Après une année 2009 difficile, marquée par un retour des exportations à leur niveau de 2006, l’industrie péruvienne du textile joue plus que jamais sur la qualité de ses matières pour se différencier, ce qui n’est pas sans risque.

PeruModa 2010

"Le Pérou n’est plus un volume maker, mais le fait que nous soyons très actifs sur le segment haut de gamme ne doit pas faire oublier que nous sommes également très actifs sur les productions à prix bas et prix moyens". C’est en ces quelques mots que Martin Pérez, Ministre du commerce extérieur et du tourisme, résumait sur le salon PeruModa tout le défi de l’industrie péruvienne.

Mise en avant de longue date pour la qualité de ses matières, cette dernière a aujourd'hui la réputation d'être onéreuse par rapport à ses concurrentes. Une image qui ne serait pas si problématique si l’industrie locale n'avait été très durement touchée l’an passé, avec des exportations textile passant de 2 à 1,5 milliard de dollars, et des exportations d’habillement chutant de 1,6 à 1,1 milliard de dollars (chiffres PromPeru). Une baisse qui doit beaucoup aux Etats-Unis, plus gros client du Pérou (40,5 % des exportations), qui a vu la demande s’effondrer avec la crise.

L’heure est donc à la quête d’alternative. Et c’est donc tout naturellement vers la Chine que les industriels péruviens interrogés lorgnent à présent, attirés par un marché en demande croissante de haut de gamme. "Nous n’avons aucun doute sur notre capacité à pénétrer le marché" confie le Ministre. "Et nous l’avons déjà fait via certaines grandes marques comme Ted Lapidus, Tommy Hilfiger et Lacoste. Là-bas, on peut toucher 250 000 millionnaires". Des marques notamment attirées par la qualité des productions locales utilisant le Pima.

PeruModa 2010

Un coton haut de gamme utilisé, à l’instar de l’Alpaga, comme une carte de visite par l’industrie locale. Un positionnement qui a cependant donné une réputation onéreuse aux productions. "Quand nous démarchons des clients étrangers, on perd toujours beaucoup de temps à expliquer que non, nos productions ne sont pas forcément plus chères qu'ailleurs" confie ainsi un industriel. Réputation à laquelle le Ministre entend mettre un frein, rappelant que le Pérou produit également à base de Tanguis, coton moyen de gamme proche du coton égyptien.

Avec un coton pesant 74,3 % des exportations textile, le Pérou appuie également son industrie via des réductions de taxe. "Nous avons décidé de réduire tous les tarifs d’exportations d’au moins 2 %" explique le Ministre, "afin d’aider les usines à s’équiper des dernières technologies". Un soin tout spécial est également apporté à la promotion de l’activité péruvienne à l’international.

Communication qui a pour centre nerveux le salon PeruModa, rassemblement annuel des industriels et stylistes locaux. Le rendez-vous a attiré quelque 9 000 visiteurs dont 1 600 acheteurs étrangers du 28 au 30 avril dernier. Un visitorat international doublé en un an pour lequel PromPeru, l’organisateur, a montré un tout nouveau visage. Exit le très militaire Pentagonito de Lima, pour mieux s’installer au Fort du Roi Felipe, haut lieu de l’histoire péruvienne situé en front de mer. Sur ses 17 000 m², le salon s’est dévoilé bien plus clair et organisé dans la présentation de ses 450 stands que lors de sa session 2009. Le rassemblement a généré 56,4 millions d’euros de transaction (69 millions de dollars).