Virgil Abloh, directeur artistique du prêt-à-porter masculin chez Louis Vuitton, a insisté à plusieurs reprises dans des interviews sur le fait qu'il n'est pas un créateur de mode. Une opinion qui lui a valu des éloges pour sa modestie, mais peut-être a-t-il raison, du moins partiellement ?
Le Roi de la Pop aurait adoré l'hommage, qui reprenait même les fameuses marches lumineuses du clip culte de « Billie Jean ». Juste au cas où vous n'auriez pas capté la référence, un gant brodé de cristaux Swarovski servait d'invitation.
« Il n'y a qu'un seul Louis Vuitton », affirme Virgil Abloh sur les invitations. Avant d'ajouter : « La vie de Michael Jackson est la seule véritable étude sur le rapport au vêtement d'un homme, depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte, documentée dans le monde entier ».
Preuve s'il en est de l'importance du défilé, l'empereur du luxe Bernard Arnault, président du géant français LVMH et donc grand patron de Louis Vuitton, s'est assis au premier rang avec ses deux fils aînés, Antoine et Alexandre. On ne peut que supposer ce que Monsieur Arnault a pensé de l'odeur envahissante de marijuana qui embaumait l'intérieur de l'immense tente, construite pour l'occasion au Jardin des Tuileries.
Cependant, si l'on peut se demander si Virgil Abloh est un véritable designer, on peut en tout cas assurer qu'il n'est pas un tailleur. La coupe et la silhouette des tailleurs présentaient bien peu de fantaisie.
Alors qu'un jeune homme en satin violet impérial imitait avec brio les mouvements de danse de Michael Jackson, notre attention a été retenue par plusieurs pièces accrocheuses : de remarquables plastrons monogrammés en cuir, une fabuleuse série de vêtements en patchwork, portés avec des sacs géants assortis. Mais pour une marque qui s'enorgueillit de proposer le summum de l'élégance en matière de voyages, il s'agissait d'une déclaration purement axée sur le sportswear...
Virgil Abloh a intitulé la collection, pour prolonger sa référence à Michael Jackson, « Sliding, Backwards, Slowly. » (« Glissant, à reculons, lentement. »). Mais l'invitation précisait seulement « Louis Vuitton », sans référence à la mode masculine. D'ailleurs, à la manière des révolutionnaires français qui ont renuméroté le calendrier national, faisant de la première année de la Révolution la première année d'une nouvelle ère, Virgil Abloh a baptisé ce défilé : « 2 » - ce nombre était d'ailleurs répété sur tous les sièges.
L'auteur de ces lignes a toujours essayé d'imaginer Michael Jackson en train de danser dans le Lower East Side, où il a passé cinq jours très heureux dans sa jeunesse - désormais, il en a une image plus précise.