AFP
6 févr. 2014
Les industriels français prévoient d'accroître leurs investissements en 2014
AFP
6 févr. 2014
Un léger vent d'optimisme souffle sur les industriels français, qui prévoient d'accroître leurs investissements cette année, contrairement à ce qu'ils envisageaient encore à l'automne, même si la reprise des embauches semble encore lointaine.
Les chefs d'entreprise des industries manufacturières comptent désormais augmenter de 3% en valeur leurs investissements en 2014, alors qu'ils envisageaient encore de les réduire de 2% en octobre, selon des chiffres publiés jeudi par l'Insee.
Une bonne nouvelle pour le gouvernement, qui table sur le redressement de l'investissement des entreprises pour relancer l'économie... et par conséquent l'emploi.
En effet, si l'investissement de l'industrie manufacturière ne représente qu'entre 10 et 15% de l'investissement total en France, il reste significatif en tant que thermomètre de l'humeur globale des entrepreneurs.
"C'est un signal positif, mais il faut rester prudent. Il y a beaucoup d'éléments qui suggèrent que la reprise de l'investissement risque d'être modérée", avertit toutefois Michel Martinez, économiste en chef pour l'Europe chez Société Générale.
"Ces chiffres confirment tous les signaux qui laissent à penser que nous avons touché le fond et que nous commençons à remonter. Mais de là à dire que c'est un signal qui augure une reprise et des décisions d'embauche, nous n'y sommes pas encore", ajoute-t-il.
Les effets du pacte incertains
La reprise des embauches via l'investissement des entreprises est pourtant l'objectif affiché du pacte de responsabilité annoncé par François Hollande le 31 décembre, un virage assumé du président français vers une politique de l'offre qui doit redonner confiance aux chefs d'entreprises.
En effet, la consommation française semble être durablement à la traîne, et ne devrait pas dépasser 1% de progression cette année, tandis que l'immobilier et le commerce extérieur peinent à s'imposer comme moteurs de la croissance.
Ce pacte, qui prévoit la suppression des cotisations familiales patronales, soit environ 30 milliards d'euros d'ici 2017, en contrepartie d'un effort des entreprises pour l'emploi, contient néanmoins de nombreuses incertitudes.
"Il est encore trop tôt pour y voir l'action du gouvernement. Les premiers effets du pacte de responsabilité sur le moral des chefs d'entreprise ne devrait pas transparaitre avant février. Il y aura un impact positif, mais la question est de savoir quel sera l'ampleur de cet impact", explique Michel Martinez.
"L'investissement des entreprises est toujours un bon signe car cela signifie qu'elles recommencent à parier sur l'avenir. Cela ne veut pas dire pour autant qu'un soutien à l'investissement va rendre mécaniquement les entrepreneurs optimistes", abonde Alexandre Delaigue, professeur d'économie à l'Ecole militaire de Saint-Cyr.
L'optimisme des chefs d'entreprise a néanmoins été confirmé par une enquête réalisée en janvier par OpinionWay pour CCI France, et publiée également jeudi, qui a révélé que 87% des 400 entreprises industrielles sondées comptaient réaliser un investissement cette année.
La nature de ces investissements porte toutefois en priorité sur les moyens de production et la formation du personnel, même si les investissements en communication et en croissance externe sont également à la hausse.
En revanche, les intentions d'embauche et l'innovation restent l'apanage quasi exclusif des grandes entreprises et conditionné par une dynamique positive du marché et un environnement fiscal favorable.
L'automobile à la traîne
En outre, si l'amélioration des perspectives d'investissement concerne la plupart des secteurs, celui des matériels de transport reste à la traîne. Les patrons prévoient d'y diminuer leur budget de 4% alors qu'ils comptaient sur une hausse de 3% en octobre 2013.
Ce serait toutefois un moindre mal après le recul de 12% enregistré dans ce secteur l'an dernier, qui a même atteint 22% dans la seule sous-catégorie "automobile", très sensible aux cycles économiques et aux mécanismes d'aides.
"La volonté d'investir des chefs d'entreprise est en général peu liée aux politiques gouvernementales, mais beaucoup plus à l'évolution des carnets de commande et de la conjoncture en général", nuance Alexandre Delaigue.
"D'ailleurs, on observe cette amélioration dans l'ensemble de l'Europe puisque la situation, même si elle n'est pas bonne, ne semble plus présenter de risque de catastrophe. La France ne fait que suivre cette tendance", conclut-il.
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