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Le maquillage au fil de l'histoire s'expose sans fard à Lyon

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AFP
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7 févr. 2013

LYON, 07 fév 2013 (AFP) - Des boîtes à mouches et fards blanchissants du XVIIIème siècle jusqu'aux poudriers actuels sophistiqués: après Hong Kong, Lyon accueille plus de 200 pièces rares de l'art du soin et du maquillage, reflétant l'évolution de la femme jusqu'à nos jours.

De grandes maisons, notamment Guerlain et Givaudan, ainsi que des particuliers, dont l'expert Jean-Marie Martin-Hattemberg, qui est aussi commissaire de cette exposition aux musées Gadagne intitulée "Le teint entre en scène", ont ouvert leurs collections.

Une première mouture en a été présentée en 2012 à Hong Kong dans le cadre du "French May Arts Festival", dédié aux arts français, dans une Asie friande du luxe hexagonal. Ces objets de beauté retrouvent un écrin naturel à Lyon, à la fois ville du théâtre, dont est issu le maquillage, et ville de la cosmétique, entre industrie pharmaceutique et chimie.

Dès le XVIème siècle en Italie, "les acteurs de la commedia dell' arte portaient des masques très maquillés et expressifs, pour être vus de loin, puis les acteurs eux-mêmes se sont maquillés", retrace Anne Camilli, seconde commissaire.

La comédienne Marguerite Montansier fonde au XVIIIème siècle la maison Dorin, qui fournit la Cour. Ses poudres sont présentées à Lyon aux côtés de boîtes à mouches, ces touches de velours noir comme autant de grains de beauté, apposées sur le visage de la "discrète" ou la "coquette", selon les jours.

Des flacons à sel ou vinaigre, pour corriger les humeurs de ces dames, côtoient un coffret exceptionnel remontant aux années 1780 de Gervais-Chardin, parfumeur du Roi, ainsi qu'une coiffeuse de la même époque.

"descendu dans la rue"

"Très progressivement, le maquillage lui-même, qui était réservé aux comédiennes, chanteuses et filles de mauvaise vie, est descendu dans la rue", au cours du siècle suivant, poursuit Anne Camilli.

Les boîtiers en nacre, ivoire ou encore écailles, reflétant le caractère précieux de ce qu'ils renferment, se font toujours plus raffinés et innovants. Dans la salle consacrée au XXème siècle, des étuis d'inspiration art déco voisinent avec un "Bird in hand" de Dali, comprenant rouge à lèvres, pilulier et sous son aile un poudrier.

Une paire de jumelles de théâtre des années 1920 cache bâton de rouge et fard. Autres oeuvres d'art, des masques vénitiens Elizabeth Arden de 1945-1950, et des mains dorées "Golden Gesture" signées Volupte, font office de poudriers.

L'exposition montre aussi comment la frontière entre maquillage et soin tend à s'estomper au fil du temps. La crème Simon, créée à base de glycérine par un pharmacien lyonnais en 1860 pour réparer la peau des lavandières, et dont des pots d'origine sont présentés, devient une sorte de crème Nivea de la Belle Epoque.

Guerlain, fondé dès 1828, lance dix ans plus tard sa "crème à la fraise", la préférée de Sissi impératrice d'Autriche, puis avant la Guerre de 1914 "Secret de Bonne Femme" aux vertus hydratantes. Puis, selon le commissaire Martin-Hattemberg, d'une "obsession pour une peau lactée", la grande maison française bascule dans la couleur et le hâle, avec ses poudres Terracotta.

"Au XIXème siècle, la bourgeoise est blanche sous son ombrelle. Au XXème, la garçonne émancipée se fait bronzer", résume-t-il.

Lors d'une visite du musée, le directeur de la recherche de Guerlain, Frédéric Bonté, se plaît à relever: "De produits naturels et faits à la main, on est passé à des produits technologiques, dont le but est toujours de trouver le juste teint, celui qui révèle la personnalité et les émotions que la femme veut faire apparaître".

Par Anne Pascale REBOUL

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