Le Marais séduit jusqu'à un spécialiste de l'immobilier commercial

Auteur :

Jean-Paul Leroy

Publié le
12 nov. 2013

Faut-il y voir une sorte de consécration ? Jusqu’à présent, les spécialistes de l’immobilier commercial, qui plus est à dimension internationale, s’intéressaient à Paris aux Champs-Elysées, à la rue du Faubourg Saint-Honoré, à l’avenue Montaigne parfois et, depuis quelques saisons, à la rue Saint-Honoré.

Cette fois, c’est le Marais qui a les honneurs d’un focus rédigé par le cabinet CBRE. Celui-ci place d’ailleurs la barre très haut. Le Marais est "désormais un quartier parisien branché, à l’image de Soho à New York, Covent Garden à Londres et Las Ramblas à Barcelone. Il est la destination touristique et shopping à la mode et par conséquent une cible privilégiée par les enseignes internationales dans leur développement parisien".

Le cabinet immobilier en tire plusieurs conclusions: "La forte demande se heurte désormais à une offre limitée, avec peu de grandes surfaces. Ce déséquilibre a fait rapidement progresser les loyers et les montants de cessions de bail demandés par les cédants. Le Marais est devenu une véritable marque, comme l’illustre récemment la stratégie adoptée par le BHV. L’enseigne a repensé son identité et a choisi de se rebaptiser BHV Marais pour attirer une clientèle urbaine, chic et moderne", écrit le spécialiste de l’immobilier commercial.

Pour CBRE, comme pour d’ailleurs nombre d’acteurs, le succès du Marais tient à la fois à sa situation au cœur historique de Paris, avec ses monuments et ses musées, et à l’évolution de sa population jeune, branchée, artiste.

Par conséquent, évidemment, le quartier est très demandé, notamment par de grandes enseignes internationales. Le document fait notamment référence à l’implantation d’Uniqlo, au 39 rue des Francs-Bourgeois sur 950 m² de surface de vente. "Cette boutique sera le plus grand point de vente du Marais, plutôt coutumier de surfaces se situant en dessous de 200 m²", souligne CBRE.

En précisant: "La taille des boutiques dans le Marais est comprise entre 50 et 150 m². Les enseignes doivent donc être en mesure de s’adapter à ce type de format". Ainsi, l’étude cite comme un des exemples l’implantation de Michael Kors sur 80 m² rue des Francs-Bourgeois.

CBRE relève d’ailleurs l'absence d’offres dans cette rue comme dans la rue des Rosiers, où All Saints vient de s’implanter à la place de Lee. "Par manque d’offres, les rues adjacentes connaissent un intérêt croissant, à l’image de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie où des enseignes comme Levi’s, Diesel et récemment Casio se sont positionnées", souligne le spécialiste de l’immobilier commercial.
Casio, justement, y ouvre au 5 de la rue 62 m² pondérés pour 1 729 euros/m², son premier point de vente en France, "signe que le Marais est là où il faut être".

Dans son document, CBRE évoque des valeurs locatives références concernant les différents secteurs. Exemples: rue des Francs-Bourgeois, entre la rue Vieille du Temple et la rue Elzévir, il faut compter une valeur locative par mètre carré pondéré évoluant entre 3 500 et 5 000 euros. Mais elle s’établit entre 2 500 et 3 000 pour la partie comprise entre la rue Elzévir et la rue de Sévigné.

Rue des Rosiers, entre la rue Duval et la rue Pavée, la valeur locative se situe entre 3 000 et 4 000 euros, mais entre 2 000 et 2 500 entre la rue Vieille du Temple et la rue Duval. Rue Vieille du Temple dans sa partie la plus vivante, entre la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie et la rue des Francs-Bourgeois, la valeur locative s’affiche entre 2 500 et 3 500 euros. Moins chère, la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, entre la rue des Archives et la rue Vieille du Temple, connaît des valeurs locatives se situant entre 1 000 et 1 500 euros/m² pondéré.

CBRE relève dans son document une question récurrente et sans nul doute essentielle pour le devenir commercial de certaines des rues du quartier: l’ouverture des commerces le dimanche.

Aujourd’hui, souligne le document, seules la place des Vosges, les rues d’Arcole et des Francs-Bourgeois ont une autorisation effective d’ouverture le dimanche. D’autres commerçants dans les rues voisines ouvrent le dimanche en toute illégalité depuis plusieurs années. Mais l’inspection du travail a commencé à sévir. "La fermeture imposée pourrait être lourde de conséquences pour ces commerçants qui réalisent près de 20 % de leurs ventes le dimanche", souligne CBRE.