Jean-Paul Leroy
26 avr. 2013
Kering : jusqu'à quand le luxe comblera-t-il la baisse du sport & lifestyle ?
Jean-Paul Leroy
26 avr. 2013
Derrière les chiffres du premier trimestre 2013 que vient de publier Kering (ex-PPR), c’est une nette dégradation de l’activité qui surgit. Et surtout qui pose une grande interrogation: jusqu’à quand la progression des ventes du pôle Luxe du groupe va compenser la chute des ventes du pôle Sport et lifestyle ?
Il suffit de comparer les données publiées hier avec celles du premier trimestre 2012 et même de l’ensemble de l’année dernière pour légitimer l’interrogation.
Sur le premier trimestre 2013, Kering a enregistré une progression de ses ventes en réel de 1%, et de 3,1% en comparable. Dans ce cadre général, le pôle Luxe a terminé le trimestre avec une progression de 4,5% de son activité en réel et de 6,4% en comparable. L’autre pôle, Sport et lifestyle, a enregistré une baisse de ses ventes de 4,9% en réel et de 2,5% en comparable.
Sur le premier trimestre 2012, PPR au global a connu une progression de ses ventes en réel de 15,4% et de 7,9% en comparable. A l’intérieur de cet ensemble, le pôle Luxe avait enregistré une croissance de 29,1% en réel et de 17,8% en comparable. Le pôle Sport et lifestyle était encore en croissance avec +14,6% en réel et +2,8% en comparable.
Sur l’année 2012 entière, le pôle Luxe avait connu une croissance de 26,3% en réel et de 15,1% en comparable. Le pôle Sport et lifestyle avait terminé l’année avec +11,9% en réel et +3,9% en comparable. Au global, ces évolutions avaient permis à PPR, son nom d’alors, d’afficher +20,8% en réel et +10,6% en comparable.
Comme a l’habitude de souligner le groupe, le pôle Luxe tire l’activité vers le haut. Les dirigeants de Kering se sont attaqués au redressement de Puma et des marques satellites. Un nouveau dirigeant, Björn Gulden, passé par Adidas, Deichmann et Pandora, s’apprête à arriver et travaillera surement en liaison étroite avec Jean-François Palus, le directeur général délégué du groupe, à la tête du pôle depuis l’an dernier. Mais nul doute que la situation économique ne facilitera pas la tâche des dirigeants. En clair, pendant ce temps, indéterminé, si Kering veut garder belle allure, le pôle luxe ne doit pas flancher.
Sur les chiffres de ce pôle au premier trimestre, Kering commente: "le pôle luxe affiche un chiffre d’affaires en hausse de plus de 6% en comparable dans un environnement économique contrasté et sur des bases de comparaison élevées. L’activité progresse dans les principales marques du pôle et dans toutes les zones géographiques avec de très bonnes performances en Amérique du Nord et au Japon. La Chine Continentale continue d’afficher une croissance solide à deux chiffres (+10% sur le trimestre)". Mais le groupe relève: "Les tendances sont moins dynamiques en Europe".
Kering souligne aussi que la progression concerne toutes les catégories de produits du pôle avec une progression de 7% pour l’activité Mode et maroquinerie. Elle avait toutefois progressé de 18% sur le premier trimestre 2012.
Et, sur chacune des griffes, les progressions ont fortement ralenti. Exemples: Gucci avait enregistré une croissance des ventes de 12% en comparable sur le premier trimestre 2012. Cette fois, cette croissance est de 4%. Bottega Veneta, une des marques phares, est passée d’une augmentation des ventes de 33% en comparable sur le premier trimestre 2012 à 9% cette fois. Enfin, Saint-Laurent, qui a affiché une belle progression en comparable de son activité de 19% sur le premier trimestre 2013 avait réalisé +40% sur le premier trimestre 2012.
Faux procès ? Sans nul doute, les progressions enregistrées l’an dernier étaient exceptionnelles. Et les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel, pourrait ajouter le groupe de luxe.
Reste que le frein apporté à la croissance du pôle Luxe chez Kering interroge d’autant plus sur la manière de traiter le redressement du pôle Sport & lifestyle. Avec deux grandes questions: combien de temps se donne le groupe pour inverser la tendance sur celui-ci ? Et comment évoluera l’activité du pôle Luxe pour ne pas entrainer une "vraie" chute de l’activité du groupe ?
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