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La longue passion de la Hongrie pour les jeans

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16 juil. 2009

BUDAPEST, 16 juil 2009 (AFP) - La Hongrie, jadis paradis du jeans façon Europe de l'Est au point de lui dédier une chanson qui a remporté un immense succès dans les années 80, n'a pas versé une larme lors de la fermeture récente de l'usine Levi's dans le sud du pays, victime de la crise mondiale.

"Mes Jeans sont tout pour moi", chantait à l'époque Gjon Delhusa, aujourd'hui âgé de 56 ans, un succès hongrois incarnant la liberté et le vent de modernité venant de l'Ouest.

"Cet engouement pour les jeans c'était une véritable folie, car sous le régime communiste ils représentaient l'Occident", explique l'ex-vedette pop à l'AFP. "Une paire de jeans était un véritable trésor qu'on gardait pendant des années, on le soignait, on raccommodait les accrocs, on rajoutait des pièces de tissu si on avait pris du poids", se souvient le chanteur d'origine albanaise.

Dans les années 70, les jeunes Hongrois tentaient l'impossible pour se procurer cet accessoire indispensable pour avoir l'air hippie, comme la tendance à l'ouest. Un peu plus tard, les transporteurs routiers cachaient parfois discrètement des jeans importés par des particuliers entre leurs cargaisons de marchandises.

"On les achetait sous le comptoir à des prix exorbitants au marché aux puces Ecseri", se rappelle Delhusa, encore toujours entièrement vêtu de jeans. Lui-même avait la chance d'avoir de la famille en Allemagne et en Italie qui lui envoyait ces pantalons tant prisés.

"Mon premier jeans était un italien de marque Casucci, acheté par mes grands-parents 1 500 forints alors que ma mère ne gagnait que 4 500 forints. C'était en 1985", se souvient un homme d'affaires hongrois souhaitant rester anonyme.

En 1978, les dirigeants hongrois de l'époque avaient décidé de faire entrer leur République populaire dans la compétition avec la fabrication de sa propre marque "Trapper".

"Le secret de la réussite de Trapper était sa forme", raconte Sandor Nadasi, un fabricant de ces jeans hongrois dans la seule boutique existe encore à Budapest derrière le ministère des Affaires étrangères.

Les Trapper, un nom choisi après un sondage sur une radio et dans un journal de jeunes, n'ont toujours existé qu'en deux coupes, standard et ample et taille haute uniquement, avec une broderie d'un cowboy tirant son cheval sur les poches arrières.

Plus d'un million de ces Trapper ont été vendus en un an entre 1980 et 1981.

"Les athlètes soviétiques comme les touristes polonais les achetaient par centaines pour les revendre chez eux", se souvient M. Nadasi.

"Le Trapper perdait sa couleur rapidement, se déchirait facilement, mais personne ne s'en offusquait", a-t-il ajouté.

Cependant, l'apparition en 1981 du véritable jeans américain Lee -- dont la société d'État Budaflax avait acheté la licence -- a fait perdre très rapidement du terrain à Trapper.

Ce dernier jouit pourtant depuis 1995 d'une seconde vie grâce à M. Nadasi qui a racheté les droits de production. Le nouveau Trapper est cependant fabriqué à partir de tissus denim importés.

"Avec la crise économique actuelle, notre simple but est de maintenir la marque en vie", souligne-t-il en ajoutant qu'il pratique une production "pratiquement familiale".

Quoique très modeste, le Trapper a pourtant été capable de survivre là où le géant américain Levi's a été contraint de fermer ses portes. Après vingt et un ans de production à Kiskunhalas (150 km au sud de Budapest), l'usine Levi's a arrêté sa production fin juin en expliquant sa décision par la chute de ses commandes à l'international, dans l'indifférence totale des amateurs encore nombreux de jeans en Hongrie...

Par Eszter BALAZS

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