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L'éclipse menace d'être totale pour les tissus provençaux Souleiado

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9 janv. 2009

TARASCON (Bouches-du-Rhône), 9 jan 2009 (AFP) - L'éclipse menace d'être totale pour les célèbres tissus provençaux Souleiado ("percée de soleil" en provençal) qui projettent de réduire de moitié leurs maigres effectifs en licenciant 17 salariés sur les 36 restant.


Chemise homme Souleiado

Fondé en 1939 par Charles Demery qui avait racheté une ancienne manufacture d'indiennes, Souleiado a rayonné dans le monde entier. Les gens de mode en raffolaient dans les années 1980, des stylistes comme Chantal Thomass ont participé aux collections.

Aujourd'hui, "il est question de 17 licenciements sur 36 personnes", selon le représentant du personnel Gérard Chautard, "je ne vois pas comment cette maison peut renaître de ses cendres encore chaudes". Les modalités des licenciements ont été discutées cette semaine, la liste devrait être connue le 20 janvier.

"Rien n'est finalisé, c'est une mise en place pour l'avenir", se borne à assurer la PDG Colette Nicollin.

Souleiado qui produit en Tunisie depuis plusieurs années, devrait fermer au moins partiellement ses ateliers dans la zone industrielle de Tarascon. Au siège, sur le site pittoresque de l'ancienne fabrique dans la vieille ville, l'avenir du musée du tissu provençal ouvert en 1988 est incertain.

La famille Demery avait su exploiter une collection unique de 40.000 planches de dessins gravés ou sculptés dont les plus anciennes remontent à 1806. Mais elle a perdu le contrôle de Souleiado depuis plus de dix ans.

La vogue des indiennes, ces toiles peintes imitant les cotonnades importées d'Inde, remonte au XVIIe siècle. Elles sont fabriquées surtout en Provence et dans le Comtat Venaissin où pousse une garance (base de rouge) recherchée.

L'impression à la main cesse en 1977 chez Souleiado mais la maison continue de produire des kilomètres de tissus colorés et développe les licences pour le linge de maison ou la vaisselle. Elle a des points de vente en France et dans le monde, notamment aux Etats-Unis et au Japon.

A la mort de Charles Demery en 1986, son fils Jean-Pierre lui succède. Surnommé "le roi Soleil", il mène grand train et fait exploser la notoriété de sa marque mais n'a rien d'un gestionnaire.

Souleiado est au comité Colbert (association d'entreprises de l'univers du luxe). Altus (Crédit Lyonnais) entre au capital via une filiale, le crédit est facile mais les dettes se creusent.

Au début des années 1990, le marché américain se ferme après la vente d'un diffuseur ami, Pierre Deux. Les imitations se développent après un procès perdu. Souleiado dépose son bilan en 1997.

Louis Nicollin, patron du club de football de Montpellier, reprend la société puis nomme en 1999 son épouse Colette au poste de PDG. Souleiado appartient dorénavant au groupe Nicollin spécialisé dans la gestion des déchets.

La mode change, les défilés cessent, la plupart des magasins ferment et les collections sont squelettiques.

"Les Nicollin ont licencié petit à petit l'âme de Souleiado: le bureau de style. Ils n'étaient pas du métier, ils n'ont pas choisi les bonnes personnes", observe l'ancien directeur marketing Pascal Schmitt, parti en 2000 avec le directeur commercial Nicolas Pressac fonder une boutique de décoration à Tarascon.

Et sans équipe de stylistes, "cette jupe, même en solde, on ne la vend pas", affirme un commerçant d'Arles dont la boutique porte encore le nom de la marque mais vend essentiellement d'autres fabricants.

Laurence CHABERT

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