AFP
23 sept. 2013
Les jeunes créateurs de mode italiens se font une place au soleil malgré la crise
AFP
23 sept. 2013
MILAN, 22 sept 2013 (AFP) - Rencontrés en marge de la semaine de la mode à Milan, de jeunes créateurs italiens tentent de se faire une place au soleil, malgré la crise et le peu d'aide fournie par les banques et pouvoirs publics. Pour Alexander Flagella, 27 ans, finaliste du concours "who is on next ?" organisé par le magazine de mode Vogue Italia, parvenir à présenter sa première collection, inspirée des années 30, tout en élégance et en sophistication, est "une histoire de passion et de sacrifices".
A ses côtés, un autre finaliste du même concours, Matteo Gioli, raconte à l'AFP comment il a monté en 2010 son entreprise de chapeaux faits main, superduperhats.com, en compagnie de deux designers, les sœurs Ilaria et Veronica Cornacchini, avec seulement 3.000 euros en poche. "Il y a très peu d'aides pour les jeunes entreprises comme la nôtre, qui sont parties de zéro, et ne sont pas les héritières de groupes familiaux", déplore Matteo Gioli, barbe fournie et coiffé d'une casquette grise de ses créations. A présent, la petite firme exporte la majorité de sa production, en France et au Japon notamment.
"Attirer, retenir et aider" ces jeunes designers, rencontrés à une fête organisée par Vogue Italia et Kering (connu anciennement sous le nom de PPR), propriétaire entre autres de Gucci, "est une priorité", affirme François-Henri Pinault, PDG de ce groupe de luxe et d'habillement sportif. Pour la directrice éditoriale de Vogue Italia, Franca Sozzani, prêter main-forte à une nouvelle génération de créateurs "est crucial pour l'avenir de l'ensemble de la planète mode".
Pourtant, la conjoncture économique prête peu à l'enthousiasme et à l'optimisme chez les jeunes créateurs d'entreprise. Le chômage touche en effet près de 40% des jeunes Italiens en 18 et 25 ans, et les aspirants entrepreneurs doivent faire face à une bureaucratie complexe malgré les réformes entreprises pour l'alléger.
Pour Lucio Vanotti, dont la première collection date de l'an dernier, la crise a eu des effets positifs inattendus, "en rendant disponibles des sites industriels laissés par les grandes marques qui vont produire directement sur les marchés émergents". "Il y a quelques années, on pensait qu'en Italie, il n'y avait pas de place pour de jeunes marques. On me regardait de travers", raconte-t-il à l'AFP.
"Aujourd'hui, les fabricants de vêtements sont beaucoup plus ouverts à un changement des générations et des mentalités", estime-t-il, notant qu'il y a désormais de la place pour les jeunes créateurs à côté des griffes connues. "En même temps, ce n'est pas si simple que ça, car la crise a tout changé, notamment au niveau de la vente dans les boutiques", explique ce créateur de 38 ans, dont la collection, minimaliste, affiche une qualité toute "made in Italy".
Le défi auquel se livrent les jeunes créateurs de mode est de taille, mais, à l'image de Jennifer dalla Zorza, rencontrée à la sortie d'un des défilés de la semaine de la mode à Milan, ces derniers ne manquent pas d'idées. Cette jeune femme, habillée d'un bustier noir et d'une jupe en tulle, vend ainsi ses propres créations de lingerie, inspirée de la pâtisserie et baptisée "JennyPie", juchée sur une antique camionnette de vente de glaces ambulante. "Je n'ai jamais reçu aucune aide des autorités, quelles qu'elles soient", confie-t-elle à l'AFP, en sortant d'une boîte une paire de culottes en dentelle rouge. La jeune femme, basée à Milan, ne possède pas de boutique: "je ne suis encore qu'une toute petite firme", précise-t-elle. Mais, dit-elle en forme de boutade, "si j'avais un peu de pouvoir, ce sont des initiatives comme la mienne que j'encouragerais !"
Par Dario THUBURN
Tous droits de reproduction et de représentation réservés.
© 2024 Agence France-Presse
Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (ou sur cette page selon le cas) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. L'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions qui ne peuvent être exclus, ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.