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L'Oréal : un fructueux investissement pour Nestlé

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10 sept. 2013

Le 9 sept 2013 (Reuters) - Les paris sont ouverts sur l'avenir de la participation de Nestlé dans L'Oréal , mais nombreux sont ceux qui estiment que le géant suisse de l'agroalimentaire pourrait prendre son temps avant de se priver de confortables rendements.

L'investissement du géant suisse de l'agroalimentaire, entré en 1974 au capital du fleuron français des cosmétiques devenu numéro un mondial du secteur, s'est en effet révélé fructueux.

Photo: L'Oréal


Depuis cette date, le rendement moyen des titres L'Oréal, entendu par la performance boursière de l'action et son dividende, a atteint 15% par an, selon les données de Thomson Reuters, faisant mieux que celui des titres du groupe suisse, compris entre 11,5% et 12%.

"C'est très impressionnant. Si un quelconque gérant pouvait se targuer d'une telle performance, ce serait une super star", commente un analyste qui a souhaité garder l'anonymat.

Cette performance pourrait même encore s'améliorer, si l'on en croit les récentes déclarations du président de Nestlé.

Peter Brabeck, qui a fait savoir le 28 août dans une interview de presse que le droit de préemption liant le groupe suisse à la famille Bettencourt ne serait pas prolongé, a aussi expliqué, dans le même entretien, que ce droit avait été synonyme de "perte de valeur dans le passé" et qu'en tant qu'investisseur "Nestlé n'y avait aucun intérêt".

"Nous voulons simplement avoir toutes les options sur la table, y compris le statu quo. Il n'y aura pas beaucoup de changement en 2014, à part le fait que la valeur intrinsèque de notre participation augmentera grâce à la fin du droit de préemption", a-t-il précisé.

Après quarante ans de cohabitation, Nestlé sera libre, à compter du 29 avril 2014, de vendre sa participation de 29,5% à qui bon lui semble, le droit de préemption le liant à la famille Bettencourt (30,5% du capital) arrivant à échéance. Il sera libre aussi de la conserver.

Ambitions de Nestlé

Si le marché se perd en conjectures sur l'option stratégique que prendra Nestlé, les investisseurs s'attendent en revanche à ce qu'il clarifie sa position d'ici la fin avril 2014 et lève les incertitudes entourant, à moyen terme du moins, l'évolution du capital de L'Oréal.

"Nestlé dira quelque chose d'ici avril 2014 et il serait surprenant de sa part qu'il garde le flou", note une gérante qui rappelle que le suisse se dit "à l'écoute des investisseurs qui détestent l'incertitude".

Le propriétaire de Nescafé pourrait saisir l'occasion de la publication de ses résultats annuels, le 13 février, ou celle de son assemblée générale le 10 avril.

Nombre d'analystes et gérants d'actifs penchent pour un statu quo, tant que Nestlé n'aura pas besoin de cash pour financer une acquisition d'importance dans l'agroalimentaire, où les cibles sont aujourd'hui rares.

Par ailleurs, L'Oréal, pèse aujourd'hui pour 10% du résultat net du groupe helvétique.

Mais Nestlé peut aussi avoir intérêt à prendre le contrôle de L'Oréal pour créer un nouveau géant des biens de consommation face à Procter & Gamble ou Unilever .

Il s'exposerait ainsi aux solides perspectives de croissance du marché des cosmétiques dans les pays émergents et ferait jouer les synergies entre la distribution de barres de chocolat et de shampoings ou autres produits de soins.

Peter Brabeck, président de Nestlé, a d'ailleurs déjà dit, dans le passé, que l'investissement dans L'Oréal pourrait un jour devenir stratégique.

Pour cela, il faudra qu'il attende que "tombe" le pacte d'actionnaires - toujours valable, lui - qui empêche toute prise de contrôle du géant des cosmétiques du vivant de Liliane Bettencourt et dans un délai de six mois après son décès.

Thésaurisation


Du côté de L'Oréal, la volonté de rester indépendant ne fait guère de doute, comme celle des Bettencourt de conserver leur participation dans le groupe fondé en 1909 par Eugène Schueller, père de Liliane Bettencourt.

La tendance à la thésaurisation et la sous-utilisation d'une trésorerie pléthorique, témoigne de ce que le propriétaire de Garnier, L'Oréal Paris ou Lancôme, préfère garder ses munitions dans le cas où Nestlé serait vendeur.

L'Oréal dégage un free cash flow supérieur à 3,0 milliards d'euros par an, n'est pas endetté, et a toujours affirmé que sa participation de 9% de Sanofi, d'une valeur de près de 9 milliards, était purement financière.

Le titre L'Oréal, dopé par la spéculation sur l'avenir de la part de Nestlé, a signé une hausse de plus de 18% depuis janvier et s'échange à 124,25 euros, faisant ressortir la capitalisation boursière du groupe de 75,1 milliards d'euros.

Celui de Nestlé, qui se traite à 60,75 francs suisses, a pris moins de 2% cette année, pour une capitalisation de 196 milliards de francs suisses (159 milliards d'euros).

Le groupe suisse, pour la première fois depuis longtemps, a déçu les investisseurs et a abaissé ses prévisions de ventes annuelles, pendant que L'Oréal a plutôt agréablement surpris, faisant nettement mieux que le marché mondial des cosmétiques.

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