AFP
23 sept. 2013
Le magasin Sephora des Champs-Elysées devra fermer le soir au grand dam de certains salariés
AFP
23 sept. 2013
PARIS, 23 sept 2013 (AFP) - Le parfumeur Sephora (groupe LVMH) devra, sous huitaine, fermer son magasin situé sur les Champs-Élysées à 21 heures, selon la décision de la cour d'appel de Paris rendue lundi. Une astreinte de 80.000 euros par infraction et par salarié sera appliquée, selon la décision. L'enseigne a aussitôt annoncé qu'elle allait se pourvoir en cassation et une partie des salariés protestent.
"Nous avons gagné sur toute la ligne. Sephora est condamné par la Cour d'appel de Paris à fermer à 21H00 sous huitaine et sous astreinte de 80.000 euros par infraction constatée et par salarié", a commenté devant la presse Karl Ghazi (CGT). Le tribunal a statué sur la demande des syndicats du Clic-P (intersyndicale du commerce de Paris CGT, CFDT, FO, SECI, SUD et CGC), qui reprochaient à Sephora d'ouvrir son magasin des Champs-Elysées, vendredi et samedi jusqu'à 01H00 et jusqu'à minuit les autres jours.
Sephora, qui réalise 20% de son chiffre d'affaires après 21H00, a indiqué dans un communiqué avoir pris "acte de la décision rendue ce jour" et décidé "de se pourvoir en cassation". Ce pourvoi n'est pas suspensif.Le distributeur de parfums a assuré qu'il allait "respecter la décision de justice".
Il a également ajouté qu'il allait "étudier rapidement les conséquences de cette décision pour l'emploi". "Plus de 50 personnes, toutes volontaires, étaient en effet employées pour permettre d'ouvrir le magasin à la clientèle touristique des Champs-Elysées", souligne la direction de Sephora qui précise qu'elle "fera tout pour qu'il n'y ait pas de licenciement". Le magasin compte 200 salariés dont 58 travaillent le soir.
"Un coup de poignard", selon une salariée
Tous vêtus de l'uniforme de l'enseigne - un tee-shirt noir à manches courtes avec la marque dans le dos -, une cinquantaine de salariés de Sephora étaient venus au tribunal pour dire qu'ils voulaient "continuer à travailler le soir". Ils ont rappelé que la plupart des salariés du soir avaient signé une pétition, publiée dans plusieurs quotidiens.
"C'est un coup de poignard" donné par les syndicats, a résumé Inesco Sampiecro, l'une des vendeuses, à l'AFP. "Ils empêchent les salariés qui veulent travailler plus et gagner plus de le faire", a renchéri Sandra Da Costa, déléguée générale CFCT, premier syndicat de l'enseigne.
Pour Eric Sherrer, du Clip-P, la pétition des salariés, "financée par Sephora, a été un vrai chantage à l'emploi". "Présentée par leur chef de service ou leur responsable, les salariés n'ont eu d'autre choix que de la signer", a-t-il affirmé à l'AFP. Il estime également que "la justice a frappé très fort avec cette astreinte" et que "cela veut dire que si à 21H30, on constatait qu'il y a 70 salariés présents, le parfumeur aurait une amende de 70 fois 80.000 euros".
Selon la déléguée centrale SUD, Djilla Delahaye-Yelmani, "Sephora voulait généraliser le travail de nuit à tous les magasins et nous, on dit non", a-t-elle ajouté. "Totalement faux", a répondu la direction, soulignant que les Champs-Elysées étaient "une zone touristique atypique".
La décision a été "scrutée de très près par les responsables syndicaux des divers magasins parisiens comme les Galeries Lafayette, le BHV, Monoprix, Abercrombie & Fitch ou bien Marionnaud", a assuré à l'AFP, Céline Carlen, déléguée CGT des Galeries Lafayette du boulevard Haussmann, présente à la sortie du tribunal.
"Pour la cour d'appel, il y a une évidence : Sephora viole la loi", a relevé Stéphane Kadri, avocat du Clic-P. Sur le travail nocturne, la loi dispose que le recours au travail entre 21H00 et 06H00 est en principe exceptionnel et doit être justifié par la nécessité d'assurer la continuité de l'activité économique ou des services d'utilité sociale. Une autre période de travail de nuit peut toutefois être prévue par un accord de branche ou d'entreprise.
En première instance, en décembre 2012, le tribunal de grande instance de Paris avait estimé qu'il n'y avait pas lieu à référé sur la demande des syndicats. Ils avaient fait appel.
Par Christine BERTRAND NIELSEN
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