AFP
9 déc. 2008
Les enseignes de déstockage tournent à plein régime en raison de la crise
AFP
9 déc. 2008
Montres Rolex, baskets Nike ou encore cornichons Maille à prix cassés : avec la crise économique, les enseignes spécialisées dans le déstockage de produits mettent en vente des volumes record de marchandise et attirent une clientèle de plus en plus diverse.
![]() Dans un supermarché de l'ouest de la France - Photo : AFP |
"Nos stocks sont aujourd'hui dix fois plus importants que d'habitude. Nous n'avions pas vu cela depuis quinze ans", se félicite Marceau Virlequin, PDG de Bravo les affaires, une enseigne surtout présente dans l'ouest de la France.
"Il y a actuellement un vent de panique qui pousse de nombreuses entreprises, notamment dans le secteur alimentaire, textile ou de l'électronique à se débarrasser de leur marchandise par crainte de ne pas pouvoir les écouler. Elles se tournent vers les enseignes de déstockage", explique Christian Parisot, chef économiste pour la maison de courtage Aurel.
Contrairement au circuit de distribution classique, les déstockeurs (Noz, 0'Circus, Market Discount...) ne proposent jamais les même produits : tout dépend des invendus dont les fabricants veulent se débarrasser car, par exemple, la date limite de consommation est proche ou parce qu'il y a un défaut dans l'emballage.
"Le prix auquel sont vendus ces produits est déconnecté du coût de production", explique Olivier Dauvers, un expert de la grande distribution. "Les fabricants ne veulent pas payer les frais qu'entraînerait la destruction de leur marchandise. C'est pour cela qu'ils vendent à des prix vraiment cassés", ajoute-t-il.
De plus en plus de consommateurs, préoccupés par leur pouvoir d'achat, plébiscitent ces enseignes.
En abandonnant il y a deux ans leur supermarché traditionnel pour un déstockeur alimentaire, Jean et Marie Decert, un couple d'enseignants de la région parisienne, estiment réaliser "entre 50 et 80 euros d'économie par semaine". "Ce n'est pas négligeable et, contrairement à d'autres magasins qui misent aussi sur le pas cher, nous achetons des marques. On ne perd pas au change sur la qualité", estime la jeune femme.
"Depuis la crise, notre clientèle est en nette augmentation. Avant, nos clients étaient en majorité des familles nombreuses, habitant des logements sociaux. Désormais les catégories plus aisées n'ont plus honte de venir chez nous", explique M. Virlequin.
Les ventes de Bravo les Affaires ont bondi de 20 % depuis septembre, selon lui, et l'enseigne, qui a créé six magasins en 2008, table sur une dizaine d'ouvertures en 2009. Aucun chiffre n'est toutefois disponible pour l'ensemble du secteur.
"Ces derniers mois, beaucoup de gens se disent qu'il y a de l'argent à faire et se lancent dans le déstockage, notamment en créant un site sur internet", estime Sébastien Pinot, responsable du site Destockplus, une plate-forme dédiée aux professionnels. "La profession n'étant pas réglementée, il est très facile de débuter dans le métier", ajoute-t-il.
Mais l'embellie pourrait ne pas durer. "Une fois que les entreprises auront liquidé leurs stocks, elles vont produire et vendre à nouveau via les filières de distribution traditionnelles", explique M. Parisot.
De toute façon, "nous restons un marché de niche car nous aurons toujours des volumes marginaux par rapport à la production totale. On ne peut pas déstocker à l'infini", souligne, de son côté, M. Virlequin.
Les enseignes de la grande distribution ne craignent pas à long terme le phénomène.
"Le déstockage existe depuis des lustres. En situation de crise, il est normal que cela intéresse davantage les consommateurs. Néanmoins nous ne ressentons pas, pour l'instant, une réelle concurrence", selon Thierry Desouche, porte-parole des magasins Système U.
Par Sophie Deviller
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