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2 avr. 2013
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Luxe : les touristes moins nombreux dans les magasins

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2 avr. 2013

PARIS, 2 avril (Reuters) - A Paris, Milan ou Londres, la clientèle touristique se fait moins nombreuse dans les magasins de luxe, signe d'un possible tassement d'une demande qui a largement contribué à l'essor du secteur. Les grands noms du luxe pourraient commencer à souffrir d'une moindre frénésie d'achats en provenance d'Asie mais aussi d'une crise qui n'en finit pas en Europe. Dans 23 magasins visités par Reuters la semaine dernière à Paris, Milan et Londres, plus de la moitié des vendeurs avaient observé une baisse du trafic ces derniers mois. Certains ont évoqué un tassement provenant de la clientèle chinoise, d'autres des clients européens.

Chez Louis Vuitton, première marque mondiale de luxe, Gucci ou Christian Dior à Paris, Jimmy Choo ou Ermenegildo Zegna à Londres ou Valextra à Milan, l'affluence n'était plus la même. Après la fashion week d'octobre dernier, le soufflé est tombé. Nous avons moins de Chinois qu'auparavant et avec la clientèle locale, c'est plus difficile", commente une vendeuse chez Louis Vuitton. Chez Dior, on évoque aussi une moindre affluence de la clientèle étrangère, "surtout asiatique, depuis le mois d'octobre". Chez Gucci on parle de "nette baisse de fréquentation depuis le début de l'année". Mais aucune inflexion n'est notable, dit-on dans les boutiques Trussardi à Milan, Chanel, Lanvin ou ST Dupont à Paris.

Au Printemps Haussmann, les ventes du premier trimestre sont "en hausse" sur un an, a indiqué une porte-parole du grand magasin parisien, se refusant à préciser l'ampleur de la hausse. Les ventes réalisées avec la clientèle internationale, qui pèse pour 35% du total, progressent "dans les mêmes proportions".


Louis Vuitton a opéré des hausses de prix sur ses modèles en toile (photo PixelFormula)



La clientèle européenne inquiète

A l'approche de la publication de leurs chiffres d'affaires trimestriels, les groupes de luxe ne souhaitaient pas s'exprimer. Le froid qui a sévi en Europe ces dernières semaines a également joué, dit-on dans certains magasins, tandis que la remontée de l'euro face aux grandes devises et les augmentations de prix passées en début d'année par certaines marques rendent moins attractif l'écart de prix entre l'Asie ou l'Amérique latine et l'Europe.

Louis Vuitton a par exemple opéré d'importantes hausses sur ses modèles en toile enduite les plus vendus. Par ailleurs, les mesures "anti-corruption" du nouveau gouvernement chinois pourraient continuer de brider les appétits pour les cadeaux d'affaires. Enfin, les ventes réalisées auprès de la clientèle européenne semblent plus difficiles. "Ce qui nous inquiète, ce sont les clients européens qui sont de plus en plus sensibles aux prix", déclare, sous couvert d'anonymat, le responsable d'une grande maison française.

Hermès quant à lui évoque clairement un tassement des dépenses de la clientèle locale au premier trimestre. "Avec les mesures fiscales en France, il y a un appauvrissement des clients. La fréquentation a augmenté mais la dépense moyenne a un peu baissé", a reconnu son gérant, Patrick Thomas, commentant les résultats annuels du sellier. Andrea Buccellati, directeur artistique du joaillier italien Buccellati qui vient de céder 70% de son capital au fonds Clessidra, a lui aussi évoqué "plus de baisse en provenance de la clientèle locale que touristique".


Décélération

LVMH, PPR, Richemont (Cartier) ou Swatch réalisent encore environ 30% de leurs ventes en Europe, et la clientèle touristique compte pour environ la moitié des achats de produits de luxe réalisés sur le continent. Les touristes chinois, principaux moteurs de la croissance du luxe ces dernières années, comptent pour près d'un quart des dépenses détaxées, devant les Russes (19%) et les Japonais (4,5%), selon les chiffres de Global Blue. En France, leurs dépenses ont augmenté de 38% entre octobre 2012 et février 2013, une croissance qui reste solide mais qui fléchit par rapport aux 62% de la même période de l'année précédente.
En Italie, l'association professionnelle Confesercenti s'attendait à une baisse de 10% à 15% du tourisme étranger pour les fêtes de Pâques.
Fin mars, le maroquinier britannique Mulberry a lancé un avertissement sur ses résultats, invoquant une baisse d'achats touristiques qui avaient jusqu'ici permis de compenser les effets négatifs de la crise européenne.

par Pascale Denis et Astrid Wendlandt (Avec Lionel Laurent, Antonella Ciancio à Milan, Brenda Goh et Oxana Andrienko à Londres, édité par Dominique Rodriguez)

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