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7 juil. 2016
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La France déficiente dans le financement des start-up

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AFP
Publié le
7 juil. 2016

Insuffisance des fonds privés de capital-risque face aux investisseurs publics, fiscalité instable et lourde : les « points de friction » freinent l'expansion d'un écosystème français pourtant prometteur, estime le Conseil d'analyse économique (CAE).



Le constat est en effet sans appel : la place française souffre d'un « déficit d'attractivité » dans le financement des start-up, note le CAE.

A la base une « bonne nouvelle » : « l'écosystème français (des start-up) progresse aujourd'hui », indique à la presse, Marie Ekeland, coauteure d'un rapport du CAE publié jeudi, citant les exemples de « licornes » françaises, Blablacar et Critéo, valorisées à au moins un milliard de dollars.

Mais la France compte des « points de friction », souligne la vice-présidente de France Digitale, lui faisant accuser du retard, notamment par rapport au Royaume-Uni, terre d'accueil de référence en Europe des start-up innovantes.

Selon l'Association européenne du capital investissement (ECVA), l'activité des fonds français de capital-risque excède l'investissement dans les entreprises innovantes situées en France, « de sorte que le capital risque "excédentaire" est investi à l'étranger », est-il souligné dans le rapport du CAE, remis au Premier ministre en début de semaine.

Les potentiels investisseurs internationaux sont le plus souvent refroidis par « la réglementation du travail, la fiscalité, le risque perçu d'interventions publiques "anti-business" lié aux "affaires" Dailymotion et Uber, ou encore le manque d'internationalisation de la place parisienne », explique le CAE.

Ecosystème français peu internationalisé

Signe de ce repli français, les jeunes entreprises innovantes parisiennes comptent 22 % de salariés étrangers, selon des données 2015 de Compass, là où leurs homologues londoniennes en emploient 53 %. A Paris, 73 % des tours de table sont constitués uniquement d'investisseurs locaux alors qu'à Londres, ce chiffre tombe à 53 % et à 61 % dans la Silicon Valley.

Par ailleurs, bien que dynamique, le capital-risque français « réalise des levées de fonds de taille plus modeste qu'ailleurs en Europe », enchérit l'organisme, ses succès étant « moindres en nombre et en taille ».

En 2015, le capital-risque français a enregistré 484 opérations pour un total de 1,81 milliard d'euros d'investissement, soit le double du montant de 2014, est-il précisé dans le rapport. Ce qui le classe au niveau européen, en nombre d'opérations, au deuxième rang derrière le Royaume-Uni mais en troisième position, après l'Allemagne, en termes de montants investis.

« Les fonds français sont encore trop petits et trop peu internationalisés », estime le CAE, qui pointe également le faible nombre de « business angels », ces investisseurs qui apportent généralement des fonds afin d'amorcer l'activité de la société, par rapport à d'autres pays européens.

Attirer les investisseurs privés par la fiscalité

Mais « la caractéristique française, c'est une très forte prégnance de l'investissement public », en particulier via Bpifrance, banque publique d'investissement, pointe pour sa part, Augustin Landier, coauteur du rapport et professeur à l'université Toulouse 1 Capitole.

« En France, on a remplacé les fonds de pension par des acteurs publics », affirme-t-il, s'interrogeant sur la viabilité d'un tel système qui pourrait devenir un « repoussoir » pour des fonds étrangers y voyant « un capital-risque français nationalisé ».

L'autre risque est que Bpifrance se substitue au secteur privé, prévient le CAE, qui appelle à concevoir son action « comme une politique industrielle visant l'émergence d'une industrie du capital-risque autonome ».

Car le principal défi pour la France est d'attirer des investisseurs étrangers et de long terme, affirme le CAE, recommandant d'utiliser la fiscalité pour les attirer. En particulier, « à l'heure où l'instabilité britannique peut être une chance » pour la France, estime, pour sa part, Marie Ekeland.

Il « faut clarifier la fiscalité » pour les investisseurs étrangers « qui souscrivent aux fonds de capital-risque français et leur en simplifier l'accès », préconise le CAE, appelant aussi à revoir le régime fiscal des entrepreneurs pour créer un « recyclage vertueux ».

Malgré une réforme en 2014, le régime français des plus-values de cessions de parts « reste nettement moins favorable que le régime britannique » qui « vient d'accentuer son avantage » en avril en abaissant encore ce taux d'imposition.

Selon des interlocuteurs du CAE, cela constitue une « incitation forte pour des fondateurs à succès à quitter le pays ». Aucune étude n'a pour le moment vérifié un mouvement de fuite des talents mais du coup l'écosystème français des start-up se voit privé du réinvestissement de plus-values de cessions et de partage d'expérience fructueuses, moteurs du développement d'incubateurs à succès, comme la Silicon Valley.

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