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20 juil. 2021
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La vacance commerciale se renforce sur certains axes parisiens

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20 juil. 2021

Alors que les magasins non essentiels ont rouvert depuis deux mois, mais que le variant Delta opère une percée en France, le spécialiste de l'immobilier Knight Frank se penche sur le marché parisien des commerces. Un bilan du premier semestre qui fait ressortir des disparités selon les quartiers de la capitale, où les taux de vacance varient fortement. Ainsi, parmi les grandes artères, le boulevard Saint-Michel s'impose comme la plus sinistrée avec près de 20% de locaux vides, un taux qui "devrait rester durablement élevé".


Pixabay


Sur la Rive gauche, la rue de Rennes ne connaît pas le même marasme: son taux de vacance a légèrement diminué pour se fixer sous les 10% en ce premier semestre 2021 (à 9,2%). Trois arrivées récentes ont notamment permis ce regain, à savoir Alinéa (à la place de Zara), Foot Locker (remplaçant Jules) et Boulanger (ex-H&M et Etam). On note ainsi une évolution du visage de la rue, qui perd des acteurs du prêt-à-porter milieu de gamme – son positionnement historique-, pour s'ouvrir aux secteurs aujourd'hui plus dynamiques de l'équipement de la maison et du sportswear.

D'autres axes, qui enregistrent pourtant de nombreuses arrivées, conservent un taux de vacance relativement élevé. C'est le cas de la centrale rue de Rivoli. "Héritage de difficultés antérieures à la crise sanitaire, celui-ci atteint 14,7 % à la fin du 1er semestre 2021", livre Antoine Salmon, directeur du département commerces locatif chez Knight Frank France. Il liste les arrivées d'Ikea, du concept de gaming E-Spot, de Miliboo et de La Samaritaine (avant l'ouverture d'Uniqlo à la rentrée). En outre, le rapport évoque la baisse de fréquentation des touristes et le développement du télétravail pour expliquer la hausse des emplacements vides sur l'avenue de l'Opéra (13,1%).


Valeurs locatives selon les artères - Knight Frank


Concernant les adresses plus huppées, la vacance s'avère restreinte "sur la plupart des artères du luxe", dont les Champs-Elysées (9,7%), avec de rares prises à bail si ce n'est Restoration Hardware et Saint Laurent), la rue de la Paix (6,2%) et l'Avenue Montaigne (5,4%). Seule la rue du Faubourg Saint-Honoré fait exception avec un taux important de 14,6%, qui est à relativiser selon le spécialiste de l'immobilier: "Les emplacements vides se concentrent en effet près de l’Elysée, notamment entre la place Beauvau et la rue de Duras, secteur sinistré dont la fréquentation a été plombée par les mesures de sécurisation du palais présidentiel".

Au premier semestre, les ouvertures de boutiques de luxe à Paris sont très peu nombreuses (seules onze sont intervenues, alors que d'autres ferment boutique, par exemple Mulberry). Un rattrapage est anticipé pour la deuxième partie de l'année.


Peu de magasins luxe ont ouvert au premier semestre - Knight Frank


On observe également une résistance des rues parisiennes bénéficiant d'une clientèle locale à fort pouvoir d'achat, "dont la consommation a pu se reporter sur le lieu de résidence en raison du télétravail". Ainsi la rue de Passy est quasiment complète (1,2% de taux de vacance), et reste l'objet d'une demande soutenue des marques pour s'y installer.

De même, le Marais résiste bien, malgré le repli des voyageurs internationaux. Le taux de locaux vides de ses deux axes majeurs atteint 4,2% pour la rue Vieille-du-Temple et 6,6% pour la rue des Franc-Bourgeois. "La demande des enseignes y reste élevée dans le domaine de la mode, de l’alimentation-restauration ou des cosmétiques. Le Marais est aussi privilégié par les DNVB, à l’instar des récentes implantations d’Horace, Livy ou encore Bobbies rue Vieille du Temple", pointe Knight Frank, qui rappelle aussi que les marques étrangères privilégient le quartier, en témoignent l'installation récente de la griffe de sneakers Axel Arigato et de celle à venir du label streetwear Stüssy.

Un rebond durable est espéré à Paris dans les prochains mois. "En attendant un retour plus massif des touristes étrangers, les mutations de la consommation, le recentrage sur la clientèle locale et l’ajustement parfois conséquent des valeurs locatives offrent des opportunités aux enseignes", poursuit Antoine Salmon. Ces derniers mois, il faut ainsi noter que des acteurs de la périphérie ont fait leur entrée dans les murs de la capitale, tels que la chaîne Besson Chaussures, le discounter Action et le groupe Easy Cash (avec son nouveau concept de seconde main premium Everso). De quoi remodeler encore les contours du commerce parisien.

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