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1 oct. 2014
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La fin des années fastes a sonné pour l'horlogerie suisse

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AFP
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1 oct. 2014

L'industrie horlogère suisse, qui a longtemps semblé défier la crise, voit son modèle de croissance se fissurer, avec l'annonce de premières mesures de chômage partiel et de suppressions d'emplois pour s'adapter à la nouvelle réalité du marché.

Visuel Cartier


Après avoir battu des records années après années, les exportations horlogères suisses, largement portées par l'Asie, ont cependant connu une nette décélération l'an passé, ne progressant que de 1,9 %, alors que les mesures de lutte contre la corruption en Chine, interdisant les cadeaux extravagants, ont durement touché les fabricants de montres, en particulier dans le secteur du luxe.

Avec seulement 55 000 salariés (1,3 % de l'emploi en Suisse), l'horlogie est la troisième branche exportatrice du pays derrière la pharmacie et les machines, avec des exportations de 21,8 milliards de francs suisses en 2013 (18 milliards d'euros).

Mardi, Tag Heuer, la marque horlogère de référence du groupe de luxe français LVMH, a annoncé la suppression de 46 postes en Suisse dans le cadre d'un recentrage sur son coeur de métier.

La maison, qui emploie 1 600 personnes dont environ 800 en Suisse, renonce aux produits diversifiés à l'exception des lunettes. Elle diffère aussi ses plans pour pénétrer le marché des montres haut de gamme, par opposition à luxe.

S'y ajoute la mise au chômage partiel, jusqu'à la fin de l'année, de 49 employés sur son site de Chevenez, proche de la France, d'où viennent nombre des salariés et où la marque avait inauguré à l'automne une usine flambant neuve dédiée à la production de mouvements.

Tag Heuer a expliqué cette décision par la baisse des volumes, après des années de croissance à deux chiffres.

Cette décision intervient quelques jours après la confirmation par Cartier, la griffe phare du groupe suisse Richemont, de mesures de chômage partiel à compter du 1er novembre dans sa manufacture de Villars-sur-Glâne.

Jusqu'à présent, les horlogers avaient recruté à tour de bras pour répondre à la demande galopante des consommateurs chinois.

"L'industrie horlogère connaît une année lente", a pointé Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, dans un courriel à l'AFP. "Par conséquent, il y a probablement trop de stocks", a-t-il ajouté, notant que les fabricants se trouvaient contraints d'ajuster leur production.

A Hong Kong, le plus gros marché pour l'exportation des montres suisses, les manifestations surviennent alors même que les analystes s'y inquiétaient déjà de l'évolution récente des exportations horlogères.

En août, elles s'y sont repliés de 8,4 %, reculant pour le quatrième mois d'affilée, après avoir baissé de 5,6 % sur l'année 2013.

Dans un entretien sur Bloomberg TV, Philippe Léopold-Metzger, le patron de Piaget (groupe Richemont) s'est dit confiant quant aux perspectives à Hong Kong.

"Il est clair que les circonstances sont un peu particulières", a-t-il déclaré. "Nous devons composer avec", a-t-il poursuivi, se disant convaincu que la marque continuerait à attirer de bons clients.

Mi-septembre, le groupe Richemont a fait état d'un tassement de sa croissance sur les cinq premiers mois de son exercice 2014-15 décalé face à la baisse des ventes sur les marchés de référence en Asie.

Le groupe a souligné que les ventes de montres de Cartier, sa prestigieuse maison joaillière, avaient été affectées par une faible demande et une réduction des inventaires chez les détaillants dans la région Asie-Pacifique.

Au premier semestre, Swatch Group, le numéro un mondial de l'horlogerie avait également vu son bénéfice fondre de 11,5 %, en repli pour la première fois depuis 2009.

Fin juillet, LVMH avait également indiqué que les ventes de sa division Montres et Joaillerie, longtemps une des plus dynamiques, avaient reculé au premier semestre de 1 %.

Dans un entretien avec le magazine suisse Bilan, Jean-Claude Biver, aux commandes des marques horlogères du groupe depuis mars, dit vouloir recentrer Tag Heuer sur son cœur de gamme.

"Les montres Tag Heuer à 4 000 francs se vendent extrêmement bien, ce qui n'est pas le cas de celles à 8 000 francs et plus (6 500 euros)", a-t-il expliqué.

"Comme les alpinistes à l'assaut de l'Everest, nous faisons un palier pour reprendre de l'oxygène", assure Jean-Claude Biver.

Par Nathalie Olof-Ors

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