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Le gant de Millau : hors du luxe point de salut

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AFP
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14 sept. 2007

MILLAU (Aveyron), 14 sept 2007 (AFP) - Derrière la façade de l'ancienne maison Guibert, vestige d'une époque où le gant faisait la prospérité de la petite sous-préfecture de Millau dans l'Aveyron, Causse, le plus ancien des gantiers de la ville, a trouvé depuis 2003 une seconde vie dans le très haut de gamme.


Créations de la Maison Causte, le plus ancien des gantiers de Millau

Le pari était osé dans une ville où la production locale -qui se chiffrait au début des années 60 à près de 5 millions de paires de gants- était au bord de la disparition.

Pour Olivier Causse, arrière-petit-fils du fondateur de la manufacture et héritier du savoir-faire de la famille, le salut passait par le grand luxe avec des créations originales dessinées par deux stylistes plusieurs fois primés: Manuel Rubio et Nadine Carel.

Deux entrepreneurs, Gérard Boissins et Jean-Louis Costes, "relanceurs" du couteau Laguiole, redessiné par Philippe Starck, complètent l'équipe qui, affirme Manuel Rubio, veut "imposer la marque Causse pour le gant de luxe 100 % made in Millau".

A la fin de septembre, Causse inaugurera sa boutique parisienne au coeur du monde du luxe, rue de Castiglione.

La survie de Causse, fondée en 1892, passait aussi par une récupération du savoir-faire des coupeurs, couturières et petites mains et de leurs secrets. A Millau, au moment de la relance de Causse, ils n'étaient qu'une poignée à savoir tirer, étavilloner, mettre à l'humide, raffiler et garnir.

Un patrimoine qui a failli disparaître -le CAP de coupeur n'existe plus- alors qu'il y a moins d'un demi-siècle 6 000 personnes employées dans une centaine de ganteries maîtrisaient tous les secrets de la peau d'agneau et de chevreau.

Avec 30 personnes employées à la production dans un atelier-showroom de bois, verre et béton dessiné par l'architecte Jean-Michel Wilmotte sur un espace de 1 700 mètres carrés, la maison Causse produit quelque 25 000 paires de gant par an, dont 80% sont des commandes de grands noms du luxe comme Hermès, Chanel, Lacroix, Vuitton et Givenchy. Pour son usage, Karl Lagerfeld y a commandé 200 paires "personnalisées" (aux doigts coupés à la hauteur de la première phalange).

Face à ce "géant" du gant de luxe, qui annonce un chiffre d'affaires de 1,7 million d'euros, une femme, Mary Beyer, se bat pour maintenir un autre nom prestigieux de la ganterie millavoise, Lavabre Cadet, qu'elle a racheté en 2000.

Avec une poignée d'employés qui fabriquent 1 000 à 2 000 paires de gants par an, Mary Beyer, ancien mannequin et créatrice de bijoux, a pour ambition de "faire partager le goût du beau" avec pour mots d'ordre "exigence, passion et savoir-faire".

Dans un manoir du XVIIIe siècle, fatigué par le temps, dont elle a fait ses bureaux et ateliers, cette mère de cinq enfants à l'enthousiasme communicatif, est spécialiste du gant sur mesure en chevreau mais aussi en pécari, vison, autruche et crocodile.

Lavabre Cadet, longtemps fournisseur exclusif des plus prestigieuses maisons de couture parisiennes, obtient encore des commandes de maisons comme Carven, Vuitton ou Balenciaga mais satisfait aussi les demandes de particuliers, de marques automobiles comme Lexus pour des gants de conduite ou encore de costumiers de cinéma.

Mary Beyer, membre du très exclusif "Grands Ateliers de France", rappelle avec fierté que Penelope Cruz et Salma Hayek, qui portaient ses gants dans "Bandidas", ont demandé à les garder à la fin du tournage. Il y a eu aussi Catherine Deneuve dans "Palais Royal" ou encore John Malkovich.

Elle évoque aussi les élégants et les excentriques qui lui demandent de se déplacer à l'étranger pour prendre les mesures de leurs mains et passent des commandes de plusieurs dizaines de paires de gants.

Par François CASTERAN

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