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11 févr. 2013
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Les "sapeurs" de Kinshasa commémorent la mort de leur fondateur

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AFP
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11 févr. 2013

KINSHASA, 10 fév 2013 (AFP) - Costumes de grands couturiers, chaussures anglaises, accessoires clinquants, improvisations hasardeuses, les membres de la "société des ambianceurs et des personnes élégantes" (SAPE) de République démocratique du Congo (RDC) commémoraient dimanche à Kinshasa leur fondateur Stervos Niarcos Ngashie, mort en 1995. Plusieurs dizaines de "sapeurs" sont groupés à l'entrée du cimetière de la Gombe, un quartier résidentiel de Kinshasa, rivalisant dans des habillements et des accessoires extravagants. La RDC, 68 millions d'habitants, dont 71% vivent avec moins d'un dollar par jour, est un des pays les plus pauvres du monde.

Extrait du livre S.A.P.E (Editions Intervalles). Photo: Hector Mediavilla / Picturetank


Un "sapeur" est vêtu d'une queue de pie, l'autre d'un costume anglais, italien ou français. Certains ont même improvisé une tenue en papier. Au fur et à mesure de l'arrivée de ces dandys des duels s'organisent devant une centaine de spectateurs. Le premier affiche avec ostentation une étiquette italienne à l’intérieur de sa veste. Un autre se fait remarquer en ôtant sa chaussure, dévoilant la marque d'origine. "Gucci bien signé" annonce l'un d'eux précisant qu'il ne s'agit pas d'un faux alors que l'autre élargit son pantalon et lance : "Issey Miyake".

Le groupe des "défenseurs de la sape" reste solidaire de son représentant, pourtant "enfoncé" par un concurrent, très applaudi, qui brandit une bouteille d'eau Jean-Paul Gaultier.

Bottes de cuir, vestes de fourrure par plus de 30°, lunettes siglées, montres couvertes de faux brillants, les uns et les autres se croisent avec une démarche chaloupée tout en s'apostrophant. Parfois l'un prend une pose figée tout en remontant son pantalon pour montrer ses chaussettes de laine ou se tenant le ventre pour exposer une boucle de ceinture.

Au fond du cimetière, la tombe de Niarcos, livrée aux mauvaises herbes n'attire pas grand-monde de peur d'érafler les chaussures sur les cailloux ou de perdre ses bretelles entre deux catafalques. Stervos Niarcos, né en 1952 à Kinshasa, est mort en 1995, à la prison française de Fresnes, prés de Paris où il était détenu pour une affaire de drogue.

Chemido Mpolo, 45 ans se souvient de lui. "C'était un prince" dit il dans son costume pied-de-poule, sa chemise à jabot, avec ses boutons de manchette et ses chaussures de golf. "Dans le ventre de ma mère j'étais déjà élégant" se vante-t-il auprès du journaliste avant de lui demander 5 dollars.

D'autres ont cousu deux vestes en s'arrangeant pour que deux personnes puissent les enfiler et marcher côte-à-côte. Un autre expose sous un manguier son attirail : veste Mugler, ceinture Dolce Gabbana, bottes Dockside. Les uns lèvent la jambe afin qu'on puisse apercevoir le sigle sur la semelle de leur chaussures, les autres s’empêtrent dans des kilts tombant aux chevilles. Ils claquent des talons pour attirer l'attention et montent sur les tombes pour être mieux vus.

Niarcos Bibele, 23 ans est maçon et "s'amuse" ainsi chaque dimanche avec ses amis. Suivi d'un petit frère qui porte une valise renfermant ses trésors, il se change au gré des inspirations. Ses habits, explique-t-il, viennent de fripiers qui importent au poids des vêtement usagers d'occident. Dés qu'il a un peu d'argent, il fouille dans les tas au marché jusqu'à ce qu'il trouve un trésor : une chemise ou un pantalon signé.

Par Pierre BRIAND

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