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29 sept. 2020
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La jeune création s’affiche à Paris avec Anrealage, Dawei et Ottolinger

Publié le
29 sept. 2020

Alors que la Semaine de la mode est entrée dans le vif du sujet, mardi à Paris, avec ses premiers défilés physiques, la plateforme de la Fédération de la Haute Couture et de la Mode a diffusé en parallèle les vidéos de plusieurs designers. L’occasion de découvrir les stratégies et inspirations qu’a généré la crise du Covid-19 auprès de la jeune création. En particulier, nous avons retenu Anrealage, qui a pensé un vêtement refuge et ludique, Dawei qui s'est recentré sur une esthétique simple et naturelle, tandis qu'Ottolinger a mis en avant son propos radical.
 

La prouesse technique du japonais - Anrealage


Les habits maison et lanterne d’Anrealage

Pour le printemps-été 2021, Kunihko Morinaga renoue avec la technologie en transformant ses délicats vêtements-maison en vêtements-lanterne. Le talentueux créateur du label Anrealage a diffusé mardi une vidéo pleine de poésie tournée au pied du Mont Fuji au Japon, disséminant sur l’immense étendue verte du parc Asagiri dix-huit tentes de toutes les couleurs et les formes.

Toutes sortes de refuges, pensés en référence au confinement, allant du tipi classique en forme de triangle, aux sphères, cubes, et autres hexagones. Fabriqués dans un polyester néon aux propriétés antivirales aux couleurs vives, les toiles de ces tentes se révèlent vite être le vêtement lui-même ! La performance débute, en effet, avec un premier mannequin enfermée dans son tipi blanc. Petit à petit, la tente se déplie et se redresse pour se métamorphoser en un grand manteau à capuche et volants.

Ainsi de suite se dévoilent, sortant de leur tente, toutes les silhouettes aux vêtements amples et impalpables, capes, robe fermière, robe-parachute, manteau-toge… Tous taillés dans des blocs de couleurs vitaminées : orange, vert tendre, turquoise, rose, etc. Avec leur coiffe en multi strates de fins tissus, tels des pétales, leur pèlerine, et leurs tenues aux volumes bouffants, agrémentées de jeux de fronces et de volants, les tenues évoquent la mode des siècles derniers.

Des modèles Arlequin en patchwork de tissus colorés complètent la collection, qui change totalement d’aspect la nuit venue, grâce à la teinture par procédé photochromique utilisée par Kunihko Morinaga pour rendre fluorescents ses vêtements. Et les silhouettes de sortir de leur tente, transformées en lanternes multicolores, pour étinceler dans la nuit comme des lucioles.


Une ballade dans la nature pour le Chinois - Dawei


 
Les jeunes filles en fleurs de Dawei

Pour dévoiler sa collection à travers le support digital, Dawei Sun a choisi de suivre deux jeunes filles à travers une ballade en pleine nature, à travers bois et en barque sur un étang, dans un décor poétique légèrement voilé, qui n’est pas sans rappeler l’univers romantique du photographe David Hamilton.

Mais c’est au Japon, que le créateur chinois a trouvé l’inspiration cette saison à travers les portraits de femmes en kimono du peintre Yuki Ogura aux teintes comme fanées. Les silhouettes sont libres oscillant entre réminiscences du passé et allure contemporaine.

Robe-chemise en popeline de coton blanc aux manches bouffantes, jupe plissée, chemisier à petits dessins, trenchs tartan ou à rayures, tailleur-pantalons twistés par des volants asymétriques, ensembles sombres illuminés par des motifs abstraits d'un bleu pétrole… La collection s’articule autour de pièces fraîches et légères, à la beauté simples, à chaque fois rehaussées par un détail subtil, dans le boutonnage, un pliage, une couture, une encolure drapée.


Le label berlinois invite à trouver les "pouvoirs cachés" que chacun a en soi - Ottolinger


Les mutantes d’Ottolinger

Anges ou démons ? Les jeunes mannequins choisies par Ottolinger ont le pouvoir de se métamorphoser en un coup d’éclair, dans un tourbillon de fumée grise ou dans un jet de flamme, changeant en un claquement de doigts de tenue et d’aspect. Exit la jeune fille au regard doux. Bienvenue à la mutante aux yeux rouge avec son regard laser menaçant, et aux oreilles de Spoke, affublée d’ailes de dragon !

La vidéo réalisée par le photographe suisse Reto Schmid et Actualobjects réinterprète l’inquiétude ambiante, que l’on a pu voir aussi à travers la vidéo futuriste de Marine Serre, non sans humour, les mannequins se trouvant transformées à l’improviste en improbables aliens aux super pouvoirs. Pourtant, cette monstruosité s’adapte idéalement à l’esthétique abrupte presque tribale d’Ottolinger, où les matières semblent se consumer sous le doigté des deux créatrices Christa Bösch et Cosima Gradient.

Il y a quelque chose de sulfureux, en effet, dans cette robe sage à carreaux Vichy consumée par le feu ou dans les anses en plastique carbonisé de ce panier en osier. Le feu a souvent inspiré le label, tout comme les effets de lacets, cordelettes et autres coulisses, que l’on retrouve dans de nombreux modèles de robes, enserrant le corps pour mieux l’emprisonner ou l’embrasser.

"Nous souhaitons que nos vêtements soulignent la personnalité et la force de chacun, les compétences et les capacités, tout en découvrant les pouvoirs que nous ne pensions même pas avoir", expliquent les deux stylistes, qui ont trouvé, comme beaucoup dans cette période étrange, une manière essentielle et vitale d'appréhender le quotidien.

 
 

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