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9 déc. 2010
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Les spécialistes du technique dans le brouillard pour 2011

Publié le
9 déc. 2010


Bergans of Norway

Alors que la neige annonce une saison prometteuse en station, les fabricants, quant à eux, sont confrontés à une situation délicate. Un vent d’incertitude souffle, en effet, sur l’approvisionnement des textiles techniques et rafraîchit l’ensemble des acteurs du secteur.

La hausse des prix: l'effet domino
"En 2010, la tension a été forte, aussi bien sur le plan des matières premières qu’au niveau des relations avec les façonniers, qui n’ont pas tous l’habitude de gérer des moments difficiles", commente Fabrice Arbey, directeur France de Schöffel. L’augmentation du prix du coton a précipité l’arrivée de nouveaux entrants sur ce marché. Face à cette poussée, les prix ont flambé et les capacités de production se sont révélées limitées. Un vrai problème pour les marques de montagne et de mer qui capitalisent sur les qualités de ces produits. Les gammes les plus pointues sont directement concernées par la hausse des coûts de production en Asie.

"Nous avons déjà commencé à ressentir cette hausse, souligne Frédéric Basse, cofondateur de Rip Curl Europe. A l’extrême, certains produits techniques sont passés de 50 à 65 dollars en sortie d’usine, précise le manager. Il existe une réelle pénurie de faiseurs de qualité. En Chine, je pense que seules cinq usines sont capables de répondre à nos attentes. Mais le prix moyen augmente et, avec la forte demande du marché local, nous sommes confrontés à des incertitudes sur les délais de livraison. En plus, les difficultés de production vont être amplifiées avec la période du nouvel an chinois". A cette période, les usines chinoises comptent jusqu’à 50% d’absents parmi leurs ouvriers. Une vraie problématique pour Rip Curl qui, de par la situation géographique du groupe, produit 80% de ses produits en Chine.

Effets de la hausse des coûts de production en Chine
Face à cette situation, la recherche d’autres fournisseurs semble le lot de chaque industriel. "Il faut parvenir à naviguer parmi les prix tout en essayant de garder la même qualité. Mais on ressent clairement la montée en puissance de l’Asie qui guide les règles du jeu. Aujourd’hui, trouver des sources d’approvisionnement plus proches devient vraiment compliqué car la grande majorité de l’outillage nécessaire pour répondre aux besoins, a été délocalisée en Asie", commente Anne-Sophie Lebas chez Fusalp.
"Je pense que, dans les deux prochaines années, la Chine va perdre du poids dans le sourcing. L'Indonésie et le Vietnam se développent. Nous, nous réalisons les combinaisons en Thaïlande", ajoute Frédéric Basse.

Fusalp, spécialiste de la montagne, s’approvisionne à Taïwan et la tension existe déjà. "Entre l’augmentation du coût des matières, les problèmes de main-d’œuvre et l’application de normes écologiques qui incitent les usines à fermer leurs portes certains jours, nous assistons à un transfert des demandes des usines chinoises sur les fabricants de Taïwan", explique Anne-Sophie Lebas. Elle constate "une tension depuis 3-4 mois. La préoccupation principale, c’est que nous sommes confrontés à une avancée des collections. Dès lors, nous devons nous engager sur des volumes alors que nous n’avons pas de visibilité et il est très compliqué par la suite de réajuster les tissages. Au final les sociétés doivent choisir entre s’engager sur des volumes très importants ou risquer la rupture de stock sur des produits en ayant très peu de liberté pour se réapprovisionner".

Impact sur les prix boutique
Face à cette incertitude et à la hausse annoncée des coûts, une répercussion est prévisible sur les prix boutique. "De manière générale, nous allons avoir des entrées de gamme dans le même ordre de prix mais avec un choix moindre, estime Frédéric Basse. On va par contre assister à une hausse des tarifs dans le moyen de gamme. En ce qui concerne le technique, je pense que l’on aura, pour le même prix, des pièces avec moins de finitions". Une tendance confirmée par Anne-Sophie Lebas de chez Fusalp, "Tout le marché du technique et du synthétique va être concerné. Dès la prochaine saison hiver, les hausses en magasin pourraient atteindre les 10 à 15% sur certains produits". Les produits d’entrée de gamme devraient subir de plein fouet les répercussions de cette conjoncture. La question est également de savoir comment les détaillants et les consommateurs vont réagir. Les premiers pourraient choisir davantage d'entrées de gamme dans les collections de marque et les seconds se poser des questions sur cette nouvelle hausse. "Nous maintenons nos prix pour l’automne-hiver 2011/2012. C’est pour nous adapter aussi au marché français. La marque peut en effet gérer la hausse des coûts grâce à son marché domestique (La Norvège ndlr.) fort et plus élevé ", commente Claire Muzart en charge de la France chez Bergans of Norway.

Olivier Guyot avec Bruno Joly

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