Par
AFP
Publié le
19 mars 2020
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

L'inquiétude grandit chez les salariés des sites d'Amazon en France, Le Maire réagit

Par
AFP
Publié le
19 mars 2020

AFP - Ils posent des jours de congés ou exercent leur droit de retrait: des salariés de plusieurs sites d'Amazon en France font valoir le "danger grave et imminent" auquel ils sont exposés, faute, disent-ils, de pouvoir respecter les règles de sécurité sanitaire face à l'épidémie de coronavirus. Devant la crainte des salariés du géant en ligne, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré jeudi au micro de France Inter qu'Amazon exerce des pressions "inacceptables" sur ses salariés en les privant de salaire s'ils refusent de venir travailler à cause de l'épidémie de coronavirus.


L'entrée du centre logistique de Lauwin-Planque, près de Douai, dans le Nord, le 4 mars 2019. - AFP Archives


Alors que l'activité du groupe américain de commerce électronique est soutenue par le confinement de la population française, au moins 200 salariés du site près de Douai (Nord) ont fait valoir mardi leur droit de retrait. Mercredi, environ 50% des CDI ont fait la même démarche ou étaient en débrayage à Montélimar (Drôme), selon des sources syndicales.

"Personne ne se sent en sécurité chez Amazon aujourd'hui en France", explique Jérôme Guilain, délégué Sud-Solidaires à Lauwin-Planque, près de Douai, qui a alerté à propos d'un "danger grave et imminent" lundi. "Ils ne mettent pas les moyens nécessaires pour sécuriser les travailleurs", assure-t-il.

D'après lui, "les gens ne veulent plus venir". "Ils ont peur d'être présents sur le site" où travaillent 1 700 salariés, sans compter les centaines d'intérimaires, selon les périodes.

Entre 80 et 100 salariés du site débrayaient mercredi après-midi, selon plusieurs sources syndicales. "Les salariés demandent au minimum de travailler en sécurité et au maximum de fermer le site pendant 15 jours", écrit l'intersyndicale dans un communiqué.

Selon les syndicats, il n'y a pas assez de gel hydroalcoolique, pas de masque FFP2, ni de gants ni de lingettes désinfectantes. Et la distance physique d'au moins un mètre n'est pas applicable partout dans le centre logistique : croisement des équipes dans les allées, proximité sur les lignes d'emballage...

"A certains endroits, impossible de garder les distances de sécurité, notamment dans les vestiaires. Ils ont rajouté une pause en plus pour qu'on ne soit pas trop nombreux en salle de pause mais les trois pauses s'enchaînent sans nettoyage des locaux", renchérit Guillaume Reynaud, secrétaire CGT d'Amazon Montélimar.

A Boves, près d'Amiens (Somme), il y a cinq suspicions de cas de Covid-19, affirment les syndicats. "Tout le monde a peur; ça tourne à la panique", affirme Sandra Holota, déléguée syndicale CGT.

Droit de retrait



Mais seuls une "dizaine de salariés" ont fait valoir leur droit de retrait ces derniers jours. "Beaucoup ne le font pas parce qu'ils ne seront pas payés". Selon Mme Holota, "la direction a fait savoir que leur absence serait considérée comme une absence autorisée non payée. On ne sera pas sanctionné, pas licencié, mais pas payé".

Interrogé ce jeudi pour savoir s'il était normal que des salariés ne soient pas payés s'ils exercent leur droit de retrait pour des raisons sanitaires, le ministre a déclaré au micro de France Inter que "ces pressions sont inacceptables et nous le ferons savoir à Amazon". 

La délicate question des biens de première nécessité



"Est-ce qu'un DVD ou une clé, c'est un bien de première nécessité ?", s'interroge un élu CFDT voulant garder l'anonymat, affirmant que la part de la vente alimentaire représente "très peu" du chiffre d'affaires.

Par ailleurs, le Syndicat national de la librairie française (SLF) a dénoncé mercredi dans un communiqué la "concurrence déloyale" que constitue selon eux la poursuite des commandes et des retraits de livres via la grande distribution et Amazon.

M. Le Maire a estimé que les libraires, qui se disent menacés encore plus que d'ordinaire par la concurrence d'Amazon en période de confinement, "sont effectivement un commerce de première nécessité". Et d'ajouter : "Je suis prêt à regarder cette question", en affirmant qu'il "comprend très bien l'inquiétude des libraires".

"Je ne vois pas pourquoi ce serait uniquement Amazon qui récupérerait le marché au risque de fragiliser les libraires", a précisé M. Le Maire. 

Amazon se défend



Face à l'inquiétude des salariés, la direction d'Amazon a réagi mercredi dans un communiqué transmis à l'AFP : "La santé et la sécurité de nos employés, partenaires et clients (...) restent nos priorités absolues. Nous suivons strictement les recommandations et directives du gouvernement" et travaillons pour "continuer à livrer les clients les plus touchés, dont beaucoup n'ont aucun autre moyen d'obtenir des produits essentiels."

La direction assure notamment "renforcer le nettoyage de toutes les installations", "annuler les réunions non indispensables", "modifier l'aménagement des lieux de travail (...) pour que les salariés puissent maintenir la distance nécessaire" ou encore organiser des "pauses échelonnées".

Article réalisé à partir de dépêches AFP datées des 18 et 19 mars

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Tags :
Distribution