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Paul Kaplan
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30 juin 2020
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LVMH réduit ses dividendes 2019 après un premier trimestre 2020 compliqué

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Paul Kaplan
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30 juin 2020

LVMH, le premier groupe de luxe du monde, a également déclaré que ses ventes avaient chuté de 15 % au premier trimestre, en raison de l'impact de la crise sanitaire sur son chiffre d'affaires. "Nos équipes ont fait preuve d'une grande souplesse pour faire face à la pandémie. Malheureusement, nos magasins ont dû fermer leurs portes dès le premier trimestre, sans parler de nos sites de production... À ce stade, il est encore difficile d'évaluer précisément l'impact à long terme. On ne sait pas quand ce virus va disparaître", reconnaît Bernard Arnault, l'actionnaire majoritaire de LVMH, lors de l'assemblée générale du groupe, qui avait lieu exceptionnellement à huis clos.


Le Belmond Copacabana Palace à Rio de Janeiro, au Brézil - LVMH



"En juin, nous avons observé des signes de reprise encourageants dans certaines de nos entreprises principales. Nous continuons à porter l'accent sur la préservation des valeurs de nos marques, mais aussi de leur image et de leur attrait vis-à-vis de la clientèle. Voilà notre objectif à long terme", appuie Bernard Arnault. "Face à cette situation sans précédent, la priorité absolue a été donnée à la santé et à la sécurité de nos employés et de nos clients", précise l'homme le plus riche d'Europe. 

Selon ce dernier, le groupe LVMH s'est mobilisé pour soutenir l'effort collectif international : plusieurs usines ont adapté leurs chaînes de production afin de produire des désinfectants pour les mains et des masques de protection, et la société a soutenu financièrement plusieurs structures, comme la Croix-Rouge chinoise et les hôpitaux de Paris.

Sur le front du numérique, les nouvelles sont moins préoccupantes : la plupart des 70 marques appartenant au portefeuille du groupe ont enregistré une croissance rapide sur leurs canaux de distribution en ligne, avec un taux de croissance parfois supérieur à 100 % pour certaines lignes et certains pays. 

Pour l'homme d'affaires français, la numérisation croissante des marques de son groupe ne pourra qu'améliorer l'expérience du client. "L'engagement est une valeur fondamentale qui nous guide et nous amène à progresser en permanence. Un sens des responsabilités que nous nous transmettons de génération en génération. C'est le secret de notre longévité", révèle le patron de LVMH, dont l'écurie de marques comprend notamment Louis Vuitton, Dior, Givenchy, Fendi, Kenzo, Bulgari, près d'un quart du champagne de la planète, et bientôt Tiffany, que le groupe a accepté d'acquérir pour 13 milliards d'euros à la fin de l'année dernière.

Bernard Arnault n'a pas mentionné directement le joaillier américain, rudement secoué depuis ces annonces par la forte baisse des ventes liée aux mesures de confinement. Seul son premier ministre de facto, le directeur général délégué du groupe Antonio Belloni, a répondu à une question écrite qui demandait si LVMH était toujours satisfait de l'opération d'acquisition de Tiffany : "Nous pensons que Tiffany est l'une des marques de joaillerie les plus emblématiques du monde et, à ce titre, elle a toute sa place dans le portefeuille de LVMH".

Ensuite, Bernard Arnault a tenu à souligner que LVMH "a fait figure de pionnier en introduisant la responsabilité environnementale au sein du groupe dès 1992", rappelant que la société avait conclu un accord historique avec l'UNESCO en faveur de la bio-diversité, et ne ménageait pas ses efforts pour préserver les abeilles et les apiculteurs. Selon lui, c'est aussi ce sens de la responsabilité des entreprises qui a conduit LVMH à participer à la lutte contre la déforestation en Amazonie et à la reconstruction de Notre-Dame de Paris.

Pour l'homme d'affaires, le géant du luxe accorde une grande importance aux talents créatifs qui l'animent. "C'est un atout unique. Un facteur concurrentiel déterminant. Par ailleurs, depuis les débuts du groupe, nous condamnons sévèrement toutes les formes de discrimination : nous avons mis en place une commission dédiée à la diversité et à l'inclusion. Nous sommes fermement engagés à soutenir les droits de personnes LGBT", martèle-t-il.


Campagne Tiffany - Instagram



Pour cause de pandémie, l'assemblée générale avait lieu au siège de LVMH à Paris. Aucune carte d'admission n'a été délivrée aux actionnaires ou à la presse.

En janvier dernier, LVMH avait annoncé un niveau de ventes record, avec une croissance impressionnante de 15 % de son chiffre d'affaires annuel, à 53,7 milliards d'euros pour l'exercice 2019. Grâce aux bonnes performances de ses deux grandes marques de luxe — Dior et Louis Vuitton — LVMH a réalisé un bénéfice net de 7,2 milliards d'euros, en hausse de 13 % par rapport à l'exercice précédent. La division la plus importante du groupe — Mode et Maroquinerie — a réalisé un résultat opérationnel courant de 7,344 milliards d'euros, soit la majorité des bénéfices récurrents du groupe.

Sa filiale DFS, spécialisée dans le travel retail de luxe, a été gravement affectée par les manifestations de Hong Kong. Mais malgré l'acquisition pour 2,6 milliards de dollars de la chaîne de luxe Belmond — propriétaire d'hôtels prestigieux comme le Cipriani à Venise et le Copacabana Palace à Rio — l'an dernier, le ratio d'endettement de LVMH est aujourd'hui de 16 %, ce qui semble raisonnable.

Si Belmond devrait souffrir de l'effondrement du tourisme mondial cette année, Antonio Belloni se veut rassurant : selon lui, la "stratégie de LVMH n'a pas changé : elle consiste à investir dans ses merveilleuses propriétés pour tirer parti de la reprise prochaine du tourisme".

Malgré ces conditions particulières, les actionnaires ont pu poser par écrit leurs questions au groupe. Ce dernier a pris soin de souligner d'emblée qu'il a donné "des instructions claires pour faire respecter les conditions de paiement contractuelles" après s'être rendu compte "des difficultés rencontrées par de nombreux fournisseurs".




Antonio Belloni, LVMH Group Managing Director - LVMH


LVMH rappelle par ailleurs qu'en France, ses salariés ont reçu une large participation aux bénéfices : 320 millions d'euros leur ont été distribués en 2019. Mais la société a refusé de fournir des informations sur les rémunérations de Bernard Arnault et du reste de son équipe de direction, démarche très inhabituelle pour une société aussi exposée et cotée en bourse. Si le groupe affirme qu'il n'a reçu aucun "soutien financier du gouvernement français" pendant la pandémie, il a cependant révélé qu'à l'étranger, "certaines unités ont accepté des aides de la part de gouvernements locaux", sans fournir plus de détails.

La société défend sa décision de réduire les dividendes versés à ses actionnaires. "Cette crise exige un effort important de la part de chacun. Il est donc tout à fait logique que les actionnaires y contribuent". En ce qui concerne les licenciements, moins de 20 salariés ont perdu leur emploi en France, et seul "un petit nombre de personnes ont été licenciées ailleurs". Mais là encore, aucun chiffre précis n'a été divulgué par l'entreprise. LVMH emploie près de 145 000 personnes dans le monde.

"Je regrette que nous ayons dû organiser cette assemblée générale des actionnaires à huis clos. J'espère que cela n'arrivera plus : notre prochaine réunion est prévue pour le 15 avril 2021", annonce déjà Bernard Arnault.
 

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