes produits, l’activité serait gigantesque". Ce développement du marché intérieur représente non seulement une opportunité pour l’industrie chinoise, mais également pour l’industrie mondiale, et surtout européenne. Si j’ai un message à faire passer aux industriels européens, c’est "n’attendez plus !". C’est le moment d’aller sur le marché chinois. Il est ouvert. Et, dans notre industrie, 97% des acteurs sont des entreprises privées qui obéissent totalement aux lois du marché.
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