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Les ex-doigts de fée de la lingerie chez Lejaby en quête de reconversion

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2 mai 2011

BELLEGARDE-SUR-VALSERINE (Ain), 30 avr 2011 (AFP) - Aux confins de l'Ain, un petit atelier est jonché de rubans, élastiques et dentelles: une poignée d'ex-ouvrières du fabriquant de lingerie Lejaby peuvent comme ici espérer retravailler dans la couture, tandis que la plupart des 193 licenciés doivent se reconvertir.

"Je vais me charger d'éplucher", c'est-à-dire d'enlever les bouts de fils, dit l'une. Quatre anciennes de Lejaby retrouvent leurs expressions et gestes familiers, le temps d'un stage chez Lingerie Shop, société appartenant à Anick Cart, à Châtillon-en-Michaille.

"Ici on fait marcher notre tête, ça n'est pas du travail à la chaîne", se félicite Marie-Esther Garcia, 43 ans dont 16 chez Lejaby, dans la commune voisine de Bellegarde-sur-Valserine. L'usine a fermé fin 2010 en même temps que celles du Teil (Ardèche) et de Bourg-en-Bresse.

Anick et ses quatre recrues vont monter cet été une SCOP, société coopérative et participative, dont les associés seront les salariées. Elles projettent d'ouvrir une boutique à Bellegarde, où elles vendront leur production, et d'assurer également de la sous-traitance pour de grandes marques.

Danielle Dubarry, 51 ans, lâche: "On voulait pas laisser partir tout ça, ces compétences dans le sous-vêtement".

"Je vais demander à mon mari de m'appeler +patronne+!", s'exclame Natalia Alfonso, 35 ans, déclenchant les rires de ses collègues, heureuses de se remettre à l'ouvrage.

La plupart des "filles" de Lejaby ne retravailleront pas comme couturières. "Ce métier a peu d'avenir dans le bassin" et au-delà, explique Audrey Goutille, directrice générale du cabinet de conseil Anveol, chargé du reclassement.

"Leur retour vers l'emploi passe par un bilan de compétences et des formations", poursuit-elle. Des antennes dédiées ont été ouvertes sur chaque site depuis février.

Outre les quelques projets de création d'entreprise (pressing, tabac presse...), la majorité s'oriente vers les services à la personne et la logistique.

Non sans quelques handicaps tels "un manque de mobilité, de faibles qualifications, l'âge avec la moitié qui ont plus de 50 ans... Mais toutes sont engagées dans une dynamique", considère Mme Goutille.

Selon Raymond Mahé, président de Lejaby, "50% des personnes licenciées ont déjà des solutions identifiées", si l'on inclut les formations.

Cependant, d'après la commission de suivi du plan social, une seule a trouvé un CDI, comme lingère dans un hôpital. Et seuls 2 des 39 postes offerts en interne ont été pourvus.

"Il a fallu que les filles fassent le deuil de leur emploi", rapporte Arlette Bouchet, secrétaire (CFDT) du comité central d'entreprise, qui ouvre au Teil une permanence chaque mardi.

Bien que satisfaites des moyens mis dans le plan - une dizaine de millions d'euros - et de l'accompagnement par Anveol, les Lejaby restent amères. "On nous a toujours dit qu'on était un atelier pilote et du jour au lendemain on n'est plus rien", témoigne Maryse Fleuret (CGT), de Bourg.

Les "petites mains" ont lutté contre les fermetures, annoncées en avril 2010, en bloquant le siège durant deux semaines.

La production de Lejaby, filiale du groupe autrichien Palmers, a été délocalisée principalement vers le Maghreb, pour s'aligner sur les standards de la concurrence, qui produit plus de 90% de la lingerie dans les pays à bas coûts.

"Il fallait retrouver de la compétitivité et aussi maintenir notre savoir-faire sur le territoire national", rappelle M. Mahé, qui estime l'objectif "atteint".

Par Anne-Pascale REBOUL

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