© 2011 AFP - Le tribunal administratif de Paris a annulé le permis de construire accordé pour la construction à Paris, dans le bois de Boulogne, de la Fondation LVMH affectée à l'art contemporain, a-t-on appris samedi auprès de la Ville, confirmant une information du Parisien.

Selon la Ville, qui déplore l'annulation, le tribunal a invoqué le 20 janvier "une règle d'implantation du bâtiment par rapport à une allée intérieure au Jardin d'acclimatation (...) qui a été considérée par le tribunal comme une voie publique alors même qu'elle n'en a ni le statut ni la fonction".

La mairie s'apprête à "faire appel du jugement" et demande "un sursis à exécution". "Pour nous, le projet n'est pas remis en cause dans ses fondements", a déclaré à l'AFP un responsable de la communication, précisant que les travaux sont déjà "très avancés".

"Les Parisiens vont devoir se passer encore un peu du plus gros projet culturel de Paris", a déploré de son côté un porte-parole du groupe LVMH.

A l'origine du recours administratif, la Coordination de sauvegarde du bois de Boulogne, qui fédère plusieurs associations de riverains et d'usagers, salue la décision des juges, affirmant dans Le Parisien "vouloir protéger" le bois "contre ce projet de bétonisation".

Le bâtiment dessiné par Franck Gehry, auteur notamment du musée Guggenheim de Bilbao, est destiné à exposer une collection permanente et à permettre le déroulement d'expositions et de manifestations temporaires.

Le musée Guggenheim de Bilbao conçu par Franck Gehry, architecte de la Fondation LVMH

Qualifier de "béton" le bâtiment destiné à abriter la Fondation LVMH et dessiné par l'architecte Franck Gehry "c'est vraiment n'avoir aucun sens du beau", a déclaré Bertrand Delanoë samedi soir sur France 3. "C'est une oeuvre d'art majeure pour le monde entier", a-t-il dit.

"Elle ne supprime pas un seul arbre. Simplement, ils ont trouvé un vice qui est une voie empruntée par personne mais dont ils veulent qu'elle soit considérée comme voie publique", a raconté le maire de Paris.

Lancé en octobre 2006 par Bernard Arnault, président du groupe de luxe LVMH et grand collectionneur d'art, le projet ambitionne de "faire rayonner la culture et faire rayonner la France dans le monde".

Sa présentation avait suivi de quelques mois l'inauguration de la Fondation Pinault, en 2005, dans le palais vénitien Grassi, qui abrite une partie de la collection personnelle de François Pinault, fondateur du groupe de luxe PPR et grand rival de Bernard Arnault.

La Fondation Pinault a ouvert en 2009 un nouvel espace d'exposition d'art contemporain dessiné par l'architecte Tadao Ando, à la pointe de la Douane à Venise. Le lieu a accueilli, à lui seul, quelque 375.000 visiteurs en un an.

Devenue un haut-lieu du tourisme vénitien, la Fondation Pinault devait être installée à Boulogne-Billancourt, sur l'île Seguin autrefois occupée par les usines Renault.

Mais une succession d'embûches administratives avaient conduit le milliardaire à installer sa fondation dans la Cité des Doges.