AFP
4 avr. 2007
L'orchidée Angraecum adoptée par l'industrie cosmétique
AFP
4 avr. 2007
PARIS, 4 avr 2007 (AFP) - Racée, gracile et délicatement parfumée, l'orchidée Angraecum eburneum longicalcar a été choisie par l'industrie des cosmétiques pour devenir l'élégantissime ambassadrice d'une nouvelle vision du développement, raconte la Cité des Sciences dans sa nouvelle exposition.
Affiche de l'exposition |
Originaire de Madagascar, cette belle fleur blanche aux longs éperons y a, semble-t-il, disparu à l'état naturel. Elle pourrait y faire son retour comme plante de culture, dont la production serait exportée vers la France.
"Ces plantes peuvent être produites pour la décoration et la fleur coupée, mais aussi pour leur valeur cosmétique", explique à l'AFP Alban Muller, président du producteur éponyme d'extraits naturels et du pôle de compétitivité Cosmetic Valley, qui rassemble la fine fleur de la parfumerie française.
"Les orchidées ont des propriétés hydratantes et adoucissantes. Elles ont surtout une très forte image, ce qui est très important pour notre profession", ajoute M. Muller, en précisant que des groupes comme Guerlain, Yves Rocher et Clarins utilisent depuis longtemps des extraits d'orchidées.
Séparée de l'Afrique et de l'Inde il y a 160 millions d'années, Madagascar est devenue un sanctuaire d'espèces végétales uniques. On y compte ainsi 1 200 espèces d'orchidées, la plus forte densité au monde pour cette plante.
Dès les années 30, le célèbre collectionneur Marcel Lecoufle parcourt la grande île à la recherche d'orchidées rares. Sa collection compte aujourd'hui 105 espèces endémiques à Madagascar, dont une quarantaine sont présentées porte de la Villette dans le cadre de l'exposition "Orchidées de Madagascar".
Angraecum eburneum a été collectée en 1964 par M. Lecoufle, ce qui a permis à cette orchidée de survivre à la destruction massive de son habitat.
Françoise Lenoble-Prédine, vice-présidente du Conservatoire des collections végétales spécialisées, pense avoir trouvé à Madagascar trois laboratoires suffisamment outillés pour assurer les délicates opérations de multiplication de la plante. "On pourra ainsi amorcer la pompe pour d'autres productions végétales à haute valeur ajoutée". Et surtout engager un processus de développement durable dans un pays parmi les plus pauvres de la planète.
Madagascar est déjà un important producteur de plantes à parfum, comme l'ylanguier ou le vétiver, ou de vanille (une autre orchidée !).
"C'est un pays naturellement très riche, mais sous la coupe de négociants qui achètent les récoltes sur pied. Ils contribuent à appauvrir le pays en organisant des pénuries artificielles de riz et certains paysans accumulent jusqu'à une récolte et demie de dettes", s'indigne Mme Lenoble-Prédine.
L'industrie française des cosmétiques réfléchit donc aux moyens de former un partenariat avec les agriculteurs malgaches, souligne M. Muller.
"Mais il n'est plus possible de faire l'impasse sur l'environnement", explique-t-il. "Les comportements prédateurs, c'est fini ! Pour sécuriser l'accès à la ressource, il nous faut former des filières comme celle-là et travailler en bonne intelligence avec les paysans locaux".
L'élégante orchidée blanche pourrait être cultivée jusque dans le centre de la capitale malgache Antananarivo, où subsistent 3 200 hectares de rizières, souvent dégradées et polluées. L'exposition de la Cité des Sciences présente aussi un "plan vert" de réhabilitation de cette agriculture urbaine.
L'exposition est ouverte jusqu'au 9 mars 2008. Attention : les orchidées originaires de la Grande Ile n'y fleuriront que dans plusieurs mois.
Par Frédéric GARLAN
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