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2 janv. 2023
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Les défis de 2023 pour l’industrie textile

Publié le
2 janv. 2023

Après deux ans de crise sanitaire, les industriels du textile-habillement avaient espéré respirer en 2022. Une invasion de l’Ukraine plus tard, les voici confrontés à de nouveaux défis mettant sous pression des trésoreries déjà éreintées, de la crise énergétique au prix des matières, en passant par la recomposition du sourcing international.


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L’heure du péril énergétique



Électricité et gaz sont au cœur des préoccupations des industriels textiles européens, en ce début d’année. Les risques de défaillances sont au plus haut, tandis que les sites de production tentent pour certains en urgence de s’équiper en cellules photovoltaïques. Cette crise du gaz et de l’électricité est par ailleurs le foyer de tensions entre les filières textiles européennes: certains pays comme l’Espagne et le Portugal ayant pu décorréler prix du gaz et de l’électricité afin de minimiser l’accroissement des factures. Distorsion de concurrence qui fait grincer des dents de l’autre côté des Pyrénées.

Par ailleurs, si la pandémie avait mis à l’arrêt ou presque l’ensemble des filières internationales du textile-habillement, la crise énergétique se concentre quant à elle sur l’Europe, accentuant l’écart tarifaire avec les autres zones possibles de production. Faute d’un soutien public suffisant malgré les vœux de souveraineté industrielle, les représentants industriels estiment que le scénario d’une nouvelle vague de délocalisation massive des productions n’est plus à exclure.

Choix et prix des matières



La filière n’en a par ailleurs pas tout à fait fini avec la crise du prix des matières et du transport. Pour ce dernier, l’indice Harpex pour le coût d'affrètement des porte-conteneurs reste toujours près de 100% supérieur aux niveaux constatés en janvier 2020.


Composition de la production mondiale de fibres - Textile Exchange



Côté matériaux, l’invasion du l’Ukraine a causé durant 2022 d’inquiétantes fluctuations des cours. Or les synthétiques, notamment depuis la crise du coton 2010/2011, représentent près de deux tiers des fibres textiles produites dans le monde. Si les prix sont redescendus progressivement, ils s'inscrivent pour la plupart dans une nouvelle normalité aux prix supérieurs à ceux d'avant-crise.

A l’heure d’un contexte géopolitique encore incertain, se pose donc plus que jamais la question pour les donneurs d'ordre d’aller vers des matériaux naturels, que les consommateurs disent appeler de leurs vœux. Une aspiration qui doit cependant jouer avec la situation actuelle d’une industrie cotonnière chahutée. Par ailleurs, le très recherché coton organique (24% du coton produit en 2021), souffre actuellement de suspicions de fraudes: l’ONG Textile Exchange alerte sur l’écart inexpliqué entre quantités produites et quantités revendiquées dans les collections de marques.

Transformation du sourcing mondial



La hausse des coûts des matières n’est pas sans laisser de traces jusque dans la cartographie même du sourcing international. Entre scandale des Ouïghours et inconstance des productions liée à la politique zéro-Covid, la Chine a vu des commandes occidentales se réorienter vers ses voisins.


IFM



Bangladesh, Pakistan, Inde, Birmanie, et Vietnam ont bénéficié de la situation, mais l’allègement des restrictions chinoises en décembre 2022 pourrait bien changer la donne pour 2023. 

Pris entre leur volonté de rapprocher les productions et le pragmatisme lié aux conséquences budgétaires des récentes explosions de coûts, les donneurs d’ordres débutent 2023 en devant affronter des arbitrages complexes.

Du fait de commandes croissantes davantage en valeur qu’en volume, les fabricants redoutent déjà quant à eux une stagnation des volumes se poursuivant même quand les coûts de production redescendront. Scénario qui mettrait à mal leurs rentabilités. 

L'inflation en juge de crises



Énergies, matières, sourcing… Ces trois défis auront en 2023 pour juge de paix un quatrième : la consommation. Face à la déconsommation choisie de consommateurs d’habillement désireux de consommer moins mais mieux, l’inflation vient ajouter une déconsommation subie. Les produits finis de l'habillement-chaussure n’arrivent pas dans les priorités des consommateurs. Une réalité dont les effets sont amenés à se faire sentir dans les commandes de l’ensemble de la chaîne de production. 

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