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Paul Kaplan
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12 févr. 2019
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Lafont 1844 : Louis-Marie de Castelbajac revisite le bleu de travail

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Paul Kaplan
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12 févr. 2019

Wikipedia pourrait essayer de vous induire en erreur... mais ce sont bien les Français qui ont inventé la salopette. L'emblématique vêtement de travail a été créé par la société lyonnaise Lafont, qui s'apprête à revenir sur le devant de la scène mode, sous la direction de Louis-Marie de Castelbajac.


Lafont 1844 par Louis-Marie de Castelbajac


Fils du célèbre créateur Jean-Charles de Castelbajac, Louis-Marie a dévoilé cette semaine ses premières idées pour la marque historique, un mélange inédit de classicisme ouvrier, de finitions techniques et de clins d'oeil visuels.
 
« L'objectif : créer des vêtements de travail contemporains et intemporels. Revenir aux originaux et les enrichir de certains détails. Une veste de travail, c'est un peu comme un couteau suisse », s'enthousiasme Louis-Marie, 35 ans, qui ressemble plus à un rugbyman qu'à un couturier.

La collection, baptisée Lafont 1844 par Louis-Marie de Castelbajac, propose de nombreux classiques revisités : des vêtements de travail ton sur ton, avec des bandes réfléchissantes en nylon pour la nuit ou de petites poches au poignet. Et des poches secrètes dans presque toutes les vestes : « Il y a des poches partout, comme il se doit ».

Louis-Marie a ajouté des gravures datant de 1844, trouvées à Lyon, sur des tee-shirts et sur l'invitation au lancement de cette semaine. Pour les filles les plus branchées, le jeune créatif propose des salopettes et des combinaisons plus fines et ajustées. Comme son célèbre père, il a beaucoup d'humour, comme en témoigne sa ceinture Mètre, un mètre-ruban en cuir.

« Il s'agit de revenir au côté fonctionnel de la mode, en incorporant l'esthétique intemporelle des vêtements de travail », explique Louis-Marie. La boutique branchée The Webster à Miami a commandé des pièces spécifiques, qui seront mises en vente au détail en septembre. Les consommateurs les plus impatients peuvent déjà précommander des pièces classiques sur le site de Lafont pour se faire livrer en mars. 

Situé au cœur du Haut-Marais, en face du célèbre restaurant Anahi, le showroom restera ouvert pendant toute la saison du prêt-à-porter féminin à Paris, début mars. Un espace au coin d'une rue présente des pièces iconiques, dont une veste indigo, qui ressemble à s'y méprendre à celle portée par Jean Gabin dans La Bête Humaine ; deux salopettes délavées et rapiécées qui datent de 1910... Au cours de son histoire, Lafont a également travaillé la moleskine de soie, ou de lin, comme sur une pièce de 1870 exposée dans le showroom, dont la patine est tout simplement sublime.
 
« Ces vêtements pourraient être garantis un siècle », sourit Louis-Marie, qui a également choisi d'exposer d'anciennes couvertures du Vogue Hommes des années 1970, lorsque les vêtements de travail sont devenus des pièces de mode à part entière. 

Leçon d'histoire : la salopette a été inventée en 1844 par Adolphe Lafont, alors propriétaire d'un magasin de textile à Lyon. Celui-ci, interpellé par la croissance du marché des vêtements de travail dans une France qui s'industrialisait rapidement au milieu du 19e siècle, crée le premier pantalon de menuisier. La version américaine de Wikipedia affirme que c'est Levi Strauss qui l'a imaginée pour la première fois, dans les années 1890...

Aujourd'hui la marque est toujours basée près de Lyon, à Villefranche-sur-Saône, la capitale du Beaujolais.

Louis-Marie de Castelbajac souhaite réinterpréter le look Gabin et utiliser davantage de matériaux recyclés. Tous les tissus sont conçus en France, mais la fabrication des vêtements est assurée principalement par les usines Lafont à Madagascar.


Une veste comme celle portée par Jean Gabin dans La Bête Humaine


Lafont fait désormais partie de Cepovett, premier fabricant européen de vêtements de travail, avec un chiffre d'affaires annuel d'environ 150 millions d'euros. La marque française a été rachetée il y a trois ans par la famille lyonnaise de Nicolas Sandjian, un homme d'affaires franco-arménien.
 
Louis-Marie a contacté Lafont pour la première fois il y a quatre ans avec le « rêve de faire un Levi's à la française ». À l'époque, la caisse de retraite, propriétaire de la marque, avait dit non. « Mais quand Cepovett est arrivé, ils m'ont appelé pour me dire qu'ils étaient tombés sur mon courriel et qu'ils voulaient en discuter. Je travaille sur ce projet depuis un an et demi. Je me suis occupé de relancer la marque et de créer quelque chose de vraiment solide », explique-t-il.

Avant de rejoindre Lafont, Louis-Marie s'est fait la main en dessinant la collection « Lignée" pour son père. Entrepreneur né, il a même lancé sa propre marque d'Armagnac, appelée « 700 », en référence à la date de fondation de la famille de Castelbajac, en Gascogne. Reconnue pour ses emballages décalés - comme des gilets de flanelle pour habiller les bouteilles - 700 connaît un succès important, notamment sur Internet et en Chine. Comme dans Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain, Louis-Marie photographie ses bouteilles dans des lieux exotiques à côté d'un nain de jardin, un périple cocasse documenté sur son compte Instagram

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