Anaïs Lerévérend
25 juin 2015
Le folk, tendance de fond selon le bureau Martine Leherpeur
Anaïs Lerévérend
25 juin 2015
Difficile de nier en ce moment même que la saison printemps-été 2015 est sous influence seventies. Une tendance claire et nette que de nombreuses marques et enseignes de mode féminine se sont approprié, à des degrés différents. Une tendance qui devrait pourtant perdurer et ne pas tomber dans l’overdose, si l’on en croit le cabinet de conseil Martine Leherpeur.
Celui-ci a en effet consacré une étude à ce qu’il appelle la tendance « folk », lui conférant le statut de « tendance de fond ». Au même titre que le rock il y a peu, et au même titre que le pop l’an prochain, Martine Leherpeur Conseil a hissé le folk au rang de phénomène au long cours. Une pérennité que le cabinet attribue notamment à son ancrage dans des problématiques sociétales et dans plusieurs disciplines. Pour le courant rock, comme le folk ou le pop, le pendant musical est naturellement évident, même si ce n’est pas sa seule autre retranscription.
Pour les analystes de l’agence, la nostalgie prédomine aujourd’hui en matière de mode, mais il faut pour cela un terreau sociétal qui permette aux nouvelles générations de s’identifier dans les précédentes. En commun avec les années 1970, la coexistence d’une crise politique et économique, explique le cabinet MLC. Mais là où le mouvement rock montre en réaction un visage plutôt sombre, le folk se présente comme une alternative plus optimiste, ou au moins une respiration.
Un courant profondément structurant donc selon le cabinet, qui a jusque-là plutôt donné lieu à une interprétation « premier degré » par les marques. Une retranscription tellement fidèle à l’esprit et à l’imagerie des seventies qu’on s’y méprendrait presque parfois, entre des photographies de mode de l’époque et celles proposées aujourd’hui dans des campagnes. Pour réussir à surfer durablement sur le courant, « l’enjeu finalement pour les marques sera de dépasser le premier degré, de parvenir à renouveler le folk », affirme Sabrina Pélissier.
Pour cela, le cabinet voit plusieurs pistes à suivre pour les marques. La tendance flower power par exemple est évidemment simple à retranscrire en motifs, mais devra trouver des prolongements. En termes de lifestyle, la passion du jardinage sera à creuser, et en termes de produits, on pourra poursuivre sur la voix de l’imprimé, mais on pourra travailler la fleur comme un motif composite. L’on pourra également se convertir à l’uni, avec une silhouette inspirée du printemps pastoral, des robes et des blouses très oversize qui ne paraîtront pourtant pas monacales grâce à une dentelle ou des coloris épices par exemple.
Autre sentier à explorer, celui du folk nomade. La tendance aux inspirations ethniques et folkloriques ne devrait pas s’effacer complètement, mais là où on la jouait en silhouette complète, là encore premier degré, on passera à un mix d’influence. Pourquoi ne pas marier le wax et l’allure kimono par exemple, entre autres mix and match possibles...
Enfin, autre sillon à creuser, MLC évoque également l’artisanat et l’esprit de communauté. S’il n’est plus question de Larzac ici, les collectifs de créateurs, les résidences d’artistes résonnent en écho avec la notion de communauté. Le cabinet parle notamment de « country hipsters », attachés au fait-main et aux objets durables et fétiches, comme l’indispensable chapeau.
Outre cette tendance du « bel objet bien fait » et la mise en avant des savoir-faire, l’esprit artisanal pourrait se retrouver dans une tendance « workwear » affirme les dénicheurs du cabinet. L’allure serait loose : avec un poncho radical et oversize, un flare raccourci feu de plancher, ponctuée donc par un chapeau. Côté matières, cuir et denim coexisteraient ici, mais avec une approche brute pour ce dernier, à bords francs et quasi sans finition. Une piste parmi d’autres donc pour les marques, afin que subsiste l’esprit folk pour les saisons à venir.
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 FashionNetwork.com