Italie: la politique s’intéresse à la mode

Les politiciens italiens auraient-ils pris soudain conscience de l’importance de la mode et de son poids économique pour leur pays ? Pour la première fois, élus locaux et gouvernement semblent avoir changé d’attitude par rapport à un monde jusqu’ici ignoré.

En témoigne la présence inhabituelle des maires de Milan et de Florence à divers événements liés à la semaine de la mode, qui vient de se conclure dans la capitale lombarde.

Ainsi l’on a pu voir le premier édile milanais, Giuliano Pisapia, venir inaugurer samedi 21 septembre le salon de recherche White, tout comme, quelques jours avant l’ouverture de la Fashion Week, son homologue de Florence, Matteo Renzi, l’un des principaux leaders de la gauche transalpine, était venu à Milan participer à la présentation de l’autobiographie du styliste toscan Roberto Cavalli et à la conférence de presse du salon "Super" organisé par Pitti Immagine.

A cette occasion, le maire florentin avait rappelé l’importance du rôle de la mode pour l’Italie, "une industrie qui emploie 1 million de personnes et réalise 60 milliards d'euros de chiffre d’affaires, dont 40 % à l’export". "La politique doit y croire, elle doit s’occuper de mode et elle a le devoir d’apporter un soutien important à ce secteur", avait-il exhorté.

De son côté, le gouvernement italien s’est investi pour la première fois concrètement en faveur du Made in Italy en allouant 1,5 million d’euros au salon de la mode masculine Pitti de Florence pour son édition de juin. "Nous voulons défendre les grandes manifestations de la mode italienne contre les attaques des capitales étrangères. C’est pourquoi nous avons décidé ce financement en faveur de Pitti Uomo, afin de donner les moyens à ce salon de se défendre face aux attaques de Londres", a annoncé le vice-ministre italien du Développement économique Carlo Calenda à l’occasion du salon textile Milano Unica.

"Le gouvernement a déjà promulgué le décret pour ce financement", confirme le directeur de Pitti Immagine, Raffaello Napoleone. "Je pense qu’ils ont vu en Pitti la manifestation la plus significative en ce moment et ils ont choisi ce salon pour faire une grande promotion de la mode italienne", poursuit-il. Rien n’a été dévoilé jusqu’ici sur le programme du prochain Pitti Uomo. Mais il semblerait que le projet vise à transformer Florence en capitale de la mode avec la participation de grands noms du Made in Italy.

Le gouvernement italien veut aussi s’engager concrètement en faveur des petites entreprises en les encourageant à exporter davantage. "Les exportations italiennes ont le vent en poupe, mais les entreprises qui exportent sont beaucoup moins nombreuses qu’en Allemagne. Beaucoup exportent, mais pas de manière stable. Notre objectif est de réussir à transformer 22 000 entreprises italiennes en exportatrices stables. Par ailleurs ces PME exportent en moyenne seulement 10 % de leur chiffre d’affaires. Nous voudrions que ce pourcentage monte à 30 %", indique le vice-ministre Carlo Calenda.

Dans ce but, le gouvernement italien va organiser un road-show s’adressant à tous les secteurs et districts industriels italiens, en se rendant sur le terrain avec les principaux organismes transalpins spécialisés dans l’export, telle l'agence pour la promotion des entreprises italiennes à l'étranger ICE, l'Organisme de crédit à l'exportation italien SACE, ou encore la société de promotion des entreprises italiennes à l'international Simest.

"Nous nous rendrons dans chaque district industriel pendant deux jours. La première journée sera consacrée à une séance plénière et la deuxième à des rencontres individuelles entre les entrepreneurs et nos consultants", explique Carlo Calenda.

La première étape de ce tour d’Italie est programmée en novembre dans le district de l’industrie textile et lainière de Biella, dans le Piémont.

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