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12 oct. 2020
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Le sac fait sa mue écologique

Publié le
12 oct. 2020

Green, durable, responsable, éco-conçu, végan ou encore made in France … Ces dernières saisons, c’est tout un nouveau vocabulaire qui est venu entourer l’univers de la mode face aux nouvelles attentes des consommateurs et à l’urgence environnementale et climatique de la planète. Si le prêt-à-porter a, le premier, pris le virage de l’écoresponsabilité, le secteur de l’accessoire à son tour s’engouffre sur ce marché. Ainsi, l’étude du spécialiste de l'analyse de data Retviews parue cet été le confirme: "Avec la pandémie, la défense de l'environnement et la lutte contre le gaspillage sont revenus au cœur des préoccupations. C'est un sujet qui rencontre beaucoup d'intérêt chez la génération Z et 90% des consommateurs sont prêts à changer de comportement." Enquête en deux volets sur la chaussure (partie 1 déjà parue et à retrouver ici) et la maroquinerie (partie 2) qui revoient leur copie pour embrasser ces nouvelles aspirations.


Sac végan issu de la nouvelle collection Ashoka x Pamela Anderson - DR


Sur un marché de la maroquinerie en progression constante depuis plusieurs années, le secteur s’est progressivement imposé comme l’une des composantes majeures de l’industrie du luxe français et de la mode avec le phénomène des it-bags.

En 2018, la valeur des ventes du secteur de la maroquinerie en France dépassait les 3,4 milliards d’euros, contre 1,8 milliard d’euros en 2010. Une tendance à la hausse qui s’est poursuivie en 2019 (source: Conseil national du cuir). Alors que les ventes d’habillement ralentissent, celles des sacs poursuivent leur croissance, prisées de plus en plus par la gent masculine et la clientèle étrangère.

Si le cuir a toujours la cote, porté par les valeurs de made in France, notamment dans le secteur du luxe, le courant végan semble être le nouvel eldorado des marques. Avec ces arguments cruelty free, celui-ci valorise des matériaux alternatifs qui sont de plus en plus nombreux.

Des alternatives issues de l'industrie agroalimentaire émergent



"Le Pinatex, les résidus issus de la viticulture, le cuir de pomme... les propositions se multiplient, séduisant de nouveaux acteurs comme les grands noms du luxe, des équipementiers de sport et jusqu’à la fast-fashion, explique Marina Coutelan, responsable de l’espace Smart creation chez Première Vision. Ces fibres présentent un double avantage: une optimisation des ressources de l’industrie agroalimentaire et la capacité à s’adapter à n’importe quel produit de maroquinerie."

Du coup, l’offre végan s’étoffe. La marque Minuit sur Terre décline des modèles fabriqués en raisin ou avec une matière végétale à base de pommes et doublés avec une matière issue de bouteilles en plastique recyclées.

La griffe parisienne Ashoka vient de sortir une ligne imaginée en collaboration avec Pamela Anderson. Sa matière phare? L’Apple Skin: une matière produite à partir de la peau des pommes qui poussent dans les vergers de Bolzano, dans le nord de l'Italie.

Séchée et réduite en poudre, elle est ensuite envoyée dans une usine à Florence pour être transformée en peau souple. Citons également Magnetik et sa maroquinerie conçue avec un éco-polyuréthane souple. Wwow qui fabrique en Pinatex (fibres d’ananas recyclées) ou encore la marque Fantôme qui fait de l’upcycling de chambre à air de vélo usées et refuse toute utilisation de colle dans une optique zéro déchet.

Les déchets plastiques revalorisés


 
Tandis que de grands noms de la maroquinerie et de la mode lancent aussi leur gamme durable à l’instar de Longchamp avec sa nouvelle ligne de sacs écoresponsables: Green District. Au programme, dix modèles unisexes conçus à partir de fibre de nylon fabriquée à partir de déchets plastiques récupérés dans les océans (Econyl).

Chez Gucci, dans le cadre de l’initiative Gucci Circular Lines, la nouvelle collection Off the Grid propose toute une gamme non genrée qui décline pour homme et femme des sacs de la petite maroquinerie, des casquettes et des baskets. Là aussi, l’Econyl se taille une place de choix cousu avec du fils de polyester recyclé, rehaussé de finitions en cuir tanné sans métal ni chrome …
 
"La maroquinerie a le vent en poupe, reconnaît Thomas Ebélé de Sloweare. Création de gamme dédiée, voire montée en gamme chez d'autres marques ou dépôt de brevet sur des des matières innovantes, le secteur bouillonne et le courant végan prospère. Pour autant, il faut faire attention et faire le distinguo entre les griffes qui associent ou non végan et écologie. Certaines matières à base de déchets alimentaires semblent là pour légitimer une surproduction alimentaire. Je trouve que c’est 'verdire' un aspect qui est avant tout une dérive d’un autre système."



Nouvelle collection écoresponsable Green District de Longchamp. - DR


De fait, à l’opposé du courant végan, l’industrie du cuir est là pour rappeler qu’elle est l’une des pionnières en matière de recyclage. Les cuirs de veau, d’agneau ou de vachette proviennent avant tout d’animaux consommés en très grande quantité pour leur viande. Une matière "responsable, durable et surtout recyclable", clame le créateur Jérôme Dreyfuss à FashionNetwork.com.


Le cuir reste, pour certains, gage de durabilité



Le cuir reste pour de nombreuses marques une valeur sûre dont il faut accroître la transparence et valoriser le tannage végétal, loin du tannage au chrome classique encore trop répandu qui peut-être toxique pour l’homme comme pour la planète.

Un argument revendiqué par de nombreux noms comme Herbert Frère Sœur, Jérôme Dreyfuss, Olivia Clergue ou Jules & Jenn qui vient de lancer une ligne de petite maroquinerie qui optimise les chutes de cuir issues de leur propre production. Plus que jamais l'accessoire multiplie les réflexions et les propositions !

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