Le modernisme classique de Carolina Herrera au Shed

Auteur :

Godfrey Deeny

Traduit par
Marguerite Capelle

Publié le
11 févr. 2020

Brillante démonstration de mode moderniste chez Carolina Herrera, présentée de façon grandiose dans un nouveau bâtiment monumental à Hudson Yards, un jour de grisaille, durant la Fashion Week new-yorkaise.
 

Il s’agissait de ce bâtiment du West Side au nom improbable, The Shed (le hangar). Cet espace high-tech qui culmine à 60 mètres de hauteur était l’écrin idéal pour la collection automne-hiver belle et audacieuse présentée par Wes Gordon, le créateur de la maison, qui a 33 ans.

Carolina Herrera est une marque réputée pour sa sophistication aristocratique, et c’est exactement ce que Wes Gordon proposait : des robes de Belle Marianne (la compagne de Robin des Bois, ndlr) tout en douceur, longues jusqu’aux pieds, des capes aux coupes précises et des robes trapèze classieuses dans un merveilleux lainage anthracite ajouré.

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Wes Gordon a joué avec toute une série de formes de robes : fourreaux, princesse, empire et tenue de bal. Son sens des proportions était brillant de bout en bout, sa retenue impressionnante. Pratiquement aucun imprimé en vue : cette collection entièrement consacrée aux coupes et aux lignes n’en était que plus réussie.

Pour le jour, une robe smoking très pure en satin noir qui serait flatteuse sur à peu près n’importe quelle femme. Pour le soir, la robe fourreau en maille bleu de la mer Égée est assurée de faire tourner les têtes par milliers.

Le créateur américain est venu saluer sous des applaudissements nourris, tandis que la fondatrice de la marque, assise aux côtés d’Anna Wintour, était l’une des premières à battre des mains.

"Tout ça est très Carolina Herrera !", s’est exclamée Carolina Herrera après le défilé, quand FashionNetwork.com a pu s’entretenir avec elle.

 
Voilà une transition qui se passe à merveille. En à peine deux ans, Wes Gordon s’est vraiment approprié les codes de la maison. On voyait que les choses fonctionnent parfaitement au grand sourire affichée par le patron de la griffe, Marc Puig, dont le clan catalan est également aux manettes de Jean-Paul Gaultier, Nina Ricci, Paco Rabanne et Dries Van Noten.

"Je voulais une démonstration toute en pureté, sans aucun détail superflu. Se concentrer sur l’essentiel. Et j’ai trouvé l’endroit idéal pour l'exprimer", expliquait Wes Gordon.

"Vous savez quoi ? Les murs d’un côté de ce bâtiment peuvent coulisser entièrement et refermer toute la structure comme un rabat géant, pour économiser de l’énergie. En fait, on ferait mieux de se dépêcher pour les interviews, ou il pourrait bien se refermer sur nous", a-t-il ri en faisant un signe en direction des deux roues d’acier géantes qui retiennent le mur extérieur.