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Le salon de l'horlogerie de Genève pris dans le tourbillon de la crise bancaire

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27 mars 2023

Genève, 27 mars 2023 (AFP) - Les professionnels réunis depuis lundi au salon horloger de Genève restent confiants après deux années record à l'export, même si le tourbillon qui secoue le secteur bancaire vient réveiller les mauvais souvenirs de la crise financière de 2008.


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En 2021, les exportations horlogères suisses ont enregistré un rebond de 31,2% en 2021 grâce à un vif rebond aux Etats-Unis et au Moyen-Orient après le choc de la pandémie de Covid-19, puis ont encore grimpé de 11,4% en 2022 avec la reprise en Europe, dopée par le retour des touristes, pour toucher un plus haut historique à 24,8 milliards de francs suisses (24,9 milliards d'euros).

Et pour les deux premiers mois de cette année, les statistiques de la fédération horlogère suisse font encore état d'une nouvelle progression des exportations de 10,6%. Mais la forte correction qui touche le secteur bancaire en Bourse après la faillite de l'américain SVB et l'effondrement de Credit Suisse ravive le spectre de 2009, une année durant laquelle les exportations horlogères s'étaient effondrées de 22,3%, davantage encore qu'en 2020 avec le choc de la pandémie de Covid-19 (-21,8%).

"Je suis incapable de dire quelles seront les retombées globales", a reconnu Thierry Stern, le patron de Patek Philippe, lors d'un entretien avec l'AFP en marge du salon Watches and Wonders. "Mais je pense quand même que cela devrait être plus facile qu'en 2008-2009", a ajouté celui qui pilote l'une des marques les plus prestigieuses de l'horlogerie suisse. Pour l'instant les difficultés restent "très localisées" alors que Patek Philippe "vend dans le monde entier", argumente Thierry Stern, qui compte notamment sur l'Asie pour assurer la croissance en 2023.

Jérôme Lambert, le directeur général du géant du luxe Richemont, propriétaire notamment des marques Cartier, Piaget et IWC, a reconnu que le retournement de la demande en 2009 avait été "très rapide" et très "sévère". "Mais cela été une grande leçon pour nous", a-t-il souligné, expliquant que le groupe avait depuis fortement repris en main la distribution.

En 2009, de nombreux détaillants multi-marques avaient consenti d'importants rabais pour liquider leurs stocks face à l'effondrement de la demande, ce qui a depuis poussé le groupe suisse à renforcer son propre réseau de boutiques afin de pouvoir mieux contrôler et réguler l'offre en cas de retournement du marché.

Edouard Meylan, propriétaire de la marque Hautlence, estime néanmoins que "des voyants ont en train de passer au rouge". "S'il y a une crise financière, cela va avoir un très gros impact sur notre secteur", a-t-il affirmé à l'AFP, d'autant qu'avec les difficultés d'approvisionnement certains horlogers ont passé de "très grosses commandes chez leurs fournisseurs" et risquent de se retrouver avec des stocks importants si le marché se retourne.

- La Chine filet de sécurité -



Pour l'heure, les analystes estiment néanmoins que les risques restent limités. "La communauté financière représente une part importante du public qui achète dans l'industrie horlogère", note Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux.

"Il pourrait y avoir un impact sur les marchés locaux, comme en Suisse", indique-t-il à l'AFP, au moment où la deuxième banque du pays est absorbée par sa rivale et que l'incertitude règne sur des milliers d'emplois. "Mais cela devrait être compensé par le tourisme", considère l'analyste.

Jean-Philippe Bertschy, analyste chez Vontobel, souligne de son côté qu'il existe "une corrélation entre les marchés financiers et la demande pour le luxe aux Etats-Unis". Il estime toutefois que la situation est "un peu différente" de celle de 2009, entre autres parce "qu'aux Etats-Unis, on assiste à un transfert de fortune massif entre les baby-boomers et les nouvelles générations".

Comme d'autres analystes, il juge aussi que la reprise en Chine, grâce notamment aux économies "amassées durant les restrictions sanitaires" va apporter un filet de sécurité, même si un retour à la normale "va prendre du temps".
 

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