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15 nov. 2016
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Le lunetier LOGO placé en liquidation judiciaire

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AFP
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15 nov. 2016

Le fabricant de lunettes jurassiens LOGO, qui emploie environ 170 salariés en France, a été placé mardi en liquidation judiciaire « avec effet immédiat » par le tribunal de commerce de Lyon.

Sébastien Bozon-AFP


L'entreprise, créée en 1896, était en difficulté depuis le retrait de licences accordées par le numéro un mondial du luxe LVMH, son donneur d'ordre exclusif. Elles lui avaient permis d'être le fabricant exclusif des lunettes haut de gamme TAG Heuer et Fred, deux filiales du LVMH, pendant une vingtaine d'années.

« La liquidation judiciaire a été prononcée avec effet immédiat », a indiqué à l'AFP le responsable du comité d'entreprise de LOGO, Sébastien Mignottet, qui a fait le déplacement à Lyon avec une vingtaine de salariés.

Un autre lunetier jurassien, Cémo, s'était déclaré intéressé par la reprise de 34 salariés, des brevets et du patrimoine du Groupe LOGO, à la condition que la marque TAG Heuer signe un contrat de licence avec son partenaire commercial. Mais confronté au refus de TAG Heuer, Cémo avait annoncé le retrait de son offre mercredi dernier, sonnant le glas pour la société LOGO, basée dans la vallée de la lunette à Morez (Jura) qui emploie 172 salariés en France et environ 250 à l'étranger, notamment en Indonésie, aux États-Unis, en Australie et en Italie.

« On ne s'est pas mis d'accord sur les termes et les conditions de la licence », a reconnu un porte-parole de LVMH.

Le groupe LOGO réalisait 40 millions d'euros de chiffre d'affaires grâce aux produits LVMH (97 % pour TAG Heuer et 3 % pour Fred) qui était devenu son donneur d'ordre exclusif. Mais en décembre 2015 le leader mondial du luxe, qui détient une soixantaine de marques, dont Louis Vuitton, Fendi, Sephora, Berluti ou encore Hennessy et qui a réalisé 35,7 milliards d'euros de ventes en 2015, a annoncé au lunetier qu'il lui retirait les licences TAG Heuer et Fred.

LVMH, a indiqué à deux reprises dans un communiqué que « TAG Heuer n'est aucunement responsable de la situation actuelle de la société LOGO mais a, bien au contraire, soutenu, autant qu'il était possible, cette société , qui gérait, il y a encore quelques années, près d'une dizaine de licences ».

« Le principal responsable de la situation actuelle, c'est la gestion défaillante de la direction de l'entreprise », a déclaré à l'AFP le porte-parole de LVMH. « Les licences ont été retirées à LOGO parce que l'entreprise n'était plus au niveau, elle accumulait les pertes d'année en année et ne répondait plus ni à nos critères, ni à notre cahier des charges », a-t-il expliqué.

D'après lui, la société jurassienne a réalisé 33 millions de ventes en 2015, soit une baisse de plus de 37 % par rapport à 2011. « Mais nous avons prolongé la licence jusqu'à fin 2017, pour que l'entreprise ait le temps de trouver de nouveaux clients », a-t-il souligné.

« Certaines décisions stratégiques de notre direction ont mis l'entreprise en difficulté, mais c'est LVMH qui nous a condamnés en refusant de signer avec Safilo, le partenaire de Cémo », accuse pour sa part Sébastien Mignottet. « La situation et l'avenir des salariés de LOGO ont été considérés avec un mépris total des puissants, LVMH et TAG Heuer, alors que les salariés ont montré une attitude constructive et la volonté de continuer à travailler avec eux », a-t-il ajouté.

La fermeture de la dernière grande manufacture lunetière de France « symbolise un abandon du savoir-faire français et le déclin de l'industrie de la lunette », s'insurge-t-il.

Dans la vallée morézienne, où l'industrie de la lunette est née en 1796, les fermetures et les délocalisations d'entreprises se multiplient depuis une vingtaine d'années, au profit de l'Italie et de l'Asie, où les coûts de main d'oeuvre sont moindres.

Le nombre d'emplois liés au secteur dans la capitale française de la lunette est ainsi passé de 4.500 dans les années 80 à 1.600 environ en 2016, répartis dans une quarantaine d'entreprises de tailles très différentes.

« C'est dramatique et rageant d'assister à la disparition d'un tel savoir-faire », déplore le maire de Morez (5.000 habitant), Laurent Petit, qui regrette « qu'il n'y ait pas eu la même mobilisation que pour Alstom Belfort et ses 400 emplois ».

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