AFP
Lionel Tixeire
28 févr. 2017
Les microparticules plastiques issues du textile affectent les océans
AFP
Lionel Tixeire
28 févr. 2017
Les particules minuscules provenant de produits comme les vêtements synthétiques et les pneus de voiture représenteraient jusqu'à un tiers du plastique polluant les océans de la planète, affectant ainsi les écosystèmes et la santé humaine. Voici l'avertissement lancé par l'IUCN, un organisme de protection de l'environnement.
Contrairement aux images impressionnantes des immenses plaques de déchets flottant à la surface des océans, les microparticules plastiques provenant aussi bien des textiles que des pneus de véhicules sont invisibles.
Elles n'en constituent pas moins une part significative de la « soupe plastique » qui contamine peu à peu les océans, estimée entre 15 % et 31 % des 9,1 millions de tonnes de matières plastiques déversées chaque année dans les mers, selon les chiffres communiqués par l'Union pour la conservation de la nature (IUCN).
Dans son rapport « Les microplastiques primaires dans les océans », l'IUCN a déterminé que, dans de nombreux pays développés (allant de l'Amérique du Nord à l'Europe) qui disposent de systèmes efficaces de gestion des déchets, les microparticules plastiques sont en réalité une source de pollution plus importante que les déchets plastiques.
Ces particules proviennent non seulement de la décomposition des pneus et des textiles synthétiques, mais aussi des marquages routiers, des revêtements de bateaux, de la poussière urbaine ou encore des microparticules cosmétiques.
« Les plastiques dans l'océan ne sont pas uniquement constitués de déchets plastiques », avertit ainsi Inger Andersen, directrice de l'IUCN, dans un communiqué, tout en insistant sur le fait que « nous devons porter notre regard bien au-delà de la gestion des déchets si nous souhaitons nous attaquer au problème de la pollution des océans dans son ensemble. Nos activités quotidiennes, comme le lavage des vêtements et le développement de la voiture individuelle dans le monde, contribuent de manière significative à la pollution qui étouffe nos océans, avec des effets potentiellement désastreux sur la diversité de la vie en leur sein, ainsi que sur la santé humaine ».
Même si les microplastiques sont difficiles à détecter, ils peuvent nuire à la vie sauvage et, en s'introduisant dans les ressources d'eau et de nourriture, ils pourraient par ailleurs représenter un risque important pour la santé humaine. Karl Gustaf Lundin, à la tête du programme mondial marin et polaire de l'IUCN, reconnaît pour sa part que peu d'études ont été conduites à ce jour afin d'étudier l'impact des microparticules plastiques sur la santé humaine. Il a toutefois précisé à l'AFP que de telles particules sont assez petites pour traverser nos membranes et que pour cette raison, « nous devons faire l'hypothèse qu'elles peuvent probablement avoir un impact considérable ».
Pour cette raison, l'IUCN demande aux fabricants, de pneus et de vêtements en particulier, de modifier leurs méthodes de production et de fabriquer des produits moins polluants. Karl Lundin suggère par exemple aux fabricants textiles de cesser d'appliquer des revêtements plastiques sur les vêtements. Les fabricants de machines à laver pourraient par ailleurs installer des filtres capables de piéger les microparticules et même les nanoparticules.
De telles mesures semblent essentielles si l'on souhaite limiter les dommages, selon lui. Il a par ailleurs ajouté que la situation est particulièrement inquiétante dans l'Arctique – qui est par ailleurs la principale zone de pêche pour l'Europe et l'Amérique du Nord.
« Il semble que les microplastiques sont pris dans la glace marine et comme l'inclusion de particules modifie la température de fonte de la glace, cela signifie que la disparition de la glace marine est accélérée ». Karl Lundin a par ailleurs précisé que si la glace fond, du plancton est relâché, qui attire les poissons, ce qui permet aux plastiques « d'entrer directement dans la chaîne alimentaire ».
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