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9 mars 2022
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Les chiffres de l'année en demi-teinte signée par les centres commerciaux français

Publié le
9 mars 2022

A la fois "atypique" et "intéressante", ce sont les qualificatifs employés par Jacques Ehrmann, le président du Conseil national des centres commerciaux (CNCC), pour caractériser l'année 2021 des centres commerciaux français. Ces lieux de shopping ont encore été impactés par la crise sanitaire, avec plusieurs mois de fermetures, de couvre-feu et d'obligation de pass sanitaire, dont le dirigeant dit avoir "sous-estimé les effets". Le chiffre d'affaires annuel généré par les 839 centres tricolores a très légèrement augmenté par rapport à 2020 (+1,9%), tandis que la fréquentation est restée stable (-0,8%). Rappelons qu'en 2019, l'activité des centres commerciaux avait été réduite d'un quart (par rapport à 2019). Il n'y a donc pas eu de rebond notable.


Le retail park Coeur Alsace (Frey) a ouvert à Vendenheim l'an dernier - DR

 
Le bilan de l'année écoulée s'améliore néanmoins au fil de l'année, puisqu'au second semestre le niveau de vente s'est presque normalisé: Ainsi, de juin à septembre 2021, l'activité ne se révèle en repli que de 4,8% par rapport à la référence pré-pandémique de 2019, alors que le trafic est en chute de 14,6% sur la période (vs 2019). "C'est un fort écart de 10 points entre chiffre d'affaires et fréquentation qui montre l'impact de la hausse du panier moyen et du taux de transformation", commente Sébastien Allo, directeur des études au CNCC.
 
Concernant les différentes typologies de centres commerciaux, les grands pôles régionaux ont davantage souffert (-0,4% de revenus par rapport à 2020), que ceux installés en centre-ville (+6,6%), qui ont su tirer leur épingle du jeu. Selon les secteurs, les revenus des acteurs de la beauté-santé ont signé un léger repli de 0,7%, tandis que l'équipement de la personne s'avère en hausse de 3,1%, et que le volet divertissement enregistre un fort rebond (+25,3%) en raison entre autres de la réouverture des cinémas.


Evolution de la fréquentation des centres commerciaux tricolores, entre 2019 et 2021 - CNCC

 
Soulignant les aspects positifs de l'année, Jacques Ehrmann indique que "les signatures de baux n'ont jamais été aussi nombreuses" et que "la vacance accidentelle créée par la crise s'est résorbée au cours de l'année", pour revenir à un niveau habituel compris entre 2,9% et 5,3% selon les foncières.

L'an dernier, 395.000 nouveaux mètres carrés de surfaces commerciales ont été inaugurés en France, dont 108.000 mètres carrés dans les centres commerciaux, soit une chute de 36% par rapport à 2020. Parmi les projets phare, citons Le 31 au cœur de Lille, le retail park Cœur Alsace, ou encore l'extension du pôle Ylium, aux Sables d'Olonne.

"Virer les mauvais payeurs"



Pour le CNCC, 2021 fut aussi qualifiée d'année de dialogue, avec les Assises du Commerce organisées en décembre (dont il attend impatiemment le compte-rendu de la part de l'exécutif), mais aussi de réflexions autour de sujets-clé, notamment celui des loyers commerciaux. Sur ce point, l'organisation professionnelle annonce qu'elle a accepté de mener des discussions pour contribuer à redéfinir l'indice des loyers commerciaux (ILC), et qu'elle œuvre à l'émergence d'un nouveau type de bail, mensualisé, et avec un dépôt de garanti moins élevé, en échange de la possibilité d'évincer beaucoup plus vite les enseignes qui ne règlent pas leur loyer. "Nous sommes prêts à discuter mais nous avons besoin d'une facilité pour virer les mauvais payeurs, sans passer par une procédure judiciaire", explique le président du CNCC. "Il y a quelques commerçants vraiment en difficulté, qu'il faut aider, mais on estime qu'il y a tout de même 5% d'enseignes qui sont des profiteurs de crise, il faut le dire".

Concernant la révision de l'ILC, il se pourrait que l'un des indices retenus pour déterminer la hausse ou la baisse des loyers, à savoir l'ICAV (chiffre d'affaires du commerce de détail en valeur), puisse à terme être écarté du calcul. "Ce qui donnerait un indice moins volatile et plus sage", décrit-il, ajoutant qu'un décret modificatif serait sur le bureau de Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie.


Le "31", piloté par Redevco, a été inauguré au printemps dernier au centre de Lille - DR


Vis à vis du commerce dans son ensemble, le Conseil retient le fort soutien de l'Etat durant la crise (avec le chômage partiel notamment), et estime que "le secteur est en moins mauvais état qu'on le dit. Il ne faut pas trop pleurnicher", glisse Jacques Ehrmann. Le CNCC se fend en outre de plusieurs recommandations soumises aux candidats à la présidentielle, dont il a rencontré les équipes de campagne.

La première demande? Nommer un ministre du Commerce, qui puisse porter le plan de transformation Commerce 2030. "C'est une aberration de ne pas en avoir, alors qu'il s'agit d'un secteur prépondérant", ajoute-t-il. Ensuite, sont citées plusieurs mesures impliquant notamment la suppression de la Tascom (taxe sur les surfaces commerciales), la création d'une prime à la reconversion pour les friches (6 millions de mètres carrés sont à reconfigurer en France, selon le CNCC), ou encore l'assouplissement des règles d'installation en centre commercial pour favoriser le développement physique des jeunes marques et des DNVB.

Le CNCC, dont le délégué général Gontran Thüring partira à la retraite fin mars, donne rendez-vous au secteur de l'immobilier commercial le 19 mai pour le forum en ligne Siec Live, et tiendra salon à la Porte de Versailles fin septembre, pour son édition physique du Siec, dont l'organisation a été confiée à Comexposium.

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