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Le dialogue du couturier Yves Saint Laurent avec l'art

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AFP
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18 févr. 2009


Photo : AFP
PARIS, 18 fév 2009 (AFP) - 1965. Yves Saint Laurent crée la collection "Mondrian" car "les lignes rigoureuses des tableaux collaient très bien avec le corps féminin". Le peintre néerlandais sera le premier d'une longue série, preuves des liens que le couturier a tissé entre haute couture et art.

"J'ai de tout temps été passionné par la peinture, il était donc naturel qu'elle inspire mes créations", racontait en 2004 le couturier à l'occasion d'une exposition intitulée "Yves Saint Laurent, dialogue avec l'art".

La question qui se posait à lui était toujours "comment faire basculer un univers dans l'autre sans en faire une caricature", explique à l'AFP Florence Muller, historienne de la mode et commissaire d'une rétrospective consacrée en 2008 au couturier à Montréal et à San Francisco.

Ainsi la robe Mondrian : "c'est un vrai vêtement très agréable à porter, dans lequel le corps se sent libre, complètement dans l'esprit des années 60".

"Il a pu réaliser ce projet grâce à l'utilisation d'un jersey doté d'une épaisseur, d'une tenue naturelle parfaite pour obtenir l'effet de géométrie. Il a travaillé avec la technique de l'incrustation. Chaque élément noir, rouge, jaune et blanc, sont des éléments découpés dans des jerseys de couleur différente et remontés les uns par rapport aux autres comme un espèce de vitrail".

Avec les vestes Van Gogh (Iris ou Tournesols), "il a utilisé les richesses de la broderie pour retrouver l'effet pictural" et notamment "l'épaisseur de la pâte propre à Van Gogh qui se retrouve dans les couches de broderies" mais aussi "les effets de lumière ou d'ombre" par l'utilisation de paillettes mates ou brillantes.

Sur une robe longue hommage à Braque, "l'oiseau se transforme en collier qui entoure le cou, les épaules et se place devant pour relever un drapé", note-t-elle.

"Derrière Yves Saint Laurent et cet amour de l'art, il y a un vrai couturier qui a fait évoluer son métier en recherchant des solutions par rapport à ses pulsions créatrices", dit encore Florence Muller. Il y a un "vrai vêtement qui n'est pas une transposition plate d'un tableau mais un travail sur le tridimentionnel propre à la mode".

Les robes Matisse sont aussi des références. "Le chromatisme de Matisse a joué un rôle essentiel dans la vie et l'œuvre" du couturier qui a été "un des plus grands coloristes de son temps", raconte Pierre Bergé dans un livre d'entretiens à paraître chez Actes Sud.

Si d'autres couturiers ont été collectionneurs comme Jacques Doucet (1853-1929), ce dernier a "toujours marqué une frontière entre son travail de couturier qu'il assimilait à un travail industriel et commercial et son oeuvre de collectionneur et de mécène", souligne Mme Muller.

Avec Saint Laurent, "sa collection d'art a un sens par rapport à ses créations" conclut-elle.

Pour les antiquaires Alexis et Nicolas Kugel, dont la maison a fourni nombres d'objets au couple, la rue de Babylone où vivait Yves Saint Laurent, était en fait "plus représentative de son sens artistique que sa couture", une "œuvre d'art dont chaque objet, chaque tableau, sculpture ou meuble est une touche de peinture".

Pour Alicia Drake, auteur de "Beautiful people" avec cet appartement, Yves Saint Laurent voulait faire partie des "arbitres du goût", "être considéré l'égal d'une Marie-Laure de Noailles, d'une Misia Mert (des mécènes, ndlr), d'un Jacques Doucet, tous ceux qui ont atteint l'immortalité parisienne par la sûreté et la distinction de leur jugement esthétique".

Par Dominique AGEORGES

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