9 372
Fashion Jobs
Publicités
Publié le
31 mai 2022
Temps de lecture
4 minutes
Télécharger
Télécharger l'article
Imprimer
Taille du texte

La coopérative Laines Paysannes revalorise la laine d’Occitanie

Publié le
31 mai 2022

D’ordinaire vendue à bas prix à la filière négoce et donc expédiée en Asie, la laine française voit se multiplier des initiatives locales pour revaloriser cette matière première. “Tout est parti de là”, explique Olivia Bertrand, tisserande de formation qui a lancé avec son compagnon Paul de Latour, éleveur de moutons en bio à Saverdun (Ariège), Laines Paysannes en 2016. Alors association pour tester l’activité, celle-ci est passée en SCIC (Société coopérative d'intérêt collectif) en 2018 pour mieux prospérer.


Les laines à tapis Laines Paysannes sont lavées et filées en Ariège.


En 2022, Laines Paysannes ce sont 9 salariés qui ont mis en place une belle dynamique territoriale. Travaillant avec une vingtaine de fermes principalement en Ariège, mais aussi quelques-unes en Provence pour la laine Mérinos, la coopérative va permettre de récupérer 9 tonnes de laine de mouton en 2022 contre 8 tonnes en 2021 et 5 tonnes en 2020. “Nous sommes sollicités mais nous ne pouvons pas prendre tout le monde car les débouchés ne sont pas toujours là et nous ne sommes pas une industrie. Nous souhaitons conserver cette échelle”, poursuit Olivia Bertrand.

Le printemps étant actuellement la pleine période de la tonte, l’équipe se déplace sur chaque ferme afin de trier chaque toison pour en extraire les plus belles fibres et faire un tri par couleurs naturelles de mouton. “C’est notre spécificité, notre activité est très en lien avec la saisonnalité, précise t-elle. Selon les races de mouton, la laine est plus ou moins douce et servira pour des pièces en contact avec la peau. La plus rustique sera pour des vêtements de dessus et la laine plus longue et plus solide servira à réaliser des tapis pour la partie maison.”


Collection Facto, Laines Paysannes. - DR


Le label Laines Paysannes a ainsi mis sur pied deux filières. Partie Maison: la laine est lavée et filée en Ariège, puis tissée à la main dans les ateliers de la société pour faire des tapis. Partie vêtements et accessoires, le lavage se fait en Haute-Loire, la filature et le tissage dans le Tarn.

C’est notamment le cas pour le dernier projet baptisé Facto, une gamme en tissu de laine, qui décline trois modèles en deux tissus différents, qui revisitent le vêtement de travail. Vendue en précommande sur le site de Laines Paysannes, place à une robe (180 euros) et à deux pièces unisexes : une veste chemise (280 euros) et un haut façon vêtement de cuisine ou d’artiste (242 euros). 

En collaboration avec Eric Carlier de l’atelier Tissages d'Autan (Tarn) deux tissus de composition et aux coloris complémentaires sont proposés : le premier est fabriqué à partir de laine de Mérinos gris nuage pour la douceur et de laine Tarasconnaise gris montagne pour le caractère bien trempé. “Nous avons choisi un tissage en toile pour obtenir un tissu structuré et régulier”, explique Olivia Bertrand. Le second est réalisé à partir de laine de brebis Tarasconnaises écrue et de laine de brebis Rouge du Roussillon grège. Sa couleur est plus claire, et son tissage en sergé propose un rendu texturé qui participe à la singularité de ce tissu. Tandis qu'une autre capsule qui sortira en juin mettra à l’honneur la teinture végétale (cette année le rouge avec la garance) et proposera des pelotes et un bonnet.

À ce jour, la marque Laines Paysannes réalise 50% de ses ventes via ses deux sites (celui dédié à la maison et celui dédié au prêt-à-porter et à l’accessoire), l’autre moitié des ventes se fait en direct sur des évènements (salons, foires bio, fête de la laine). “Il y a une clientèle très spécialisée et il y a de nouveau un vrai engouement pour la laine française”, note la cofondatrice.


Le tissage de la laine. - DR


Quant aux prochains enjeux pour la société, ils sont au nombre de trois. D’abord mettre sur pied un projet d’accueil du public à Saverdun pour faire découvrir les collections et offrir une vraie immersion et expérience. Ensuite, poursuivre la diversification des produits. Enfin, en termes d’innovations et de réflexions, imaginer comment valoriser la moins bonne qualité de laine qui part toujours pour le négoce à l’étranger.

“Nous sommes avant tout un projet militant, pas une industrie, conclut Olivia Bertrand. Nous construisons de vraies relations avec nos partenaires et avons la spécificité d’offrir une vraie traçabilité de notre laine. Nous sommes connectés avec la saisonnalité de l’agriculture avec tous les aléas que représente la transformation. Au final, nous demandons à nos clients d’être patients, c’est une autre façon de faire. Il y a beaucoup d’étapes entre le mouton et le produit fini!”

Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com