Auteur :
Emilie-Alice Fabrizi

Emilie-Alice Fabrizi
Publié le
8 déc. 2009
8 déc. 2009
La "filière" luxe s’organise
Auteur :
Emilie-Alice Fabrizi

Emilie-Alice Fabrizi
Publié le
8 déc. 2009
8 déc. 2009
Le Centre du luxe et de la création vient de présenter son "livre blanc". Dix propositions structurelles et structurantes qui tentent de répondre de manière transversale aux attentes des différents secteurs du luxe. Un pari ambitieux et courageux qui requiert le soutien de nombreux acteurs, publics comme privés.
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Le Centre du luxe et de la création fait le point
A la fois vaste ensemble et industries cloisonnées entre la couture, la joaillerie, la gastronomie, l’horlogerie, l’automobile, … , le luxe souffre parfois de son identité multiple. En effet, rarement considéré comme une filière à part entière, il ne dispose pas des moyens de défense et d’action dont chacune dispose. C’est pourquoi, espace de rencontres et d’échanges entre les différentes branches, de conseils stratégiques et de réflexion prospective, le Centre du luxe a fait le point sur les problématiques récurrentes du secteur depuis près de huit ans. Résultat, dix mesures transversales "en faveur de la compétitivité et de la créativité du luxe". "Un début de réponse" explique Jacques Carles, président du Centre, mais l’idée est là :placer la France au cœur d’un luxe mondial, moteur de la création et de l’innovation et "il est temps de se recentrer sur l’essentiel" poursuit Julie El Ghouzzi, directrice du Centre.
Dix propositions de mesures
A commencer par des mesures fiscales en faveur de la création, levier essentiel pour la France, à défaut de garder toutes ses industries sur le territoire. Le Centre propose ainsi l’instauration d’un crédit d’impôt création unique, similaire au crédit d’impôt recherche mais ici dédié aux entreprises du luxe. Autre piste, la refonte de la valorisation du patrimoine des entreprises de luxe, aujourd’hui bombe fiscale à retardement. Le débat anime la scène depuis plusieurs années et le Centre soulève aujourd’hui la nécessité de créer une nouvelle catégorie d’objet d’art "Les témoignages historiques des créations du luxe" à laquelle seraient appliqués les avantages fiscaux pour les objets d’art. En cause, la sous-évaluation des archives des maisons de luxe, et par extension notamment, la sous-évaluation de la société. Toujours sur le même registre, le Centre propose la création d’un pôle de compétitivité "Luxe et création" à l’instar du pôle "Parfums et Saveurs" mis en place par l’Etat, mais ici qui coifferait toutes les industries du luxe.
Mobiliser les investisseurs
Si les pouvoirs publics ont leur part à jouer, Jacques Carles insiste sur le fait qu’"il faut mobiliser toutes les forces en présence, entreprises privées, organismes ou encore pouvoirs publics". Il s’agit entre autres d’inciter les partenariats entre les entreprises du luxe et les organismes de recherche, à l’image de ceux qui se sont tissés dans le secteur de la haute technologie. Dans ce sens, il souhaiterait voir se créer une association d’investisseurs privés, les "Luxe Angels", qui viendrait soutenir les entreprises à leur démarrage et non lorsqu’elles ont atteint une certaine maturité. En somme, des investisseurs qui assumeraient un certain risque pour peu que le projet soutenu soit créatif. Si quelques-uns le font déjà, le Centre rappelle qu’ils sont à la marge en France. Dans le prolongement, ce serait la constitution d’un fonds d’investissement "Luxe et création" d’une capacité initiale de 50 M€, en partenariat avec les marques de luxe, pour des opérations supérieurs à 1 M€.
Délocalisation et Bee luxe
Quant à la question de la délocalisation, ce n’est plus l’heure de pointer du doigt toutes les sociétés qui exportent leur production. "C’est un fait, il y a une réalité économique derrière. Mais la délocalisation, on peut bien la faire" explique Julie El Ghouzzi. Dans ce sens, le Centre propose l’élaboration d’indicateurs qui compareraient en termes financier, managérial ou encore social les avantages et inconvénients des délocalisations. Et de prolonger avec la création d’un label spécifique "Bee luxe" (Bien-être éthique et écologique) qui prendrait en compte ces données. L’idée ? Garantir qu’un produit ou un service répond à une charte d’excellence, à vocation mondiale, qui intégrerait le développement durable, les règles d’éthiques essentielles au luxe, tels les moyens de production. A ce point, nul doute que certaines marques le verront d’un mauvais œil, mais le Centre d’insister, "il est essentiel de rétablir les vraies valeurs pour sauvegarder la création et le luxe à la française". Et pour faciliter l’accès aux différentes informations, un portail Internet viendrait condenser l’ensemble.
Alors que certains s’interpellent sur le bien-fondé de certaines mesures, la crainte de voir une nouvelle entité coiffer celles existantes sans véritablement régler les lacunes déjà observées, d’autres approuvent clairement l’idée ou saluent la démarche courageuse. Mais tous s’accordent sur la nécessité d’agir de concert.
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