Comment continuer d’attirer les acheteurs internationaux sur la place milanaise, alors que la crise actuelle les pousse à trancher en faveur de Paris ? L’administrateur délégué du Pitti Immagine, l’organisateur des salons de mode florentins, pose la question sans ambages. Profitant de la présentation ce jeudi 13 septembre à Milan des trois salons féminins du Pitti, Touch ! NeoZone et Cloudnine, qui se tiendront dans la capitale lombarde du 22 au 24 septembre, Raffaello Napoleone n’a pas caché son inquiétude face à la montée en puissance des concurrents français.

"Paris se renforce. Les showrooms qui travaillaient auparavant à plein régime à Milan y ont réduit leur voilure pour se rendre sur Paris, tout comme les agents et les représentants des marques qui prolongent désormais leurs séjours parisiens au détriment de Milan", note-t-il. Certes, les Français peuvent compter sur une ville "qui, contrairement à Milan, leur offre une grande disponibilité en termes d’espaces". Mais ils ont aussi choisi "une stratégie intelligente", souligne le dirigeant du Pitti. "Ils ont réussi à mettre ensemble les foires et de très grands salons, qu’ils arrivent à organiser deux fois par an. Les salons, les défilés… Il y a une vraie offre. Il est clair que, face à cette situation, l’Italie perd du terrain", constate-t-il.

Raffaello Napoleone, dirigeant du salon Pitti Immagine.

La semaine dernière, le président de la Chambre de la mode italienne Mario Boselli a lancé un appel en faveur d’une réorganisation des salons milanais consacrés à la mode femme, proposant de les anticiper au mois de juin. Aujourd’hui, les principaux organisateurs de salons italiens sont en discussion afin de trouver une solution commune. "Les contacts se sont multipliés ces derniers jours avec la Camera della Moda, Fiera Milano, etc. Nous en parlons aussi avec les Français. Nous avons eu des contacts par exemple avec le co-dirigeant de WSN Développement Xavier Clergerie", indique Raffaello Napoleone.

"Il est évident que les certitudes qui nous ont guidés cette dernière décennie doivent être revues. Dans des moments compliqués comme celui que nous vivons, il ne faut certes pas se précipiter. Mais les rythmes des achats ont changé. Nous allons analyser en particulier comment ont réagi les acheteurs au déplacement des dates du Who’s Next Prêt-à-Porter début juillet. Puis, il s’agira de consolider nos manifestations et de penser à une agrégation".

Pour ce qui est du volet "homme", Raffaello Napoleone a regretté que la prochaine fashion week londonienne, qui se tiendra du 7 au 9 janvier prochain, empiète sur les dates du Pitti Uomo prévu lui du 8 au 11 janvier. Il s’est réjoui toutefois de cette nouvelle manifestation consacrée à la mode masculine, "devenue désormais quasiment aussi importante que celle féminine". "Cela renforce notre position et confirme la leadership de l’Europe sur le segment de l’homme. Alors que New York ne fait rien, avec Florence, Milan, Paris et Londres, l’homme a désormais 4 rendez-vous en Europe. C’est un signe important", conclut-il.