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23 janv. 2023
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Le retail mode américain, première victime de la guerre économique avec Pékin ?

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23 janv. 2023

Dans le bras de fer engagé par l’administration Trump avec Pékin dès 2018, les États-Unis avaient relevé les droits de douanes pour le textile-habillement chinois aux portes de l’Amérique. Un rapport de l’American Apparel&Footwear Association souligne aujourd’hui que les exportations chinoises n’ont que peu pâti de la situation. Là où ce sont importateurs, marques et consommateurs américains qui ont payé le prix fort.


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Les dispositions de Washington s'appuyaient sur la “Section 301”, texte fournissant à l’exécutif américain le pouvoir de décider de contre-mesures économiques face à des mesures étrangères (dont le dumping) mettant à mal le commerce américain. Et si l’administration Trump était à l’origine de la mesure contre les importations de textile-habillement, l’administration de Biden a trouvé dans cette mesure l’un de ses seuls points d’accord avec la mandature précédente.

Or, ce sont bien les entreprises américaines qui auraient subi prioritairement les conséquences d’un dispositif dopant de parfois jusqu’à 25% les coûts douaniers pour les productions chinoises. Situation qui a particulièrement touché les chaussures à faible valeur ajoutée, ou les chaussants pour enfants, selon un document chiffré de 22 pages librement accessible (en anglais).

“Dans la plupart des cas, il n'était pas possible pour les acheteurs (américains, ndlr) d'exiger de leurs fournisseurs chinois qu'ils absorbent les coûts tarifaires supplémentaires, d'autant plus que les contrats et les prix avaient été fixés des mois avant l'entrée en vigueur des tarifs”, indique le rapport chiffré de l’AAFA. “De même, de nombreux importateurs, grossistes et détaillants estimaient que les consommateurs américains ne paieraient pas non plus les droits supplémentaires.

"Coûts répercutés sur les consommateurs finaux"



Face à une situation douanière dont les professionnels pensaient qu’elle serait temporaire, les entreprises américaines (importateurs, grossistes, détaillants) de la chaîne d'approvisionnement ont dans un premier temps absorbé eux-mêmes ces surcoûts douaniers. “Avec le temps, cette absorption est devenue insoutenable pour beaucoup d'entre elles et une partie ou la totalité des coûts tarifaires a été répercutée sur les consommateurs finaux”, explique l’AAFA.


Evolution des importations américaines d'habillement chinois - AAFA



A l’instauration des sanctions en septembre 2019, les importateurs américains auraient encaissé 250 millions de dollars de surcoût annuel, chiffre qui aurait grimpé jusqu’à atteindre 450 millions de dollars en 2022. Les importations venant de Chine ont-elles réduit pour autant ? Si la crise sanitaire rendait précédemment difficile l’évaluation, il ressort que les États-Unis auraient importé pour 22,4 milliards de dollars d’habillement chinois en 2022, niveau proche des 25,7 milliards affichés en 2019. Et l’équilibre est encore plus net dans la chaussure. 

L’AAFA souligne par ailleurs que le coût réel de la Section 301 sur l’activité américaine dépasse les seuls surcoûts douaniers. “Les tarifs ont entraîné une foule de coûts indirects importants, y compris ceux associés aux tentatives d'établir des chaînes d'approvisionnement bifurquées”, indique l’instance représentative des enseignes. Qui souligne par ailleurs que ce qui devait être une incitation à la production Made in America n’aide pour l’heure pas le nombre d’emplois dans la production américaine d’habillement à retrouver ses niveaux d’avant-crise.


Evolution des emplois dans l'industrie américaine de l'habillement - AAFA



Désireuse de contrer l’inflation américaine, l’administration Biden indique être disposée à repenser le mécanisme à l’occasion du présent bilan, qui était attendu quatre ans après l’instauration des mesures. En attendant, Washington avait néanmoins annoncé en septembre dernier maintenir le dispositif, arguant notamment avoir reçu des demandes d’entreprises américaines quant à son maintien à court terme.

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