Le musée des Arts Décoratifs de Berlin célèbre les 50 ans de création d'Uli Richter

« On m’a souvent demandé ce qu’était la mode allemande. Mais il n’y a pas de mode allemande, la mode est universelle. » Pourtant, d’aucuns s’accordent pour considérer Uli Richter comme le couturier qui a porté la mode allemande hors de ses frontières. Pour son 80e anniversaire, le musée des Arts Décoratifs de Berlin célèbre du 13 septembre 2007 au 6 janvier 2008 l’œuvre artistique du styliste allemand à travers une rétrospective intitulée "Uli Richter, la mode de Berlin de 1949 à 1998".

Des débuts chez Horn, où il entre, à 20 ans, comme assistant styliste, en passant par Schröder & Eggeringhaus, une maison berlinoise qu’il propulse sur le devant de la scène, l’exposition retrace le parcours du créateur qui, en 1959, fonde sa propre maison Uli Richter Couture.

Disposés à travers trois espaces thématiques, plus de 130 modèles, de ses tailleurs aux habits de soirée, des costumes pour des hommes des années 1970 aux robes pour les dames de la haute société, ont été réunis pour cette première.

Les garde-robes des principaux clients d’Uli Richter, illustrées des portraits et biographies de leur propriétaire, sont disposées au sein d’un espace central. On peut y voir notamment les modèles appartenant à Rut Brandt, la femme du Chancelier allemand Willi Brandt, dont il devient le couturier officiel à partir de 1970, ainsi que ceux d’Ignes Ponto, la femme du président de la Banque de Dresde.

Jouant des matières à travers un code couleur unique pour chaque modèle, il a lancé le « total look » comme base de chaque garde-robe. Cette combinaison nouvelle l’a consacré premier styliste allemand à présenter une collection prêt-à-porter outre-Atlantique dans les années 1960. On retrouve ainsi de nombreuses pièces provenant d’une clientèle américaine qu’il a très rapidement séduite avec des tenues de soirée et des tailleurs-pantalons du soir conçus dans des matières confortables et sans prétention. Selon Uli Richter, ses modèles devaient habiller des femmes actives tout au long de la journée.

Lorsqu’il ferme sa maison de couture un symbolique 31 décembre de l’année 1982, Uli Richter n’arrête pas pour autant d’exercer son talent. Le salon de sa résidence berlinoise devient alors un showroom accueillant une clientèle d’initiés. Un deuxième espace recrée l’endroit, illuminé par des lustres de la maison viennoise Bakalowitz, pour y présenter les pièces favorites de son associée de longue date, Dorothea Köhlich-Naville. Aux lignes simples, ces créations, à la fois jeunes et sportive, témoignent de l’audace du couturier par rapport aux collections très ornementées qui régnaient alors sur la mode berlinoise.

Dans le dernier espace auquel a participé une centaine de photographes de mode parmi les plus célèbres, dont F.C. Gundlach, Rico Puhlmann, Regi Relang et Christian Steiner, l’ensemble de l’œuvre du couturier allemand est revue dans le contexte d’un Berlin post-deuxième Guerre Mondiale.

Certaines créations photographiées d’Uli Richter côtoient ainsi d’autres clichés, historiques cette fois, pour rappeler que les initiateurs de la mode dans leur élan créatif participent eux aussi à la mémoire collective.