AFP
26 févr. 2009
La vente YSL-Bergé réconforte le marché de l'art mais reste exceptionnelle
AFP
26 févr. 2009
Photo : AFP |
Pendant trois jours et 20 heures d'enchères, les records sont tombés les uns après les autres sous la majestueuse verrière de la nef du Grand Palais, chauffée et moquettée pour reçevoir collectionneurs ou marchands qui avaient souvent fait le déplacement de l'étranger.
La vente estimée 200-300 millions d'euros, a cumulé en trois jours 373,9 M EUR, selon les derniers chiffres de Christie's, et battait dès le premier soir le record de vente pour une collection privée.
25 records d'artistes ont été enregistrés, dont Matisse (35,9 M EUR), Brancusi (29,1), Mondrian (21,5), Duchamp (8,9 M), Géricault (9) ou ce "fauteuil aux dragons" d'Eileen Gray qui, acheté 21,9 M EUR, restera dans les mémoires comme le clou de la vente par le prix atteint.
Sans compter le record pour une vente d'arts décoratifs, pour une vente d'argenterie. Quant à la myriade de records réalisés pour des pièces telles que tabatières, coupes ou autres camées, Christie's a renoncé à les compter.
Tous les ingrédients étaient réunis pour faire des enchères un événement, la quantité - 772 lots - la qualité et le "supplément d'âme" apporté par la personnalité d'Yves Saint Laurent, disent les spécialistes.
Elle est "exceptionnelle", dit François de Ricqlès, vice-président de Christie's France qui a co-organisé les enchères avec Bergé et Associés. "Elle aura des incidences sur la façon dont la place de Paris est perçue, mais pas sur les prix du marché", ajoute-t-il.
Pour John Herring, marchand d'art à New York, "impressionné" par certains prix, cela "peut donner confiance dans le fait que l'art est encore un investissement. Mais c'est un événement unique", souligne-t-il.
On a pu voir "que le marché n'est pas au creux de la vague, qu'il réagit bien. C'est réconfortant", estime pour sa part le commissaire-priseur Dominique Ribeyre, les "grands marchands étaient tous là, il y a des collectionneurs qui ont les moyens".
"L'art devient une valeur-refuge. Celui qui a acheté un tableau à 30 M EUR n'a pas fait une mauvaise affaire, moins mauvaise que s'il avait investi dans des produits financiers", ajoute-t-il.
Et les Français sont contents. Pierre Bergé lui-même, mercredi soir, a répété qu'il "avait voulu ramener le marché de l'art à Paris. Et je l'ai fait", a-t-il ajouté, en souhaitant que d'autres ventes importantes y aient lieu.
"C'est important pour la place de Paris", estime François Laffanour, de la galerie DownTown, "dans le contexte actuel où New York est marqué par la crise, la France paraît moins touchée".
Les prix records, pour des œuvres quelquefois uniques, ont reflété le marché. "Nous avons essayé, dans nos estimations, de ne pas rajouter la plus value de la provenance, c'est à nos acheteurs de le faire", assure Philippe Garner, responsable international chez Christie's.
Ils l'ont fait. Un chef d'entreprise des Yvelines, emportant à 80 000 euros (sans frais) deux lampadaires estimés 15 000, affirmait qu'"avoir quelque chose de Saint Laurent, c'est comme avoir un Cézanne". Comme devait le penser cet anonyme achetant un poignard moghol, l'estimation la moins chère de la vente à 400 euros, à ... 22 000 euros.
Par Fabienne FAUR
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