Alors que le Portugal est durement frappé par la crise et que son taux de chômage frise les 16% de la population active, une industrie redonne des couleurs au pays et à sa balance commerciale: la chaussure. En effet, 98% de la production de chaussures portugaises est exportée. Des exportations qui, en 2011, ont représenté 1,5 milliard d’euros (2 milliards de dollars) plaçant le pays au onzième rang des exportateurs mondiaux de chaussures*. Et, sur les deux dernières années, elles ont encore bondi de plus de 20%, emmenées par le trio France, Allemagne, Pays-Bas.

Portuguese Shoes: The sexiest industry in Europe from Portuguese Shoes APICCAPS on Vimeo.

L’Hexagone est ainsi le premier pays à l'export de la chaussure portugaise avec 16,9 millions de paires exportées en 2012 pour une valeur de 425 millions d’euros, soit 30% des exportations totales de chaussures. Une tendance à la hausse puisqu’en 2002 elles représentaient 322 millions d’euros ; mais en léger recul en volume puisque le nombre de paires exportées vers l’Hexagone était alors de 17,7 millions. Un phénomène qui s’explique à l’échelle européenne par la hausse globale des prix - celui des chaussures étant notamment tiré vers le haut par le coût des matières premières, couplé à un recul de la consommation.

Cependant, en dépit des difficultés, l’industrie de la chaussure portugaise, à l’inverse de son textile, a su se maintenir à flot et séduit ses voisins européens, notamment du Nord. "Avec la crise, les entreprises ont réduit les quantités produites et produisent plus en Europe. De plus, pour réduire les coûts, elles cherchent aussi une proximité géographique", explique Paulo Gonçalves, directeur de l’Association portugaise des industriels de la chaussure et de ses composants (APICCAPS) qui regroupe 1 300 entreprises (environ 34 000 personnes) fortement concentrées dans le nord du pays, près de Porto. Et, avec 85% de chaussures en cuir produites, le Portugal a aussi la carte "qualité" et "mode" à jouer. D’ailleurs APICCAPS joue sans complexe celle du glamour avec pour s’exporter un slogan: "The Sexiest Industry in Europe" (l’industrie la plus sexy d’Europe, ndlr).

Un savoir-faire, des chaussures de qualité, mais surtout un salaire minimum à 500 euros par mois contre 1 100 euros en France, font de la chaussure portugaise une industrie compétitive. Avec une contradiction toutefois: seuls 2% de la production de chaussures s’écoulent sur le marché domestique, les chaussures portugaises restant trop chères pour la majorité des Portugais.

*Chiffres de l’Association portugaise des industriels de la chaussure et de ses composants (APICCAPS)