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27 juil. 2022
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LVMH ralentit sa course au premier semestre en raison de l’impact négatif de la Chine

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27 juil. 2022

LVMH réalise "un excellent début d’année", comme l’a déclaré le PDG Bernard Arnault à l’occasion de la publication des résultats semestriels. Mais les nuages s’accumulent, notamment en Chine, obligeant le numéro 1 mondial du luxe à rester prudent. D’autant que les strictes restrictions sanitaires pour contrer le Covid perdurent dans l’Empire du Milieu, où les ventes du groupe ont accusé une chute à deux chiffres sur le deuxième trimestre.


Le ciel pourrait s'assombrir pour le groupe de luxe - LVMH


Certes, LVMH peut s’enorgueillir de sa performance sur les six premiers mois de l’année avec des résultats supérieurs aux attentes, prouvant sa solidité face à une conjoncture compliquée et aux multiples adversités, de l’inflation aux tensions géopolitiques, en passant par les problèmes d’approvisionnement. Le groupe a enregistré au 30 juin un chiffre d’affaires de 36,7 milliards d’euros avec une hausse organique de 21%. Toutes les activités et toutes les régions, sauf l’Asie, ont réalisé une croissance organique à deux chiffres sur le semestre, pointe la société.

La division Mode & Maroquinerie a atteint notamment 18,1 milliards d’euros s'envolant de 31% (+24% de croissance organique) et un résultat opérationnel courant de 7,5 milliards d’euros (+33% à taux de change courant) avec une marge ressortant à 41,4% sur l’ensemble des ventes. Depuis qu’elle a intégré le portefeuille de LVMH, Dior contribue "de manière très significative" au résultat d’exploitation de la division, a souligné le directeur financier Jean-Jacques Guiony lors d’une téléconférence avec les analystes, en notant que "la plupart de nos maisons de mode atteignent maintenant un niveau de marge opérationnelle satisfaisant".

La hausse des prix de ventes, de l’ordre de 3 à 7%, appliquée par la plupart des marques du groupe en début d’année sur certains produits, a certainement aidé à obtenir cette rentabilité record, tout comme la diminution des prix d’entrée chez Louis Vuitton, par exemple, et un rééquilibrage dans l’offre des accessoires. Du point de vue des ventes, le dirigeant a indiqué que Louis Vuitton se situait "un peu en-dessous" de la hausse moyenne du pôle mode, et Dior "un peu au-dessus". Le groupe salue aussi le succès de Fendi, la grande progression du prêt-à-porter de Celine, ainsi que les belles performances de Loro Piana, Loewe, Marc Jacobs et le très bon accueil de la première collection de Nigo chez Kenzo.

Reste que la division phare du groupe a connu un coup de frein au deuxième trimestre 2022 avec une croissance organique de 19% par rapport à la même période un an plus tôt, contre +30% au premier trimestre. Un ralentissement dû essentiellement aux mauvais résultats en Chine, compensés en partie par les fortes progressions dans les autres régions. Du point de vue géographique, la compagnie voit l’ensemble de ses ventes ne progresser que de 1% sur les six premiers mois de l’année en Asie (hors Japon), qui représente 32% de son chiffre d'affaires total. Après avoir augmenté de 8% au premier trimestre, elles ont fléchi de 8% entre avril et juin. Et sur la seule Chine, qui pèse selon les analystes près de 20% sur le total de ses ventes, le chiffre d’affaires a dégringolé de plus de 10% selon Jean-Jacques Guiony.


Les ventes du groupe par région au 1er et au 2e trimestre - LVMH


"C’est douloureux, mais cela ne devrait pas durer, ou du moins tant que les restrictions sanitaires seront appliquées. Quand cela s’achèvera, nous sommes pleinement confiants en un retour à une forte demande, ce qui nous permettra de rebondir rapidement", estime-t-il. "Pour l’instant, il est trop tôt pour faire des prévisions. Nous avons constaté quelques progrès vers la fin du deuxième trimestre, mais rien de significatif. Nous attendons de voir comment cela va évoluer".

Normalisation sur la zone Grande Chine



Selon le manager, concernant la chaîne d’approvisionnement, la situation s’est normalisée en grande part en Chine, même si l’on ne peut pas parler d’un retour à la normale. Le trafic en magasin, en revanche, n’a guère repris, se situant en-dessous de son niveau de l’an dernier, alors que les ventes en ligne du groupe ont augmenté dans le pays sur le trimestre. "La situation est incertaine. Nous constatons une normalisation progressive de l’activité, mais en moyenne, nous sommes très loin par rapport au niveau l’année dernière", constate le directeur financier, qui compte sur un deuxième semestre plus dynamique surtout avec les fêtes de fin d’année. Et de rappeler que l’activité du duty-free a quasiment disparu en Asie avec la réduction du trafic aérien.

L’Europe, qui pèse 22% sur les ventes totales (dont 7% juste pour la France) termine le premier semestre sur les chapeaux de roues avec une hausse organique de 47%. "Au deuxième trimestre, les ventes se sont envolées à deux chiffres notamment en Allemagne, France, Royaume-Uni et Italie", glisse le dirigeant. La hausse du dollar a aussi poussé les touristes américains à dépenser plus en Europe. En Russie, le groupe, qui vient de vendre les activités de Sephora dans la région, a confirmé que ses autres activités restaient gelées, dans l’attente de voir l’évolution de la situation.
 
Au Japon, la hausse a été de 33% sur les six premiers mois de l'année. Aux Etats-Unis, représentant désormais 27% du chiffre d’affaires, la croissance organique s’affiche à +24%. La perspective d’une récession dans ce pays n’inquiète pas LVMH. "Nous ne sommes pas pessimistes quant à l'avenir. Notre rôle, ce n’est pas de faire des prévisions économiques, mais de planifier la croissance de l’entreprise. En cas de récession, nous saurons nous adapter en réduisant les coûts et les ouvertures, en réagissant rapidement comme nous l’avons toujours fait", conclut Jean-Jacques Guiony.
 

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