L'industrie portuguaise de la chaussure formalise son Green pact

Auteur :

Olivier Guyot

Publié le
27 févr. 2023

Le commissaire européen à l'environnement, Virginijus Sinkevicius, était à Porto ce 24 février pour assister à une conférence réunissant... des industriels. Le représentant de la commission a été le témoin de l'engagement des professionnels du cuir et de la chaussure portugais: plus d'une centaine d'entreprises lusitaniennes ont participé vendredi à la signature du Green pact de l'industrie de la chaussure portugaise. Ces 120 sociétés, qui représentent plus de la moitié du chiffre d'affaires en valeur de la production du pays, se sont engagées à respecter les objectifs des Nations Unies et de l'Union européenne: une réduction de moitié des émissions de CO2 en 2030 par rapport 2022 et aboutir à une activité neutre en émissions de CO2 en 2050.

"A la commission nous réfléchissons à la manière de définir un chemin vers une économie plus respectueuse de l'environnement. Mais nous voulons faire le chemin ensemble avec les entreprises. Avec cette initiative, vous faites de l'european green deal une réalité. A Porto, la manière dont l'industrie de la chaussure travaille pour une transition durable est très inspirante", a avancé dans un discours le représentant européen. "Le pacte est très en ligne avec les efforts européens, car il prend en compte chaque étape de la vie du produit. il intègre le design, l'utilisation d'énergie, le packaging et toutes les étapes de production et de commercialisation. Et la consommation n'a pas été oubliée. Car ce que le consommateur attend c'est la transparence. La transition n'est jamais facile. Mais nous pouvons sécuriser certains accès aux financements. Nous voulons créer un modèle à mettre à l'échelle. La commission sera là pour avancer ensemble. Verdir le secteur pas seulement pour le Portugal mais, vous pouvez devenir un role modele dans l'industrie de la mode. Et je suis sur, que vous serez les premiers à bénéficier de ces avantages.".

L'intention est bien là. L'industrie portugaise a su se développer pour constituer une alternative aux productions asiatiques lointaines sans avoir la notoriété haut de gamme de l'industrie italienne. Après avoir séduit les enseignes moyen de gamme d'Espagne ou de France, une grande partie de son tissu, représenté en particulier par l'association Apiccaps, qui réunit quelque 500 sociétés du secteur et 80% des ventes, veut saisir l'opportunité de se positionner sur une production plus haut de gamme, associé à des produits durables et responsables. Pour atteindre les objectifs de réduction d'émission, le secteur entend optimiser ses chaînes de production, minimiser l'import de matières premières mais aussi réduire ses chutes ou les recycler.

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Le premier nommé "BioShoes4All" est destiné à développer une industrie portugaise compétitive grâce à un "changement radical" dans les matières, technologies et produits. Le second mise sur les innovations technologiques afin de rendre l'industrie locale plus efficace et est baptisé FAIST.

Record d'exportations en 2022

Signal positif, en 2022, l'industrie de la chaussure portugaise a enregistré un nouveau record de ses exportations à plus de deux milliards d'euros, en hausse de 10,5% en volumes et de 20,2% en valeur. Un dynamisme majeur, après deux exercices délicats, pour une industrie qui exporte plus de 95% de sa production. Le pays a ainsi exporté plus de 76 millions de paires, ce qui fait un acteur fort au niveau européen... mais ne lui octroie qu'une part de marché mineure sur le marché global qui représente quelque 22 milliards de paires.

La France est le second marché de la chaussure portugaise (+15% à 384 millions d'euros), derrière l'Allemagne (+12% à 433 millions). Point encourageant pour l'industrie, sa production commence à séduire des marchés clés: ses exportations aux États-Unis ont bondi de 52% à 114 millions d'euros.

Quels sont ses avantages? Une maitrise du traitement du cuir et une interaction entre recherche et industriels afin de rendre industrialisables les avancées sur les nouvelles matières ou nouveaux traitements plus durables. "Ce qui change avec ce Green pact, c'est que c'est une diversité d'acteurs, qui représentent plusieurs milliers d'emplois et des milliards de vente, qui décident d'avancer ensemble. C'est une approche collective, intégrant des acteurs de la recherche, pour développer les technologies de commerce et les innovations responsables pour répondre à la demande très forte sur ces produits, estime Pedro Cilinio, secrétaire d'État à l'Économie du Portugal. Nous avons connu une forte inflation, sur l'énergie et les matières, mais les derniers chiffres européens montrent que l'économie est plus résiliente que l'on ne le pensait. En saisissant ces opportunités, les sociétés peuvent se développer.".

Cette initiative portugaise a le mérite de signifier que les projets collectifs de transition industrielle sont envisageables. Reste à savoir si le pays pourrait doubler sa production. " Il y a quelques marges de progression, mais nous sommes en parallèle confrontés à des tensions sur le recrutement des équipes, glisse Paulo Gonçalves, le responsable marketing et communication d’Apiccaps. L'enjeu pour nous est de positionner la chaussure portugaise en référence durable et très compétitive.".

Le prix moyen d'une chaussure portugaise était de 26,40 euros en 2022. Le Portugal veut séduire de plus en plus d'acteurs du moyen haut de gamme à l'international en s'affirmant comme le spécialiste de la chaussure plus durable.