Khaite ou la dernière expression du rêve américain

À l'image du magasin, avec ses présentoirs métalliques aux formes arrondies et ses murs gris métallisé, la collection est un bel exemple de subtile élégance.

Ce qui caractérise Catherine Holstein, la fondatrice et directrice artistique de Khaite, ce sont ses vêtements empreints d'une créativité parfaitement réfléchie.

Surgie de nulle part, Catherine Holstein a fait de Khaite une marque dont le chiffre d'affaires frôle les 100 millions de dollars, soit 93,3 millions d'euros, en quelques années seulement.

On comprend pourquoi en découvrant cette collection très aboutie, avec sa belle mise en valeur des volumes, ses matières à la fois nobles et originales, et ses accessoires excentriques.

Dans aucune autre culture, les femmes n'occupent de place aussi importante que dans le New York contemporain. Le gouverneur de l'État de New York est une femme, tandis que ses institutions financières, ses fondations, ses grands groupes de presse, ses émissions de télévision ou encore ses galeries d'art comptent des femmes aux plus hauts postes à responsabilité. Aujourd'hui, c'est au tour de Khaite de devenir une nouvelle créatrice de choix.

En plus d'avoir un sens inné du style, Catherine Holstein est également une brillante créatrice. Probablement la meilleure en matière de défilés de mode aujourd'hui et ce, littéralement, dans le monde entier.

Pour l'automne prochain, la créatrice habille les femmes de manteaux à forte personnalité, notamment en cuir chic et résistant, la plupart d'entre eux dans une coupe portefeuille, avec les boutons décalés vers la gauche. Catherine Holstein aime les épaules puissantes, mais jamais de manière exagérée. Certains manteaux en peau de mouton présentent des finitions parfaites, avec des passepoils en cuir, des détails ou des zips contrastés.

Les matériaux préférés de Catherine sont la peau de mouton ou encore le sergé caoutchouté, qui font d'ailleurs écho au quartier environnant. Si aujourd'hui, Soho est rempli de boutiques de luxe, il regorgeait autrefois de lofts et d'ateliers d'artistes. Ce quartier est devenu le véritable centre névralgique de toute une génération d'artistes américains, qui ont fait de New York le centre du monde artistique moderne, ravissant à Paris une position qu'elle occupait depuis plus d'un siècle.

Les pantalons larges en flanelle et en peau de mouton de Catherine Holstein étaient les plus beaux de New York, soutenus à la taille par une version minimaliste de la ceinture western classique. Quant aux bombers en nylon à épaulettes, leur coupe est si parfaite qu'ils en feraient pâlir d'envie Miuccia Prada.

Une image de super héroïne, réhaussée par la subtile excentricité des mules en peau de mouton, des sacs à main hippies cloutés et d'une série de clips d'oreilles absolument éblouissants.

Les modèles ont défilé langoureusement sur une bande-son astucieuse mêlant la dramaturgie de Max Richter, la poésie de Lou Reed et le morceau "Girl from the North Country", de Bob Dylan, en duo avec Johnny Cash.

Le concept du nouveau magasin sombre de Catherine Holstein reste, quant à lui, plus difficile à interpréter. L'architecte Griffin Frazen a utilisé des murs intérieurs sculptés par Richard Serra, bien que patinés, pour les agrémenter d'une palette de couleurs sombres un peu trop sévère.

Ceux d'entre nous qui se souviennent des premiers magasins de marques à succès et de grands créateurs à Manhattan, comme Stella McCartney ou Lee McQueen, savent que la première boutique d'une star des défilés dans ce quartier particulier est souvent bien loin de la conception finale de son magasin.

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