PARIS, 22 fév 2009 (AFP) - Si la vente aux enchères de la collection YSL/Pierre Bergé atteint les 200 à 300 millions d'euros estimés, elle pulvérisera le record mondial pour une collection privée et redonnera aussi confiance au marché de l'art international mis à mal par la crise.

Photo d'Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé à l'exposition de la collection mise aux enchères, le 21 février 2009 à Paris - Photo : AFP

"C'est un événement fantastique, vraiment un bon coup de promotion pour le marché", estime le marchand d'art londonien Ian Mackenzie, interrogé lors de l'exposition de la collection ce week-end au Grand-Palais, avant sa vente aux enchères de lundi à mercredi. "Il y a eu une presse fantastique, ça va marcher et cela fera revenir la confiance", estime-t-il.

Le record mondial pour la vente aux enchères d'une collection privée est détenu par la collection Victor et Sally Ganz, qui a atteint 163 millions d'euros en 1997 à New York.

Quelques records de vente ont réconforté le marché ces derniers mois, mais les enchères sont globalement restées mornes, avec des prix en chute libre pour des œuvres contemporaines. Même des artistes très connus, comme Francis Bacon, n'ont pas trouvé preneur.

Événement exceptionnel, la vente Saint Laurent-Bergé, avec ses huit commissaires priseurs, sa centaine de lignes téléphoniques et ses 1 200 sièges prévus pour les acheteurs, pourrait renverser la tendance. 732 œuvres rassemblées en 50 ans par le couturier et Pierre Bergé, dont des Picasso, des Mondrian, des Matisse et des pièces Art déco, doivent être dispersées.

"Il n'y aura peut-être pas de record battu, mais la qualité est extraordinaire", a déclaré à l'AFP Jonathan Rendell, vice-président de Christie's pour l'Amérique. "Chaque partie de la collection comporte le meilleur dans sa catégorie: des peintures modernes vraiment fantastiques, de remarquables bronzes de la Renaissance."

S'ajoutent à cela les personnalités d'Yves Saint Laurent et de Pierre Bergé. "Les gens sont très fiers de ce que ces deux hommes ont accompli et très fiers de la collection", souligne M. Rendell.

Selon un concurrent de Christie's qui a souhaité garder l'anonymat, les œuvres sont magnifiques, les prix justes et la vente devrait avoir du succès. "Cela va revigorer le marché", dit-il. "Les gens vont comprendre que l'art est un bon investissement à long terme, que des œuvres comme celles-ci rapportent après 20 ou 30 ans, et qu'acheter de l'art, c'est aussi acheter des pièces avec lesquelles vous pouvez vivre, que vous pouvez apprécier, comme le firent Bergé et Saint Laurent."

La collection est "d'une très grande qualité. Elle se vendra sans doute bien", estime aussi Georgina Adam, journaliste à la revue britannique The Art Newspaper. Il y a toujours de grands collectionneurs aux Etats-Unis et ailleurs, même si les acheteurs russes ont moins d'argent, dit-elle. Selon elle, "l'argent est là quand quelque chose de vraiment exceptionnel se présente".

Mais étant donné le ralentissement économique, la vente "ne changera pas le sort du marché" de l'art, estime-t-elle. C'est un événement ponctuel, "une exception, à cause des gens concernés (Saint Laurent et Bergé), ils sont mythiques et avaient un oeil extraordinaire".

Selon Mme Adam, la vente "pourrait aussi provoquer un regain d'intérêt pour les bronzes et les émaux comme ceux de la collection Bergé-Saint Laurent".

Par Claire ROSEMBERG