PARIS, 08 fév 2013 (AFP) - Dentelles en racine de fraisier, soie plus solide que l'acier, implants médicaux tricotés: l'exposition "Futurotextiles 3", installée jusqu'au 14 juillet à la Cité des sciences et de l'industrie de Paris, montre des tissus à la pointe des innovations technologiques.

Présentation du concept de Futurotextiles

"Il s'agit de montrer que les industries textiles française et européenne renaissent grâce à l'innovation et à la recherche", explique Blandine Savrda, la commissaire exécutive de l'exposition.

Médecine, environnement, mobilité, sport de haut niveau, défense : les applications pratiques dépassent la simple utilisation quotidienne du vêtement. Et certains matériaux naturels sont pour le moins insolites, à l'image d'une pièce de dentelle fabriquée en racines de fraisier ou de la soie produite par une variété d'araignée de Madagascar, dont les fils sont cinq fois plus résistante que l'acier.

"Les designers, les chercheurs et les industriels s'associent pour faire une quantité incroyable de produits à partir du textile", précise Blandine Savrda. "Et on peut remarquer que dans tous les domaines d'application, c'est la légèreté qui est recherchée avant tout."

Le projet a été initié en 2006 sous l'impulsion du programme culturel lille3000, créé lorsque Lille était capitale européenne de la culture en 2004. "Le Nord-Pas-de-Calais est la région historique du textile, qui a été longtemps la première industrie française", rappelle Blandine Savrda.

L'exposition a déjà attiré plus de 27.000 visiteurs au Centre européen des textiles innovants (Ceti) de Tourcoing. Cette troisième édition du dispositif itinérant déploie sur 600 m2 des centaines d'échantillons de tissus et de prototypes de vêtements aux propriétés souvent surprenantes.

Parcours ludique

L'exposition "fait la part belle à certains industriels de cette région, mais pas seulement", ajoute la commissaire exécutive. Majoritairement européenne, la sélection effectuée par "Futurotextiles" accueille aussi quelques créations internationales, comme l'Australie (une robe faite en lie de vin) ou le Japon (une robe en vinyle gonflable du couturier Yohji Yamamoto).

Un parcours ludique et pédagogique à la scénographie efficace permet aux visiteurs de se familiariser avec des textures souvent inédites. Même si bon nombre de pièces ont été mises sous verre, il est possible de toucher plusieurs échantillons de tissus.

En guise de prélude, une structure de neuf mètres de haut baptisée "WarkaWater" accueille le visiteur. Un cadre circulaire fait de pousses de bambou tissées recouvre un filet qui capte la condensation dans l'air. Le dispositif permet actuellement de procurer de l'eau potable à des populations de zones rurales en Ethiopie.

Le textile est un allié précieux de la médecine. Utilisée dans le cadre de traitements photothérapeutiques, la fibre optique tissée permet notamment de traiter la jaunisse du nourrisson. De même, les implants vasculaires en polyester tricoté constituent des substituts efficaces en cas de détérioration de vaisseaux sanguins.

Une place importante est également consacrée à l'art, notamment avec l'entrée en matière que constitue la courte performance filmée de l'artiste néerlandais Bart Hess, dans laquelle un homme se débat dans une peau élastique à la couleur changeante. Le visiteur pourra également apprécier la structure en forme de nuage fait de cocons de vers à soie agglomérés.

Depuis sa création en 2006, l'exposition "Futurotextiles" a été accueillie dans une dizaine de pays, comme la Pologne, la Turquie ou la Thaïlande. Elle a séduit près de 500.000 visiteurs tous pays confondus.Par Alexis DUVAL